À moins d’un an des Jeux Olympiques de Tokyo, ClutchTime vous propose, à travers une série d’articles, de revenir sur des grands moments de basket à jamais gravés dans l’histoire des jeux.
Un jour aux jeux de Rome est née la véritable première Dream Team américaine de l’histoire
Petite escapade aux Jeux de Rome
Les 18ème Jeux Olympiques qui se déroulent à Rome, marquent un tournant dans l’histoire du sport en devenant les premiers jeux retransmis en direct à l’international. Mais les jeux olympiques de Rome passeront à la postérité avant tout sur le plan sportif grâce à des exploits devenus légendaires. En boxe, Mohamed Ali, qui n’est encore que Cassius Clay, remportera la médaille d’or des poids lourds à seulement 18 ans, l’éthiopien Abebe Bikila courra pieds nus le marathon olympique ramenant au passage, sa première médaille olympique à l’Éthiopie (en or) et établissant un nouveau record du monde de la discipline. Enfin l’américaine Wilma Rudoplh fera une razzia sur les épreuves de sprint féminins d’athlétisme (100m, 200m et relais 4×100). Mais ce qui nous intéresse plus particulièrement lors de ces jeux d’été, c’est le sacre des États-Unis dans le tournoi de basket, glanant leur 5ème médaille d’or en autant d’éditions depuis que la discipline a fait son entrée au programme olympique. Un beau clin d’œil à la première médaille d’or récoltée quelques mois plus tôt par l’équipe de hockey sur glace américaine face à l’Union Soviétique, lors des Jeux d’hiver de Squaw Valley (USA).
Invictus Team USA
Cette sélection américaine n’a rien de comparable avec les équipes contemporaines auxquelles nous sommes habitués depuis plusieurs années. Lors des jeux de Rome, l’histoire nous plonge trente ans avant l’ère de la Team USA made in NBA. Aucun joueur professionnel, aucun grand nom du basket américain ne prend part à ce tournoi depuis sa création. En raison du niveau et du savoir-faire américain pour la balle orange, la sélection olympique s’effectue depuis 1936 par l’Amateur Athletic Union (AAU) qui régit le sport aux États-Unis, sur la base d’un vivier de joueurs universitaires (et/ou amateurs) extraordinaire, amenés, pour les plus talentueux d’entre eux, à devenir de futurs basketteurs professionnels. Suffisant néanmoins pour rafler, haut la main, l’ensemble des titres olympiques mis en jeu depuis la création du Tournoi. Plusieurs pionniers de la NBA et plus généralement du basket américain sont passés, le temps d’un été, par cette case olympique. L’équipe médaillée d’or de 1956 (Melbourne) compte par exemple dans ses rangs le duo légendaire des Celtics, Bill Russell et K.C Jones, tous deux au Hall of Fame.
Présentation de la cuvée « universitaire » de 1960
Juillet – Août 1960, quelques mois avant le début des jeux, alors que le sélectionneur et les dirigeants de l’AAU s’écharpent sur la sélection à venir, une présélection de jeunes joueurs universitaires va écraser en matchs de préparations les équipes de NIBL (National Industrial Basketball League) des Akron Goodyear Wingfoots, Phillips 66ers et des Peoria Caterpillars. En dépit de ces performances, l’AAU oblige le coach de l’université de San Francisco, Pete Newell, à sélectionner plusieurs joueurs amateurs, se privant au passage du champion universitaire d’Ohio State, John Havlicek ou encore de l’ailier Tom Sanders (New York) et du meneur Lenny Wilkens (Providence). Seulement trois joueurs (J.West, A.Smith et O.Robertson) ont déjà joué ensemble auparavant pour la sélection américaine, à l’occasion des Jeux Panaméricains de 1959 (victoire des États-Unis)
Un Coach
Pete Newell, coach de l’Université de Californie, (Hall of Famer NBA & NCAA) est désigné pour diriger la sélection américaine de basket pour préparer les Jeux de Rome. Vainqueur en 1959 et finaliste en 1960 du tournoi de basket universitaire américain (NCAA), l’entraîneur de 45 ans se lance un tout autre défi en prenant les rênes de la Team USA. Il décide de s’entourer de Warren Womble, coach de l’équipe amateur des Peoria Caterpillars (NIBL) et prédécesseur de Newell aux Jeux d’Helsinki (1952). Le préparateur physique de l’équipe de football américain et le manager des Kansas Jayhawks, Dean Nesmith et Arthur Lonborg viennent également se greffer au staff technique américain.
