Vices et Excès en NBA

Chaque semaine, Clutch Time vous propose une immersion dans l’univers de la grande ligue. Entre phénomènes identitaires et tendances extra-sportives, votre média basket analyse le paysage culturel de la NBA.

“God Bless America”.  Les Etats-Unis sont une nation religieuse et puritaine, au moins en façade. Mais quid des dérives du Capitalisme, d’Hollywood, de Donald Trump, et de la NBA ? La première ligue sportive du pays brasse de l’argent et suscite la frénésie de ses fans. Des athlètes millionnaires dans la fleur de l’âge s’affrontent tous les soirs sous le feu des projecteurs.  Le vice et les excès liés à leur statut sont inévitables, pour le grand plaisir de la presse à scandale américaine. Face à la pression médiatique, comment les joueurs NBA gèrent-ils la tentation et les petits plaisirs de la vie liés à leur notoriété ? 

Andre Iguodala célébrant son titre avec les Warriors en 2017, source : Quora. 

Eat Good Play Good 

“TACOOO TUESDAAY”, c’est le hurlement de bonheur de Lebron James face à ses tacos. Sur le réseau social Instagram, le King célèbre une coutume initiée  par la diaspora mexicaine aux Etats-Unis. Chaque mardi soir, en famille, la tortilla est au menu. À jamais un business man, Lebron a désiré faire de son cri du cœur pour la nourriture latina une marque déposée. Le joueur entretient une relation ambiguë avec la “malbouffe” : rarement dans son assiette, souvent dans son porte-monnaie. Il détient une part du capital de la société Blaze Pizza et a fait la publicité des chaines MacDonald’s, Coca-Cola ou Dunkin’ Donuts durant sa carrière.

Lebron James fait pourtant attention à son régime alimentaire. Associé à une éthique de travail rigoureuse, son attachement à la nourriture saine explique sa longévité. En 2018, son manager Maverick Carter avait divulgué que l’enfant d’Akron  dépensait chaque année près de 1,5 millions de dollars pour préserver sa condition physique exemplaire. 

De nombreux joueurs emploient des chefs cuisiniers et diététiciens pour contrôler leur poids, car être gras en NBA semble rédhibitoire. En 2018, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) affirme que 39 % de la société américaine est obèse. Avec près de 15 000 établissements McDonald’s sur le territoire, le pays tient la culture du fast-food en religion. La tentation est forte durant la trêve estivale, et de nombreux joueurs en profitent pour croquer la vie, et le cheeseburger, à pleine dents.

Shaquille O’Neal, égérie pour une publicité du Fast-Food Slutty Vegan, à Atlanta. Source : Page Facebook de la chaine.

Les coachs NBA sont au diapason quant à la gestion de ces joueurs hédonistes. Être hors de forme par rapport aux standards de la ligue, c’est voir mathématiquement son temps de jeu sur le banc augmenter. Les kilos en trop induisent des performances athlétiques en baisse et une vulnérabilité aux blessures musculo-articulaires. 

Une NBA grossophobe ? Demandez à Nikola Jokic. Comme le Serbe, certains joueurs n’ont pas le physique standardisé de la grande ligue mais compensent avec un bagage technique supérieur. Il y a les faux lents et les phénomènes physiques dotés d’une génétique qui font oublier les kilos en trop. 

Le Alley-Oop stratosphérique de Zion Williamson la nuit du 2 février face aux Rockets. Revenu de blessure hors de forme, le rookie pèse 130 kilos pour 1.98m. Zion est le troisième joueur le plus lourd de la ligue.

Si les historiens de la NBA ne devaient relater qu’une performance XXL, ce serait sûrement la saison 2003-2004 de Shaquille O’Neal. Le pivot des Lakers pèse alors 165 kilos. Ce poids de forme ne l’empêche pas de jouer 67 matchs avec une ligne statistique de 21 points et 11 rebonds de moyenne. Shaq disposait d’une mobilité et d’une puissance incroyable pour un big men de son gabarit. 

Glen Davis, Olivier Miller … ou encore Serge Ibaka et son show culinaire sur Youtube ont prouvé qu’on peut allier amour du basket et de la gastronomie. En coulisses des parquets, d’autres addictions moins visibles peuvent séduire les joueurs de la ligue. 

La stupéfiante NBA

La NBA accueille des talents issus de toute classe sociale. Dans leur jeunesse, certains joueurs ont été confrontés à la drogue, symptomatique de la misère et la pauvreté dans les zones urbaines aux Etats-Unis. C’est le cas de Patrick Beverley, qui s’est confié cette année à ESPN et au journaliste Ohm Youngmisuk. Interrogé sur ses perspectives dans la vie s’il n’avait pu quitter la banlieue de Chicago pour devenir un sportif professionnel, le meneur des Clippers a donné une réponse aussi franche que radicale :

« J’aurais probablement été le meilleur vendeur de drogue du monde”. 

Source : Patrick Berverley pour ESPN, le 22 novembre 2019.

De nombreux joueurs ont ainsi évolué dans un environnement favorable à la possession et à la consommation de substances. La ligue a conscience de cette réalité et mène une politique sévère à l’encontre des stupéfiants, susceptibles de mettre en danger la santé de ses athlètes. Un accord a été signé avec l’association des joueurs dans le cadre de “L’Anti-Drugs Program”. 

Le site internet SportsReference.com rappelle la législation adoptée par la NBA pour le traitement de ce sujet. 

