le Carnet des Rookies 6.0: cette classe veut rentrer dans l’histoire

Écrit par Guillaume Gaborit, Illustration by @romain_sk_97

Chaque semaine Clutch Time vous propose un petit focus sur les rookies afin de faire le point sur les bonnes ou mauvaises performances des débutants.

Après une pause bien méritée pour le All-Star week-end, les affaires reprennent et nos rookies ne se sont pas relâchés. A croire que la pause a fait le plus grand bien pour plusieurs jeunes joueurs. Des lignes de statistiques historiques, du temps de jeu en hausse et une confiance regonflée à bloc. Voici ceux qui ont attiré notre attention depuis la reprise. (les statistiques sont arrêtées au 17/03/21, via NBA.com)


Course pour le R.O.Y. : Ils assurent le show !

Miles Bridges et LaMelo Ball se féliciant après un panier primé du rookie. (Photo by Jared C. Tilton/Getty Images)
LaMelo Ball, PG, Charlotte Hornets : 38m, 15.8pts, 6.0rds, 6.3pds

Le meneur des Hornets continue de grandir au sein d’une surprenante équipe des Hornets. Quatre victoires de rang, une place pour les Playoffs est envisageable, et le titre de R.O.Y qui lui tend les bras. Tous les voyants sont au vert, et ce n’est pas le retour de Devonte’ Graham qui devrait l’inquiéter, enfin, on l’espère… Justement, lors du retour de Graham, Ball n’a pas eu l’apport habituel en attaque (7pts mais 9pds), mais rassurez-vous, il assure toujours sa passe « highlights ». On retiendra néanmoins sa disparition lors du dernier quart-temps.

Tout sera oublié le match suivant lors de la victoire contre les Raptors avec une ligne de statistiques historique qui le place aux côtés de… Tenez-vous bien… Magic Johnson et Stephen Curry ! Avec 23 pts, 9rds, 6pds et un joli 6-9 de loin, le dernier de la fratrie Ball a encore plus cimenté sa place de favori pour le titre du rookie de l’année. Et pour le retour des fans lors de ce match, il n’a pas oublié de régaler

« C’était génial, c’est bien plus fun de jouer devant des fans, l’intensité monte d’un cran, ça fait une grosse différence. » 

LaMelo Ball après la rencontre contre Toronto

Le meneur a le don de jouer vite, d’aligner la passe parfaite avec son 3e œil pour le coéquipier démarqué, de surprendre de loin avec une mécanique de tir toujours aussi déroutante. Tous les ingrédients sont réunis pour passer une bonne soirée devant un match de Charlotte. Qui l’aurait cru.

Face aux Kings, Ball a légèrement levé le pied avec « seulement » 16pts en 25′. Pas en réussite de loin et son temps de jeu a été drastiquement amputé dans le dernier quart-temps. C’est d’ailleurs Devonte’ Graham qui a joué le money time. Affaire à suivre…

Anthony Edwards, SG, Minnesota Timberwolves : 40m, 16.2pts, 4.1rds, 2.5pds

Une semaine productive de la part du 1er choix de la classe. Trois matchs de suite au dessus des 20 points et un record personnel établit avec 34pts contre Portland. L’absence de D’Angelo Russell lui permet de prendre plus de tickets shoots mais la différence ces derniers temps, c’est que ça rentre ! Il remporte notamment le duel de 1st pick face à Zion Williamson. Avec 27pts en 37 minutes, le rookie utilise enfin son physique et ses qualités athlétiques pour résister au contact dans la raquette.

L’arrière qui avoue étudier le jeu de Dwyane Wade ne cesse d’attaquer le cercle avec parfois ce changement de direction version « zig-zag », un move utilisé bien des fois par la légende du Heat. Son premier pas est tel, qu’il n’a pas vraiment besoin de bien prendre l’écran de son intérieur, et il n’éprouve aucune peine à driver sur sa main faible (gauche).

Seul bémol, à cette allure, le rookie va finir par se blesser à force de charger une bonne dizaine de fois par match la raquette adverse et de provoquer le contact (et non l’absorber). Edwards devrait se méfier et peut-être moduler de temps en temps sa conduite afin de ne pas planter la voiture dans le fossé.

Dans la double confrontation face aux Blazers, il s’adjuge un total de 55 points sur les deux rencontres avec en plus, cette action candidate pour le dunk de l’année.

Comme évoqué plus haut, il plante 34pts sur la tête de Damian Lillard et Carmelo Anthony. Il ne manquera pas d’ailleurs d’usurper la célébration de Melo suite à un panier primé. Il faut avouer que le rookie s’est d’ailleurs beaucoup amusé face au vétéran lors de cette rencontre.


Premières titularisations et que du positif!