Un Meneur de jeu
Premier Hall of Famer de cette cuvée, Oscar Palmer Robertson, dit « Big O » ou « Mr. Triple Double », est un meneur de jeu à la vision et à la technique en avance sur son époque. Le droitier, originaire de Charlotte, va effectuer son cursus collégial à l’université de Cincinnati (un présage) pour terminer, l’année de ses 21 ans, meilleur joueur universitaire de l’année selon la presse américaine et l’association des joueurs. Impossible de se tromper sur ce génie de la balle orange qui tourne à près de 34pts, 15rbd et 7ast par match depuis trois ans en NCAA (sans jamais remporter le titre). C’est donc avec une réputation déjà toute faite que le jeune meneur d’1m96 va mener le jeu de l’équipe des USA des Jeux de 1960. La carrière NBA de Oscar Robertson est en tout point similaire. Douze fois All-Star, onze fois All-NBA, Champion en 1971 (Bucks), MVP 1964, trois fois MVP du All-Star Game et Rookie de l’année 1961. « Ozzie » est considéré à juste titre comme le meneur le plus talentueux des années soixante, détenteur du record de triples doubles en carrière (181), et seul joueur à avoir terminé une saison en triple double de moyenne (1961-1962) au XXème siècle. Une régularité exceptionnelle, durant quatorze saisons à 26pts, 9.5ast et 7.5rbd de moyenne.
Un Capitaine
Jerry West a le physique du gendre idéal, souriant et avenant. Le staff américain ne s’y trompe pas en le désignant co-capitaine de Team USA. Au sortir de sa dernière année senior de l’université de West Virginia, le jeune arrière tourne à plus de 29pts, 16.5rbd et 4ast par match et terminera à la troisième place de la conférence régionale (East). Le MOP finaliste malheureux de 1959, et futur Hall of Famer NBA, veut se montrer à la hauteur des attentes placées en lui. Son profil de « Swingman » élégant et technique, doublé d’une finition chirurgicale au tir et d’une défense agressive, vont lui permettre de s’installer définitivement dans le débat des plus grands joueurs All-Time de son sport. Avec quatorze sélections au ASG (MVP en 1972), une bague de champion (1971-1972), un titre de MVP des Finales 1969. Douze fois All-NBA, cinq fois dans le cinq défensif, notre ami « Zeke From Cabin Creek » bénéficie encore aujourd’hui d’un capital sympathie immense de la part de joueurs, entraîneurs et dirigeants qui l’ont côtoyé de près ou de loin. Avec près de 930 matchs au compteur, pour 27pts, 6rbd et 6.5ast de moyenne en carrière (actuel détenteur du nombre de points total inscrits en Finale NBA), Jerry West brillera autant sur les parquet qu’en coulisse en tant que general manager de sa franchise mythique des Lakers puis aux Warriors (huit titres de champions NBA entre 1980 et 2017). On ne devient pas « The Logo » pour rien.
Un Big man
Jerry Lucas est l’intérieur américain titulaire lors de ces jeux, et ni plus ni moins que le futur Hall of Famer et coéquipier du Big O aux Cincinnati Royals. Champion universitaire avec Ohio State, le jeune sophomore se retrouve seul représentant de la promo 1959-1960 de l’université, parmis lesquels John Havlicek et Larry Siegfried ont également brillé. Auteur de 26pts et 16rbds de moyenne dans la conférence Big Ten, Jerry Lucas sera désigné par les observateurs MOP du tournoi universitaire (24pts et 16rbd) notamment grâce à d’énormes performances face à Western Kentucky et Georgia Tech. Mais Jerry Lucas pour d’autres c’est aussi le Hall of Famer et fidèle lieutenant du Big O, sept fois All-star, champion NBA en 1973 (sous le maillot des Knicks), Rookie de l’année 1964, élu cinq fois dans le All-NBA Team. Avec près de douze saisons au compteur, ponctuées de plusieurs finales de conférence et de moyenne en carrière honorable (17pts, 15.6rbd, 3ast) Jerry Lucas vit aujourd’hui à Compton (Californie) et intervient encore, grâce à son aura, dans des programmes d’éducation pour les jeunes.
Un Remplaçant
Walter « Walt » Bellamy, (décédé), jeune Pivot de 2m11, futur Hall of Famer, n’est qu’en deuxième année junior à l’université d’Indiana. Tournant à 22.5pts et 13.5 rbd par match, et parvenant à amener les Hoosiers à la 2ème place de conférence Big Ten, derrière le futur champion, Ohio State, ses performances retiennent l’attention des scouts NBA et plus particulièrement celui du staff de la Team USA. Walt, qui n’a encore que 20 ans, sera sélectionné en backup de Jerry Lucas durant l’été 1960. Très peu de personne s’imaginent alors quel joueur il va devenir par la suite. Lors de sa saison de Rookie 1961-62 sous le maillot des Chicago Packers, Walt Bellamy termine à 31.6pts et 19rbd par match, s’octroyant, haut la main, le titre de Rookie de l’année. Des performances ahurissantes qu’il va conserver pendant quatre saisons durant lesquelles il sera All-star. Malgré une longévité certaine, ses performances finissent par s’estomper laissant tout de même l’image d’un intérieur dominant jusque dans les années 70.