Les joueurs peuvent subir jusqu’à cinq tests d’urine aléatoires durant la saison. Ces tests concernent aussi bien les produits stéroïdes et autres hormones, que la cocaïne, le LSD ou la marijuana. Tous les joueurs sont susceptibles d’être contrôlés. Cependant, une vigilance particulière est accordée aux rookies, afin de les sensibiliser dès leurs premiers pas dans la ligue. En cas de test positif à la weed, le joueur intègre obligatoirement le programme de suivi des addictions de la ligue. Les sanctions sont ensuite croissantes selon la gravité de la situation et les éventuelles récidives. De quelques matchs de suspension et une amende de 25 000 dollars, elles peuvent aller jusqu’à un bannissement maximal de deux ans, imposé à Chris Andersen pour usage de drogues dures en 2006

Illustration de fan de Chris Andersen, alias Birdman,  sous les couleurs du Heat. Source : Clutchpoints.com

Ce suivi s’adapte aux besoins des athlètes et permet de prévenir les drames qui ont secoué toute la communauté sportive américaine, comme le décès par overdose du jeune Lens Bias, sélectionné en deuxième position de la draft 1986 par les Celtics.  Les grandes instances de la NBA veulent ainsi préserver leur image mais aussi assurer le bien-être de leurs premiers employés. 


De plus, malgré leur statut privilégié, les athlètes ne sont pas immunisés à la dépression. Une traversée du désert dans une carrière peut mener à l’alcoolisme. DeMar Derozan ou Kevin Love se sont engagés récemment au sein de la communauté NBA pour témoigner, prévenir et accompagner les joueurs qui subissent ce fardeau existentiel.

Durant la saison 1988-1989,  Chris Mullin, membre du triptyque offensif up tempo  “Run TMC”, a dû affronter son addiction pour l’alcool. Arrivé à Oakland chez les Warriors, l’arrière s’acclimate difficilement aux exigences de ce nouveau cadre, loin de son quartier natal de Brooklyn. Son refuge dans la boisson mine  son assiduité à l’entraînement. C’est son coach et mentor, Don Nelson qui l’incite à intégrer un programme de désintoxication. Le soutien dispensé en rehab permet à Mullin de retrouver un équilibre sur et en dehors des parquets. 

L’alcoolisme reste un problème aigu en NBA, notamment une fois les sneakers raccrochées. Dans la luxure, d’anciennes légendes finissent par dilapider tous leurs gains amassés en carrière. 

Sexual Healing

Avis aux âmes sensibles, ici commence le royaume de l’intime. Certes, la vie privée des joueurs ne nous regarde pas. Cependant, leurs frasques nous amusent, car elles jurent avec l’image que veut donner la NBA à son business. Les valeurs louables liées à la communauté, et à la famille sont régulièrement mises en scène autour d’acteurs du jeu exemplaires. 

Ne soyons cependant pas hypocrites. Une piqûre de rappel gossip ne peut pas faire de mal, surtout pour réduire la distance pouvant exister entre ces monstres sacrés du parquet et nous, simple fans. Les livres d’Histoire de la ligue regorgent d’anecdotes sur la libido de ses légendes. 

Wilt Chamberlain et ses 100 points en un match se targue de disposer d’un record encore plus rocambolesque. Dans sa biographie, A View From Above (1991), il affirme avoir couché avec plus de 20 000 femmes, soit “une moyenne de 1,2 par jour depuis ses quinze ans”. 

Légende du jeu, Dennis Rodman est adoré car c’est aussi un personnage haut en couleurs. Champion intercatégories, the Worm a la réputation de donner dans tous les vices. Nous ne nous attarderons aujourd’hui que sur ses exploits sous la couette.  Les hustle plays se déroulent aussi hors du temps réglementaire, et le numéro 91 des Bulls a affirmé s’être fracturé le sexe à trois reprises. Pour les plus curieux d’entre vous, les circonstances de ses mésaventures sont détaillées dans une interview que l’ex-petit ami de Carmen Electra et Madonna  a accordé au média VICE, en 2016.  

Récit des blessures légendaires de Dennis Rodman, produit et réalisé par le média VICELAND. Source : Youtube

Tempérons nos jugements. Certains joueurs évoluent dans des gros marchés et nombreux sont des athlètes millionnaires. A New-York, Miami ou  LA, difficile d’ignorer la fête qui sert d’exutoire à la tension accumulée durant la saison. Le très sérieux Sports Illustrated a ainsi publié une étude statistique sur James Harden, montrant que l’ex-MVP performait en moindre mesure lorsqu’il était en déplacement dans une ville réputée pour ses strip-clubs. 

Le 26 janvier 2020, une vidéo de Kawhi Leonard fuite sur Twitter. Le joueur des Clippers apparaît en club aux côtés d’une danseuse dénudée, lascive. Cette saison, le joueur est souvent préservé par sa franchise au nom d’un load management assumé, et l’extrait soulève la moquerie de certains fans. Kawhi semble disposer d’assez de vigueur pour évoluer sur les parquets. Si cette telle polémique amuse, elle humanise aussi the Claw, souvent perçu comme un tueur timide qui ne vit que pour le basket. 

La parenthèse gossip se referme. La NBA passionne par sa démesure qui induit des moments de faiblesse et des ragots de l’autre côté du rideau. Prenons conscience qu’il est difficile pour ces joueurs médiatisés de préserver leur vie privée, à l’écart des caméras. Les excès extra-sportifs des joueurs sont compréhensibles lorsqu’on réalise les sacrifices nécessaires à l’intégration  de cette ligue ultra-compétitive. Pour notre grand bonheur le vice est partout, même dans une NBA qui se veut si lisse et policée. 

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