Comment forcer son trade: 5 options à votre disposition

Voilà déjà plusieurs jours que le MVP 2018 des Rockets fait parler de lui. James Harden, qui avait demandé un trade deux jours avant la Draft 2020 en novembre dernier, ne s’est toujours pas entraîné avec son équipe, et n’aurait pas encore eu de franches discussions avec son nouveau coach Stephen Silas. Ses passages dans des soirées à Atlanta et à Las Vegas en plein cœur de la pandémie marquent une nouvelle « façon » d’exprimer son souhait de quitter l’organisation texane. D’autres stars ont elles aussi manifesté leur désaccord avec leur franchise. Voici cinq cas marquants de ces dernières années. Quel est le style qui vous conviendrait le mieux ?


Les demandes de transferts des stars NBA ne datent pas d’hier. Wilt Chamberlain à la fin des années 60, Kareem Abdul-Jabbar et Julius Erving dans les années 70, Moses Malone dans les années 80, Shawn Kemp et Charles Barkley dans les années 90, T-Mac et Vince Carter dans les années 2000… Et ce phénomène a pris de l’ampleur au cours de la dernière décennie: Carmelo Anthony, Deron Williams, Chris Paul, Dwight Howard, Kyrie Irving, Jimmy Butler, Kawhi Leonard, Anthony Davis, Paul George, Russell Westbrook …

Toutes ces stars mécontentes accentuent l’intérêt porté à la Trade Deadline et à la Free Agency. Cette tendance marque également la prise en main des joueurs NBA sur leur carrière, qui n’hésitent pas à tout mettre en œuvre pour forcer la main aux GM afin d’accéder le plus rapidement possible à leur requête. Pour preuves, voici cinq situations étranges qui ont marqué la ligue ces trois dernières années.


Kyrie Irving sur le banc de touche des Cavaliers. Credit: David Richard-USA TODAY Sports

Option 1, Kyrie Irving: Si vous ne me tradez pas, je passe sur le billard juste avant le début de la saison

Juillet 2017, quelques semaines après les Finales perdues contre les Warriors (1v-4d), Kyrie Irving dévoile publiquement ses envies d’ailleurs. Le journaliste d’ESPN, Brian Windhorst évoque un Kyrie fatigué de devoir partager la gonfle avec LeBron James, et souhaiterait être LE joueur d’une franchise. De plus, l’insider confirme que Cleveland travaillait en fait depuis déjà plusieurs semaines sur ce dossier, avec des discussions avec les Knicks (qui ne voulaient pas lâcher Porzingis) et les Suns (qui ne voulaient pas lâcher Josh Jackson…oups).

Seulement voilà, l’ancien n°1 de la draft 2011 n’est pas du genre à se laisser duper sans contrer les plans de la franchise. Alors qu’il a annoncé sa demande de trade publiquement, le Front Office s’inquiète alors de la chute de sa valeur sur le marché.

« Des sources ont déclaré à ESPN que les Cavaliers étaient inquiets que la demande d’Irving ait été rendue publique, estimant que cela pourrait affecter sa valeur commerciale. »

Brian Windhorst

Classique.

Mais, ce qui vaut le détour dans cette histoire, on l’apprend bien après son trade à Boston en août 2017. C’est en plein hiver 2018, que Joe Vardon de Cleveland.com dévoile que le meneur All-Star a joué la carte de l’opération pour pousser le néo GM Koby Altman a passé à l’action. C’est simple, si Cleveland avait cherché à le retenir, Irving envisageait de passer sur le billard pour soigner son genou droit (douloureux depuis les Finales 2015) et ainsi mettre en parenthèse la saison 2017-2018 et empêcher toutes tentatives de recoller les morceaux de la part de ses (ex)dirigeants.

Classe.


SHENZHEN, CHINA – OCTOBER 04: Le coach Tom Thibodeau aux côtés de Jimmy Butler lors d’un practice sans accroc. (Photo by Zhong Zhi/Getty Images)

Option 2, Jimmy Butler: Tradez moi, ou bien je décapite vos chouchous surpayés!

Avec une seule saison sous la tunique des Wolves, Jimmy Butler prévient Tom Thibodeau, à la fois président et coach de la franchise, qu’il fera ses valises à la fin de la saison. Il demande donc simplement à être tradé, à une semaine du training camp… Au début, Thibs pense à tort pouvoir le faire changer d’avis en se remémorant les bons moments passés ensemble à Chicago. Oui mais voilà, Butler n’est clairement pas convaincu par cette équipe drivée par des jeunes loups aux dents de brebis.