Un Roster
Le reste de l’équipe se compose entre autre de trois jeunes joueurs universitaires. Le pivot Darrall Imhoff, All-star en (1966-67), coéquipier de West aux Lakers pendant plusieurs saisons, jouera treize ans en NBA. Ce même Darrall Imhoff, fidèle de Pete Newell, qui offrira le titre en 1959 à l’université de Californie face à… Jerry West. L’ailier scoreur Terry Dischinger de l’université de Purdue connaîtra trois sélections All-star (chez les Chicago Zephyrs, Baltimore Bullets et Detroit Pistons) récompensé du titre de ROY (1962-63). Enfin le moins connu des trois, Jay Arnette (Texas), arrière des Cincinnati Royals jouera moins de trois saisons en NBA.
Ainsi que cinq joueurs de l’AAU. Bob Boozer (Peoria Caterpillars) de Kansas State, qui a repoussé sa carrière NBA pour faire les jeux, connaîtra une sélection All-Star (1967-68) avec les Chicago Bulls. Adrian Smith, champion universitaire 1958 avec l’université de Kentucky, meneur – arrière très adroit de la Navy qui s’ouvrira les portes de la grande ligue d’abord chez les Cincinnati Royals puis les Warriors de Philadelphie. Burdette Haldorson (Phillips Oilers, Université de Colorado) déjà médaillé d’or aux jeux de Melbourne. Lester Lane (Wichita Vickers), sélectionné en 52ème position par les Philadelphia Warriors en 1955. Allen Kelley (Peoria) champion universitaire en 1952 avec l’université de Kansas, sélectionné en 56ème position par les Milwaukee Hawks en 1954.
Le Tournoi olympique
Du 26 août au 10 septembre, le tournoi oppose alors seize sélections nationales (dont la France fait partie), réparties en quatre groupes lors d’un premier tour, puis d’un tour de classification, se disputants successivement au petit palais des sports puis jusqu’en finale, au « Palazzo dello Sport » de Rome (salle du Virtus de Rome). Un changement de règle important fait également son apparition. Lors des Jeux de Melbourne (1956), le niveau de jeu, très fermé et en manque de variété, avantageait surtout les grands gabarits, Bill Russell en tête. Les officiels vont instaurer une limite de trois secondes de présence d’un joueur dans la raquette adverse afin de rendre le jeu plus agréable et plus fluide et surtout afin d’éloigner le plus possible les intérieurs dominants de sous les paniers.
Un Tour préliminaire en guise d’échauffement
Les États-Unis sont reversés dans le groupe A de l’Italie, la Hongrie et le Japon. Devant plus de 3 000 spectateurs, les tenants du titre défient lors du premier match, la « Nazionale », pays hôte, de l’ailier Gianfranco Lombardi (Virtus Bologne). Les USA marquent d’entrée le tournoi en infligeant un revers cuisant aux italiens (88-54), grâce à une première mi-temps parfaitement négociée (seulement 17 points inscrits par les italiens) et une fin de match maîtrisée grâce à la rotation de son banc. L’arrière Adrian Smith (Kentucky) et Oscar « Big O » Robertson terminent co-meilleurs marqueurs (16pts). Le Japon (125-66) puis la Hongrie (107-63) ne tiendront guère plus que des rôles de figurants lors de ce premier tour, durant lequel les joueurs américains se mettent en jambe. Un écart moyen de 47pts par rencontre, des adversaires limités à 61pts par match, Jerry Lucas et Oscar Robertson scorant 19pts de moyenne et pas moins de six joueurs (sur douze !) à 10pts ou plus. Le ton est donné.
Le rouleau compresseur américain
Lors du second tour (en demi-finale) les américains vont encore hausser leur niveau et littéralement écraser la concurrence. Parmi les huit équipes encore en lice pour jouer le titre, les États–Unis tombent sur la Yougoslavie de Radivoje Korać et Ivo Daneu, l’Uruguay de Carlos Blixen (médaillé de bronze à Melbourne) et de l’habituelle mais néanmoins redoutable équipe d’Union Soviétique. Des soviétiques qui depuis 1952, en dépit de leur domination sur le vieux continent, se heurtent constamment à cette Team USA en finale.