Aleksej Pokusevski bataillant avec la raquette des Grizzlies. Credit: Alonzo Adams-USA TODAY Sports
Aleksej Pokusevski, SF, Oklahoma City Thunder : 21m, 4.8pts, 4.4rds, 1.5pds

Nous avions évoqué le cas du français Théo Maledon titulaire au poste de meneur de jeu dans une équipe du Thunder qui n’a clairement pas des objectifs élevés cette année à part de développer au mieux les jeunes de l’équipe. Cette fois c’est au tour de « Poku » d’avoir droit à son paragraphe ! C’est face à Dallas que le serbe a connu sa première titularisation suite à l’absence de Darius Bazley, et en plus d’être reparti avec la victoire (Porzingis et Doncic étaient absents) le joueur de 19 ans s’est enfin illustré avec 14pts et 8rds en 28 minutes. Mieux ! Il a tiré ses premiers lancers-francs en NBA après 17 rencontres sans le moindre passage sur la ligne de réparation ! Sa mécanique de tir est pour le moins étonnante, et son style de jeu le fait passer pour un arrière alors que le garçon est mesuré à 2m13. On retient que lui et le français ont su combiner ensemble et les perspectives de jeu qui s’offrent pour le staff du Thunder sont intéressantes.

Si sa 2e titularisation est en revanche à oublier face aux Knicks (4pts et 0-6 de loin), Poku s’est illustré lors de la renversante victoire des siens face aux Grizzlies. Et une nouvelle entrée dans l’histoire de la ligue avec 23pts, 10rds, 4pds et 5 tirs primés, il est le plus jeune joueur de la ligue à obtenir de tels chiffres. Mais ce qu’il faut retenir c’est qu’il fait parti du lineup qui a ramené le Thunder dans le match pour ensuite passer devant. Mark Daigneault s’est même laissé aller en plaçant Poku en tant que meneur de jeu aux côtés de Kenrich Williams, Darius Miller, Isaiah Roby et Mike Muscala !

Un coup de chaud ? Une concentration aléatoire de la part de Memphis ? Le serbe présente néanmoins quelques carences en défense et doit se montrer plus solide au rebond. On est à deux doigts de considérer comme faute professionnelle le fait de se faire voler le ballon dans les airs par Kyle Anderson ! On va attendre les prochaines rencontres afin de voir comment les équipes vont contrer le géant serbe en se focalisant sur des mismatchs par exemple. Le plus dur est à venir pour Poku : confirmer.

Immanuel Quickley, G, New York Knicks : 37m, 12.8pts, 2.3rds, 2.4pds

Déçu de ne pas avoir été représenté dans l’équipe des USA du Rising Star Challenge (qui n’a pas eu lieu), le rookie des Knicks est prêt à en découdre pour la reprise. Remplaçant dans un premier temps, il ne cesse de rentabiliser au maximum ses minutes pour scorer dès qu’il en a l’opportunité : 15pts en 23 minutes dans la défaite à Milwaukee, 21pts en 33 minutes dans la victoire chez le Thunder. Il s’est d’ailleurs montré à son avantage avec son fameux floater et face au français Théo Maledon.

L’ancien de Kentucky est une menace constante en attaque, et ne cesse de provoquer les défenses adverses. Le staff du Thunder s’est même senti obligé de missionner son défenseur clé, Lu Dort, pour éteindre le rookie.

Alors que son temps de jeu était sur courant alternatif ces derniers mois, le rookie vient d’enchaîner deux matchs consécutifs au dessus des 30 minutes de jeu, et a connu sa toute première titularisation face aux Nets suite aux absences d’Elfrid Payton et Derrick Rose. Avec 21pts, IQ n’a pas été ridicule face au tandem Irving/Harden et a même été sur le terrain lors du money time.

S’il est loin d’être un pur meneur de jeu, d’être rassurant en défense, et s’il se montre trop souvent gourmand de loin (4/12), le rookie est au moins constant dans un domaine : chercher à scorer. Sur chaque possession, l’arrière est prêt à attaquer le cercle ou bien à dégainer de loin. Sa première titularisation est un signe encourageant pour la suite, espérons que le jeune joueur développe un minimum sa vision de jeu sur pick & roll pour voir son temps de jeu se stabiliser autour des 25 minutes de moyenne.


Ils ont eu leur record cette semaine !

