Par Benjamin Gisse (@MagicBenJohnson)
Après une analyse du Game 1 entre Bucks et Heat, direction… Orlando pour la confrontation entre les Houston Rockets et les Los Angeles Lakers, soldée par une victoire des Texans à la surprise générale, eux qui sortaient d’une confrontation compliquée face à Oklahoma City. Retour sur un 1er match qui peut en dire long sur cette série !
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Les Lakers battus… dans la raquette… mais pas que !
Aussi surprenant soit-il, Los Angeles a connu une soirée compliquée dans la raquette. Et personne ne pouvait prévoir la physionomie de ce match, car Houston a marqué plus de points dans la raquette que Los Angeles, et ça c’est fort.
Il faut dire que les différentes confrontations avant ce match avaient vus les Lakers dominer outrageusement les Rockets dans la raquette avec un écart de plus de 13 points dans ce domaine (3 matchs joués avant ce Game 1).
Mais depuis les playoffs, Houston est clairement transformé. Les séquences offensives sont moins axées sur le tir à 3 points et plus posées sur du jeu demi-terrain. Le résultat est sans appel, les statistiques en playoffs sur les tirs dans la raquette grimpent.
Tableau représentant les points marqués et encaissés des deux équipes dans la raquette, en saison régulière et en playoffs.
Encore plus impressionnant, Houston s’impose comme l’une des équipes les plus fortes sur le jeu intérieur depuis le début des playoffs, même devant les Lakers, qui possèdent un des ex-candidats au Défenseur de l’Année nommé Anthony Davis. Alors forcément, quand on affronte le Thunder au 1er tour, ça aide. Mais les 40 points encaissés face aux Lakers expriment une volonté d’être plus agressifs, et corrigent énormément les faiblesses défensives du groupe texan accumulées durant la saison régulière.
Offensivement, l’équipe de James Harden n’a quasiment rien forcé, profitant du match très faible de l’adversaire pour se projeter vers l’avant et jouer le jeu, avec simplicité. De manière générale, Houston n’a pas été vraiment rayonnant offensivement, mais ils ont fait ce qu’ils savent faire.
Profitant des 17 ballons perdus par les Lakers, ils se sont procurés de multiples occasions. Les 27 points issus des pertes de balles adverses, pire total des playoffs pour « LA », sont un excellent indicateur du faible niveau proposé par Los Angeles et de la manière dont Houston a su en profiter.
Savez-vous contre qui les Lakers ont encaissé le plus de points sur pertes de balle cette saison (hors playoffs) ? Houston bien sûr, durant les seeding games 1 , avec 36 points inscrits par les Texans !
Simple coïncidence, ou véritable épine pour l’équipe californienne ? Difficile à dire, cependant les 1,54 points par possession 2 sur perte de balle pour les Rockets doivent actuellement donner des sueurs froides au coach Vogel.
Un manque total d’efficacité a frappé les Lakers, avec un peu moins d’un point par possession (0,99) sur le match, contre 1,11 de règle générale.
Catastrophique au niveau du tir, avec un eFG% 3 de 48.8, Los Angeles ne pouvait pas espérer une victoire, surtout avec un faible 9/24 aux tirs pour eux quand ils furent complètement ouverts (sans aucun défenseur pour les gêner).
Avec 0,80 points par possession à la suite d’un panier inscrit par Houston, LeBron & compagnie n’ont jamais vraiment mis la pression sur Houston, malgré 3 premiers quart-temps plus ou moins serrés…
Houston Rockets, maîtres du temps
Une des caractéristiques majeures de ces deux équipes reste la vitesse de jeu. Houston et Los Angeles font partie des équipes jouant le plus rapidement de la NBA. Entre les transitions de LeBron et celles de James Harden, les 2 équipes devaient se rendre coup pour coup sur un rythme effréné.
Sur le papier tout du moins, car les Rockets ont joué différemment ! En alternant énormément entre transition et jeu placé, ils ont pris de court des Lakers un peu perdus sur un rythme qui ne leur convenait pas. C’est une stratégie qui avait déjà fonctionné pendant la victoire des Rockets lors du seeding game.
Avec une moyenne de 15,7 secondes par possession sur le Game 1, Houston explose totalement sa moyenne de saison (13,2 secondes) ! Sur un rythme plutôt lent, ils ont quasiment endormis et pris à contre-pied des Lakers sûrs de leur coup et portés vers l’avant (13,5 secondes par possession, soit -0,5 sur leur moyenne), probablement responsables de ces 17 pertes de balle.