Autour de joueurs dominants dans la raquette, notamment le colosse letton, Jānis Krūmiņš (2m20, 140kg), Viktor Zubkov, Yuri Korneev et Aleksandr Petrov espèrent enfin tenir leur revanche et renverser la montagne américaine. Malgré deux premières rencontres maîtrisées par les soviétiques, les américains font étalage de toute leur maîtrise sur le dernier match décisif du groupe. Dans un contexte diplomatique tendu, en pleine période de guerre froide, le match est relativement serré et les américains sont pour la première fois mis en difficulté par le jeu physique et l’adresse soviétique. À la mi-temps, les USA n’ont que sept points d’avance (35-28) et Newell décide d’un changement tactique face à des soviétiques en confiance et un peu trop favorisés selon lui par l’arbitrage. Les américains reviennent du vestiaire, le couteau entre les dents, avec une pression défensive tout-terrain, infligeant un (25-1) dans le 3ème ¼ avec 20pts consécutifs inscrits durant les cinq premières minutes. Derrière son « swingman », Jerry West (19pts), et le génie d’Oscar Robertson (16pts), les États-Unis vont étouffer les soviétiques et par la même occasion contenir les hommes de Stepan Spandarian à moins de 60pts, leur infligeant une seconde défaite (81-57) (défaite face au Brésil au 1er tour 58-54).
Les deux matchs précédents furent aussi expéditifs que démonstratifs de la supériorité américaine sur ce tournoi. Team USA récite une partition millimétrée sur 40mn, menée par Terry Dischinger (Purdue) et du « Big O », face à une équipe yougoslave apathique (104-42), en dépit du bon match de Korać (16pts). Puis elle récidive le lendemain lors d’une nouvelle démonstration de basket face aux uruguayens impuissants (108-50). (+47) et (+46) respectivement sur chaque première mi-temps lors de ces deux rencontres. Leur domination est totale et s’imprime, telle une marque laissée au fer rouge par chacune de leurs prestations, grâce à des joueurs qui, l’un après l’autre, plantent paniers sur paniers avec une maîtrise spectaculaire.
Un final grandiose
Les États-Unis n’ont plus que deux rencontres à disputer dans le tableau final qui va donc opposer USA et URSS (qualifiés du Groupe B) au Brésil et à la surprenante équipe d’Italie (qualifiés du Groupe A).
Le schéma est le suivant : Avec une victoire chacun, brésiliens et américains doivent remporter leur premier match, respectivement face à l’Union Soviétique et l’Italie, pour être assurer de joueur la médaille d’or l’un contre l’autre. Les deux premières rencontres se déroulent tard dans la soirée du 8 septembre (à cause des fortes chaleurs). L’Union Soviétique ouvre le bal et renverse le Brésil de Wlamir Marques (25pts) sur le score étouffant de (64-62). Les USA doivent alors assurer une victoire face à l’Italie pour s’adjuger une sixième breloque consécutive. Contre toute attente, devant plus 11 000 spectateurs, la première mi-temps révèle un scénario inattendu dans un Palais des Sports bouillant. Au tableau d’affichage, les USA sont devant des italiens accrocheurs et en réussite (56-48), mais vont finalement craquer lors du second acte, poussant les américains à s’employer un peu plus, pour la seconde fois dans ce tournoi. Le courageux ailier Gianfranco Lombardi (23pts) va maintenir l’Italie à quai et tenir tête aux Jerry Lucas (26pts), Oscar Robertson (22pts) et Jerry West (18pts) qui vont néanmoins ramener une 7ème victoire américaine dans le tournoi (112 – 81), la seconde face à l’Italie. Certains « tifosi » y verront la finale pour la médaille d’or que l’Italie n’aura jamais connu car malheureusement pour eux l’Union Soviétique sera tout aussi impitoyable lors de son dernier match, l’emportant (78-70) et se parant d’argent pour la troisième fois consécutive, laissant les italiens au pied du podium.