Kenyon Martin Jr à la lutte avec Marcus Smart. via Skysport.com
Kenyon Martin Jr. PF, Houston Rockets : 11m, 7.2pts, 4.2rds, 0.9pd

Les Rockets sont embourbés dans une série bien noire de 17 défaites consécutives, et se retrouvent en compagnie des Timberwolves au fond de la conférence Ouest. Les dés sont joués pour cette saison, et c’est le moment de faire jouer les jeunes comme le fils de l’ancien N°1 de la draft 2000 Kenyon Martin. Après de bonnes sorties en G-League, le bondissant intérieur (évidement) vient d’enchaîner pour la première fois de sa carrière professionnelle quatre matchs avec plus de 28 minutes de temps de jeu et s’est permis de battre son record de points soir après soir. Dans un premier temps, il s’est offert 13 unités à Sacramento, mais on préfère retenir son instinct pour protéger le cercle, notamment face au naïf Buddy Hield.

Le lendemain, dans l’Utah, « KMJ » s’autorise 15pts face à Rudy Gobert, et le moins que l’on puisse dire, c’est que Martin (1m98) se moque clairement de la différence de taille et n’hésite pas à défier les géants de la ligue. Ses qualités athlétiques et son activité lui permettent de « matcher » ce différentiel, que se soit en défense ou en attaque.

Enfin, son match record a eu lieu lors de la venue des Celtics. La raquette de Boston étant très souple en défense, le joueur drafté en 52e position s’est défoulé avec 21pts, à contrebalancer avec le fait que 14 de ses points ont été inscrits lors du garbage time. Durant cette période, il a contré le géant Tacko Fall et a planté deux tirs primés ! A se demander si Houston ne planifie pas une nouvelle version du small ball de la belle époque avec Kevin Porter Jr. dans le rôle de James Harden et Kenyon Martin Jr. dans le rôle du small center. En tout cas c’est toujours un plaisir de voir ces jeunes joueurs se montrer, en espérant qu’il puisse aussi profiter du goût de la victoire dans les prochains jours.

Patrick Williams, F, Chicago Bulls : 37m, 9.9pts, 4.6rds, 1.3pds

L’apparition du rookie des Bulls dans ce carnet des rookies n’est liée qu’à son unique performance dans l’écrasante victoire contre les Raptors. Car avant cela, c’était plutôt voyage en enfer avec des sorties compliquées face aux leaders de la conférence les Sixers (4pts en 31 minutes) et contre le Heat du bouillant Jimmy Butler (3pts en 20 minutes). Heureusement que le coach des Bulls cette année s’appelle Billy Donovan. Profitant des retours en forme de plusieurs joueurs, le coach s’autorise quelques ajustements dans son cinq de départ. Exit : Coby White et Wendell Carter Jr., Welcome : Tomas Satoransky et Thaddeus Young. Et les changements ont été plus que profitables pour l’équipe (victoire +23) et pour notre rookie qui obtient son record de points en carrière avec 23 unités en seulement 26 minutes !

Le rookie a su parfaitement combiner avec le meneur tchèque Satoransky et le vétéran Thaddeus Young qui représente le joueur d’expérience idéal pour le jeune Williams. Le jeu offensif des Bulls s’est véritablement transformé, avec un ballon qui circule mieux, des joueurs qui savent jouer sans ballon et une solidarité défensive dont on était loin de soupçonner. Le N°4 de la dernière draft s’est montré agressif en attaque en multipliant les feintes de tirs afin de percer la défense. Espérons qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’un soir.

Jaden McDaniels, PF, Minnesota Timberwolves : 33m, 5.6pts, 3.3rds, 1.0pd

Loin d’être une saison tranquille dans le Minnesota, le jeune frère de Jalen s’est récemment montré lors de la belle victoire des siens chez les Pelicans. Avec 20 points, il obtient son record en carrière, grâce notamment à une belle adresse de loin : 4-5. On n’oubliera pas de mentionner ses 3 contres durant cette partie. Son envergure et son assiduité en défense lui permettent de gêner constamment les adversaires même pour effectuer une simple passe.

Des mains actives, un sens du contre et une capacité à artiller de loin, est-ce que les Wolves ont récupéré en 28e position de la draft 2020 un stretch five? Four ? Un peu maigre pour batailler dans la raquette et encore irrégulier en attaque et dans son tir, on va attendre de voir si coach Finch va continuer de lui accorder du temps de jeu (25.7′ sur les trois derniers matchs) dans les semaines à venir. Nul doute que l’on va se pencher de plus en plus sur ce jeune talent pour la suite de la saison.