Tableau représentatif des différents tirs où Houston excelle, comparant la saison régulière et le match n°1 face aux Lakers
En témoigne directement le tableau ci-dessus, on remarque que Houston a levé les pieds sur les tirs rapides, divisant quasiment par 2 le nombre de possessions finissant par un tir pris en moins de 10 secondes.
Mais ce « ralentissement » du jeu n’a pas poussé les porteurs de balle comme James Harden à monopoliser le ballon pendant 20 secondes. Le nombre de tirs après plus de 7 dribbles sont restés plus ou moins équivalents à ceux enregistrés durant la saison.
Des Rockets plutôt patients, plus collectifs, plus sereins, et qui ont été dans le contrôle quelques jours seulement après un Game 7 stressant face à Oklahoma City.
C’est la clé du match. La patience a joué un rôle énorme dans la victoire des Texans.
James Harden en mode patron
Si on peut attribuer le mérite de la victoire au collectif des Rockets, impressionnants de réalisme et d’efficacité, et si Robert Covington (defensive rating de 90.4 4 en 39 minutes de jeu) ou Eric Gordon (11 points dans le dernier quart-temps) ont été vraiment importants, un joueur est sorti du lot : James Harden.
Il faut croire que le contre sur Luguentz Dort a libéré la bête et l’a rempli de confiance. Véritable responsable du maintien des Rockets en tête durant le match, gestionnaire quasiment parfait sur le rythme, il est l’artisan de cette victoire.
James Harden au dunk face à LeBron James (n°23 des Lakers), dans une victoire 112 à 97 des Rockets.
© Photo par Jesse D. Garrabrant / GETTY IMAGES
25 points sur la première mi-temps. 36 au final. 12/20 aux tirs. Des séquences défensives convaincantes, notamment sur Anthony Davis au poste bas.
Il a su contrôler le groupe à un moment où Russell Westbrook était très frustré de certaines de ses actions.
Cependant, il n’a pas pu stoppé « AD » indéfiniment, encaissant 11 des 25 points du joueur des Lakers en moins de 4 minutes de confrontation directe.
« The Brow » a été le point faible d’une défense collective quasiment parfaite, point qu’il faudra régler pour Houston et exploiter pour Los Angeles…
Quelques notes sur la 1ère confrontation…
- Le meneur de jeu des Lakers, Rajon Rondo, est revenu sur les parquets pour la 1ère fois depuis le 10 mars. 24 minutes pour lui dans le G1, avec 8 points, 3 rebonds et 4 passes. Classic Rondo. Enfin statistiquement…
- Les 25 points de James Harden en 1ère mi-temps se classent à la 2ème place des plus grosses performances sur une première mi-temps dans ces Playoffs. A noter que ses 11 lancers-francs tentés sur cette même période constituent le 3ème plus gros total sur une première mi-temps. L’ancien podium était occupé par… 3 joueurs des Lakers (LeBron + Davis x2) lors de leur série face à Portland !
- Les Los Angeles Lakers perdent ainsi leur premier match dans chacune de leurs séries jouées. C’est arrivé 3 fois dans leur histoire, et pour la première fois depuis l’exercice 2010/11 (Hornets puis Mavericks). A chaque fois, ils n’ont pas dépassé le second tour des playoffs ! Fin de série ?
- Dallas, Indiana, Miami, Oklahoma City, Toronto et Utah ont chacun réalisé un match avec 3 joueurs à plus de 20 points durant ces playoffs.
Houston vient d’achever son 3ème match dans ces conditions, avec 5 joueurs différents dans les 3 performances (Harden, Westbrook, Gordon, House, Green). Isolation Harden n’est-ce-pas ?
Sources : NBA.com, inpredictable, Basketball Reference, ESPN, RealGM.
Lexique :
- Les seeding games : matchs joués à Disney (Orlando) le mois passé afin de définir les places pour les Playoffs et pour la lotterie NBA. Chaque équipe présente à Disney a joué 8 seeding games.
- Les points par possession (ou PPP) : statistique prenant en compte le nombre total de points marqués sur le nombre total de possessions.
- L’effective field goal percentage (ou eFG%) : statistique calculée en prenant en compte le fait qu’un panier à 3 points est 1,5 fois plus important qu’un panier à 2 points. Plus l’équipe est adroite à 3 points, plus son eFG% sera élevé. La moyenne pour les équipes NBA est de 52-53%.
- Le defensive rating (ou DRtg) : statistique inventée pour mesurer l’efficacité défensive d’un joueur. La moyenne NBA se situe entre 105 et 110.
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