Climax de ce tournoi pour la Team USA. La médaille est assurée, reste à déterminer de quel métal elle sera faite. En dépit du résultat des soviétiques qui conforte leur première place, les joueurs veulent s’employer à rendre une feuille de match plus aboutie que face à l’Italie en particulier depuis les derniers championnats du monde de basket remportés par le Brésil devant… les États-Unis. En ce jour de 10 septembre 1960, le décor est planté pour une « finale » qui s’annonce aussi déséquilibrée qu’haletante. La première mi-temps sera à sens unique pour les américains (50-24), insolents de réussite, qui anesthésient les champions du monde « auriverde » emmenés par l’ailier vedette Wlamir (19pts) et son pivot Amaury (17pts). Le match étant quasiment acquis, les joueurs américains vont gérer la seconde période en stabilisant l’écart autour des trente points (90-63) grâce à une nouvelle prestation majeure de l’intérieur Jerry Lucas (21pts) et de son leader et meilleur joueur du tournoi, Oscar Robertson (14pts). Les USA remportent une 5ème médaille d’or consécutive qui récompense, au bout de huit matchs sans défaite, une équipe prodigieuse, au comportement et au jeu exemplaire. Les américains restent sur une série olympique impressionnante de 36 victoires consécutives (en 36 matchs), confortant ainsi un peu plus leur hégémonie sur le basket aux Jeux.
L’héritage de Team USA 1960
La Dream Team originelle
Cette génération exceptionnelle, en remportant ses rencontres avec un écart moyen de 42,4pts sur l’ensemble du tournoi et en dépassant à cinq reprises la barre des 100 points inscrits, surclasse la concurrence dans tous les secteurs de jeu face à des joueurs pourtant rompus au basket international et des équipes plus âgées (en moyenne 24 ans, contre seulement 22 ans pour les américains). Des jeunes qui, très tôt, n’hésitent pas à endosser un rôle de leader au sein de l’équipe, à l’image d’Oscar Robertson, qui va assumer ses responsabilités sur le parquet et en dehors, comme il saura si bien le faire en NBA plus tard.
“En dépit de notre jeunesse et sans aucune expérience professionnelle, nous avons représenté les États-Unis comme aucune autre équipe dans l’histoire ne l’avait fait jusqu’à présent. Nous n’avions aucune faiblesse” – Oscar Robertson
Guider par un tempo rapide, une endurance ainsi qu’une défense inépuisable et capable d’envoyer du jeu des deux côtés du terrain pendant de longues séquences. Cette équipe récite ses gammes, bloque les tirs sous le panier et pratique un jeu de mouvement avec et sans ballon pour offrir des tirs idéalement ouverts sur chaque possession. Tous les joueurs tiennent leur rôle depuis le banc jusqu’aux titulaires.
“La meilleure équipe de basket amateur qui ait jamais existé” – Jerry West
Du podium olympique à la postérité
Cinq joueurs de l’équipe championne olympique finiront le tournoi en double figures, une équipe parfaitement menée par le duo Lucas – Robertson (17pts par matchs) et habilement construite par le regretté Pete Newell. À l’issue des Jeux de 1960, et d’une cuvée exceptionnelle, dix joueurs entameront progressivement une carrière en NBA, parmi lesquels Bob Boozer, Adrian Smith et Jay Arnette qui deviendront coéquipiers d’Oscar Robertson aux Cincinnati Royals durant plusieurs saisons. D’ailleurs Oscar Robertson (1961), Walt Bellamy (1962), Terry Dischinger (1963) puis Jerry Lucas (1964) seront successivement élu Rookie de l’année. Ces mêmes Jerry Lucas et Oscar Robertson, déjà vedettes montantes du basket universitaire bien avant leur parcours olympique, étaient amenés, tôt ou tard, à faire le grand saut en NBA. Parmi les dix joueurs qui auront une carrière en NBA, huit d’entre eux connaîtront une longue carrière, quatre d’entre eux seront intronisés quelques années plus tard au Hall of Fame à titre individuel.
Ce n’est qu’en 2010, cinquante ans après les faits, que l’équipe des États-Unis, médaillée d’or aux Jeux de Rome de 1960 intégrera le prestigieux mémorial de basket américain lors d’une cérémonie hommage, ponctuée par les discours des deux co-capitaines, Jerry West et Oscar Robertson, entourés de plusieurs de leurs anciens coéquipiers, sous les yeux d’une autre équipe honorée ce soir-là ; la Dream Team 1992 de Barcelone.
Quelle place dans l’histoire ?
L’équipe de basket des États-Unis de 1960 reste indubitablement moins médiatique et iconique sur le papier que la Dream Team 1992 mais les deux sélections ont en commun d’être les seules équipes nationales intronisées au Hall of Fame. 60 ans après, la Team USA, version 1960, demeure encore une référence en matière de réussite sur le plan collectif et dans le jeu. En dépit d’un manque de médiatisation à l’époque, elle se félicite cependant du titre officieux de « Dream Team originelle » et demeure à n’en pas douter la meilleure équipe américaine amateur de l’histoire grâce à une concentration exceptionnelle de talents qui réaliseront, par la suite, des carrières NBA mémorables.