Les jours passent et les rumeurs s’entassent, et voilà que Minnesota offre une extension de contrat de 5 ans et 147.7M$ pour Andrew Wiggins, et il se murmure déjà que Karl-Anthony Towns recevra un contrat Max en 2018. Pendant ce temps là, Thibodeau se montre trop gourmand en affaire et n’arrive pas à un accord avec Pat Riley et le Heat. C’en est trop pour Butler, qui décide de montrer son mécontentement de la manière la plus expressive et physique possible lors d’un banal practice, qui rentrera dans la légende. Accompagné des remplaçants, Butler détruit physiquement et verbalement l’équipe des titulaires et les stars Wiggins et Towns. Déçu de ne pas être déjà en Floride, il se montre également très vocal, et n’hésite pas à beugler sur le GM Scott Layden et évidemment, sur Thibodeau.

Lors d’une interview avec Rachel Nichols, il reconnait volontier ce qu’il s’est raconté autour de ce fameux practice:

« C’est vrai en grande partie. Je n’ai pas joué au basket depuis si longtemps. Je suis tellement passionné. Je ne le fais pas pour une raison quelconque, mais pour la compétition. Toutes mes émotions sont sorties en une seule fois. Était-ce la bonne façon? Non! Mais je ne peux contrôler ça quand je suis en compétition. »

Jimmy Butler sur ESPN

Afin d’éviter de traumatiser à nouveau les jeunes Wovles, Thibodeau s’est résolu à se séparer de sa star en l’envoyant à Philadelphie en échange de Robert Covington, Dario Saric et Jerryd Bayless le 12 novembre 2018, soit près deux mois après la demande de trade de Butler.


Kawhi Leonard aux côtés de Patty Mills sur le banc de touche des Spurs. Soobum Im-USA TODAY Sports

Option 3, Kawhi Leonard: Désolé mon téléphone était en mode silencieux cette saison, par contre vous pouvez me trader à LA?

Les fans des Spurs vous le dirtont… Ils maudissent le jour ou le pied de Kawhi a rencontré celui de Zaza Pachulia un soir de Playoffs en 2017. Les Spurs menaient de 21 points dans le 3e quart-temps face aux futurs champions. C’est à ce moment précis que la carrière de Kawhi sous le maillot texan à pris du plomb dans l’aile. Cette blessure à la cheville est le point de départ d’une série de DNP pour la saison qui suit. En septembre 2018, sa blessure aux quadriceps est révélée et semble bien sérieuse.

Néanmoins, les Spurs et leur coach Greg Popovich montrent petit à petit des signes d’impatience quant à un éventuel retour de leur ailier vedette.

« Il se remet juste plus lentement, pour une raison quelconque. »

Greg Popovich

Leonard effectua ses débuts le 12 décembre 2017 et…. termina sa saison un mois plus tard pour un total de 9 matchs joués. Les Spurs doivent publier un communiqué expliquant que leur star sera out indéfiniment. Le problème, c’est que Kawhi s’envole pour New York pour obtenir l’avis de spécialistes. Kawhi veut mener sa rééducation à sa manière sans collaborer avec sa franchise, et sans surprise, cela pose problème et comme le révèle Woj, des tensions naissent entre les deux camps.

Les Spurs organisèrent une réunion courant mars. Selon ESPN, l’ambiance fut pour le moins tendue. L’équipe pointa du doigt l’absence plus ou moins justifiée de l’ailier All-Star. Plus tard, Greg Popovich et Manu Ginobili affirment devant les médias que l’on ne verra pas le MVP des Finales 2014 en tenue cette saison. Tandis que Tony Parker rajoute de l’huile sur le feu en déclarant que sa blessure aux quadriceps était bien plus grave et qu’il s’en était remis bien plus vite. La goutte d’eau.

Après toute une saison marquée par un manque de communication et de compréhension entre les deux parties, (et sûrement avec l’appui du fameux oncle de Kawhi), l’ailier ne souhaite plus discuter avec les Spurs et annonce en juin qu’il veut être tradé. Originaire de Californie, sa préférence irait aux Lakers et aux Clippers, vous pensez bien que Popovich et Bufford ne vont pas lui faire de fleurs et décident donc de l’envoyer à l’extrême opposé de Los Angeles en ce qui concerne le climat : Toronto. Vous connaissez la suite.


Anthony Davis en tenue de civil parmi ces coéquipiers à New Orleans. Crédit: Gerald Herbert/Associated Press

Option 4, Anthony Davis: Je vous propose de ne plus me faire jouer le temps de faire affaire avec les Lakers.

Janvier 2018, après avoir atteint les demi-finales de conférence la saison précédente, les Pelicans retombent dans la médiocrité en saison régulière, et la star Anthony Davis est absente pour plusieurs matchs pour soigner sa blessure à l’index. C’est donc dans ce contexte que son agent, l’incontournable Rich Paul, déclare que son joueur ne signera pas d’extension de contrat et qu’il souhaite être tradé le plus rapidement possible. Au beau milieu de la saison, et à un an et demi de la fin de son contrat. Inutile de vous dire que les fans des Pelicans l’ont eu mauvaise.