Nathan Knight, PF, Atlanta Hawks : 13m, 4.7pts, 2.2rds, 0.3pd

Bon, je vous avoue que j’aurai préféré que ce soit l’intérieur que les Hawks ont choisi en 6e position de la dernière draft. Mais voilà qu’un intérieur non drafté de 23 ans vient de participer à son premier match au dessus des 20 minutes de temps de jeu. Face à Cleveland, il score 16 points avec un surprenant 9/10 aux lancers-francs sans oublier un tir primé dans le 3e quart-temps. Le gaucher s’est même permis de postériser Jarrett Allen. Et sinon, pendant ce temps là, Okongwu était en tenue civile pour ce match.

https://www.youtube.com/watch?v=pDKs_cX3F30

Pas la meilleure des périodes

Pas la joie chez Tyrese Haliburton après une défaite des Kings. via abc10sports
Tyrese Haliburton, G, Sacramento Kings : 33m, 12.5pts, 3.5rds, 5.2pds

Dur la reprise ! Absent pour quelques matchs avant le All-Star Break suite à une blessure aux mollets, le rookie a semblé avoir perdu sa vitesse, sa précision mais plus inquiétant, l’arrière de 21 ans a perdu la confiance et la joie qui l’animaient depuis le début de la saison. Le manque de rythme et l’accumulation des défaites ont affecté le moral de ce joueur perfectionniste. Depuis trois matchs, Haliburton ne tourne qu’à 5.7pts par rencontre. Son adresse est en berne, son impact défensif est toujours apprécié, mais au sein d’une équipe aussi mauvaise dans ce domaine, c’est un coup d’épée dans l’eau. Le joueur a même évoqué sa mauvaise période après la défaite contre les Hornets et son duel manqué face à LaMelo Ball (4pts en 28 minutes)

« J’ai été horrible. J’essaie de trouver une réponse, de retrouver mon rythme. Je jouais vraiment bien avant de me blesser. Je dois retrouver ce rythme mais je joue très mal en ce moment. Je dois mieux faire. »

Tyrese Haliburton après la défaite contre Charlotte

Un temps en course pour le ROY avec Ball, ce trophée lui semble hors de portée maintenant, mais il reste encore des matchs à jouer et nul doute que l’on va rapidement retrouver le Tyrese de la première partie de saison. Sacramento en a besoin.

James Wiseman, C, Golden State Warriors : 29m, 11.8pts, 6.0rds, 0.6pd

La reprise n’a pas démarré de la meilleure des manières pour le talentueux pivot. En oubliant de se faire tester, le N°2 de la draft s’est attiré les foudres de son coach Steve Kerr qui n’a pas manqué de punir son rookie pour son manque de professionnalisme en le privant des trois premiers quart-temps lors de la grosse défaite chez les Clippers.

« C’était en réaction à son test raté, ce qui l’a empêché de s’entraîner avec nous hier. Ça nous a mis mal. C’est pourquoi il n’a pas joué en première mi-temps »

Steve Kerr

Wiseman a pu jouer lors du garbage time et ce dernier avait des fourmis dans les jambes puisqu’il s’est démené avec 14pts en seulement 12 minutes. C’est simple, dès qu’il a le ballon dans les mains, c’est pour ensuite tirer, et il faut avouer que les comparaisons avec Chris Bosh ne sont pas totalement injustifiées.

Seulement 23 minutes et 16pts dans la belle victoire contre Utah. Le pivot a passé sa soirée à batailler avec les mismatchs organisés par le Jazz : Donovan Mitchell, Jordan Clarkson et Mike Conley. Les arrières du Jazz n’ont cessé de le cibler, et le meneur Conley a su en profiter. Wiseman est ensuite sorti à 6′ de la fin du match.

Enfin, pour ne rien arranger, le match suivant s’est déroulé contre les Lakers. Résultat, une grosse défaite, 7 points en 28 minutes et 6 fautes. Pour la petite histoire, c’est lui qui réceptionne la passe décisive de Stephen Curry pour la première place au classement All-Time de la franchise Il y aura de meilleures semaines.


10 autres élèves à surveiller :

  • Saddiq Bey, SF, Detroit Pistons : 37m, 10pts, 3.9rds, 1.1pds
  • Jae’Sean Tate, SF, Houston Rockets : 38m, 10.3pts, 5.3rds, 1.7pds
  • Desmond Bane, SG, Memphis Grizzlies : 32m, 9.5pts, 2.8rds, 1.3pds
  • Théo Maledon, PG, Oklahoma City Thunder : 34m, 7.9pts, 3.1rds, 3.4pds
  • Isaac Okoro, SF, Cleveland Cavaliers : 34m, 7.9pts, 2.7rds, 1.8pds
  • Payton Pritchard, PG, Boston Celtics : 33m, 7.1pts, 2.1rds, 2.3pds
  • Xavier Tillman Sr, PF, Memphis Grizzlies : 31m, 6.6pts, 4.3rds, 1.5pds
  • Mason Jones, SG, Houston Rockets: 25m, 5.8pts, 1.8rds, 1.4pds
  • Isaiah Stewart, C, Detroit Pistons : 37m, 5.7pts, 5.9rds, 0.8pd
  • Kira Lewis Jr., PG, New Orleans Pelicans : 25m, 5.6pts, 1.0rd, 1.9pds

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