Une étrange situation à gérer pour deux franchises. Tout d’abord les Pelicans, évidemment, lorsque « The Unibrow » quitte la salle des Pelicans sans prévenir son coach Alvin Gentry, lors d’un match contre le Thunder. Seul le GM du moment, Dell Demps, est au courant. Et le pauvre Gentry qui se retrouva seul face aux caméras après la rencontre sans savoir où se trouvait sa star. Au final, les Pelicans vont virer Demps qui était en pleine négociation avec les Lakers. L’organisation décida également de ne faire jouer AD que quelques minutes par match et d’attendre la fin de la saison pour l’échanger.

Les Lakers ont également souffert de cette situation. Les jeunes Ingram, Ball, Kuzma et Hart sont affectés par toutes ces rumeurs de trade, et selon Rajon Rondo, des vétérans ont été également impactés. Même dysfonctionnement au niveau du FO. Alors que New Orleans préfère collaborer avec Magic Johnson, ce dernier insinue que son collègue Rob Pelinka manigance dans son dos, ce qui provoquera le départ surprise de la légende des Lakers en toute fin de saison. Bilan de cette demande de trade : deux licenciements, des joueurs touchés moralement et deux franchises à l’avenir incertain.

Et puis le miracle eu lieu ! La loterie offre le premier choix de draft 2019 aux Pelicans, ainsi que le 4e choix aux Lakers. Une énorme surprise qui va considérablement faciliter les choses pour effectuer le deal. Davis verra son vœu exhaussé et se retrouvera aux Lakers, tandis que les Pelicans, pas mécontents, récupèreront les jeunes Ball, Ingram et Hart mais surtout le phénomène Zion lors de la draft 2019.


James Harden durant la « Bubble » – Getty Images via Sportingnews.com

Option 5, James Harden: Je ne suis toujours pas tradé? Ok je reviens, je dois me rendre à Las Vegas.

Près d’un mois après sa demande de trade, James Harden est, pour le moment, toujours un Rocket. Oui mais, après avoir vu son pote Russell Westbrook partir à Washington en échange de John Wall, le barbu est toujours décidé à partir, pire, il s’est permis de zapper la reprise des entraînements. Pas la meilleure façon de montrer l’exemple quand on est le joueur le mieux payé de l’équipe, mais là n’est pas la question. La partie qui fait grincer les dents, c’est que le MVP 2018 s’est délibérément montré à des soirées à Atlanta puis à Las Vegas, en plein cœur de la pandémie, sans masque tout en sachant pertinemment qu’il ne respectait pas les consignes données par la NBA pour assurer une reprise convenable de la saison.

Vous avez donc des superstars mécontentes qui utilisent la carte de la blessure pour ne pas jouer (Kyrie Irving, Anthony Davis et même Scottie Pippen en 1997), et voilà une toute nouvelle technique en maximisant ses chances d’être positif au Covid19 afin de retarder son retour au sein de l’équipe. Le barbu ne se lance pas dans des quotes piquantes à l’encontre de la franchise qui l’a placé au sommet et qui n’a cessé de céder à ses requêtes. Non, il préfère snober son employeur ainsi que son tout nouveau coach Stephen Silas. Le pauvre Silas qui attendait ce poste de Head Coach depuis tant d’années, et le voilà qu’il se retrouve dans une situation invivable avec son franchise player qui veut partir à tout prix.

Le protocole mis en place par la NBA obligent les équipes à faire passer six tests Covid19 aux joueurs avec un résultat négatif à chaque fois. Déjà arrivé en retard à Houston, cela ne fait qu’accentuer le délais d’attente. Après les départ du coach Mike D’Antoni, et du GM Daryl Morey, Harden ne semble pas vouloir se retrouver avec un propriétaire qui fait débat, ni enclin à discuter avec coach Silas. Une situation délicate et qui doit rendre nerveux toute une génération de fans des Rockets qui ont pourtant défendu corps et âme leur chouchou tout au long de sa carrière. Si cela peut les rassurer, une autre star des Rockets avait demandé à partir en 1992 : Hakeem Olajuwon. Pas sûr que ce coup-ci cette histoire se termine par un happy ending.


Les demandes de trade des superstars font partie de l’histoire de la NBA. Certaines demandes n’ont pas abouti et le résultat a été plus que satisfaisant pour certains joueurs (Hakeem Olajuwon, Scottie Pippen, Kobe Bryant). Mais ces cas sont rares. Il est en effet très compliqué de recoller les morceaux avec une star mécontente, et il faut avouer que ces situations sont de plus en plus fréquentes, et de plus en plus difficiles à gérer. Il n’en demeure pas moins que pour les cas évoqués dans cet article, les joueurs s’en sont plutôt bien sortis en ayant eu le sentiment de prendre leur destin en main. Et vous quelle technique vous ressemble le plus ?

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