Premier joueur de basketball turc à évoluer en NBA, Hidayet « Hedo » Turkoglu a marqué l’histoire d’une franchise, le Magic d’Orlando, avec qui il s’est offert une finale NBA.
Originaire d’Istanbul, le jeune Hidayet débute à l’âge de 17 ans avec l’Efes Pilsen, sans doute le plus grand club turc. En 4 ans sous les couleurs stambouliotes, il remporte 2 championnats, 3 coupes de Turquie, et emmène en 2000 son équipe vers le Final Four de l’Euroleague, où l’Efes Pilsen termine à la troisième place. Lors de sa dernière année, il tourne en moyenne à plus de 13 points et 4 rebonds, et sa côte de popularité de cesse d’augmenter auprès des scouts américains.
Lors de la draft 2000, Hedo devra attendre la 16ème annonce de David Stern pour être enfin appelé par les Sacramento Kings. Ne vous étonnez pas de le voir être sélectionné derrière des joueurs comme Stromile Swift ou Darius Miles, car à l’époque, il n’était pas encore « tendance » de sélectionner des joueurs étrangers très haut à la draft et le fait de ne pas avoir été formé outre-Atlantique était souvent synonyme d’un manque de reconnaissance de la part des scouts et des franchises NBA.
En Californie, Hedo débarque dans une équipe en pleine renaissance après une longue traversée du désert. Drivés par Rick Adelman, les Kings jouent un basket très offensif, mené par le spectaculaire Jason Williams. La star de l’équipe, Chris Webber, est à ce moment là en train de s’imposer parmi les meilleurs ailiers forts de la ligue. La saison rookie de Türkoglu, en forme d’apprentissage, est encourageante, mais c’est lors de la saison 2001-2002 que le turc va véritablement montrer son potentiel. Jason Williams s’en va, Mike Bibby arrive en échange, et les Kings deviennent une équipe redoutable, géniale en attaque, sérieuse en défense. Hedo atteint les 10 points par match sur la saison, passe de 17 à 25 minutes en moyenne et devient un des meilleurs sixièmes hommes de la NBA. Sacramento obtient le meilleur bilan de la NBA avec 61 victoires. Le « greatest show on court » des Kings perdra les armes à la main en 7 matchs face à leurs rivaux, les Lakers de Shaquille O’Neal et Kobe Bryant, au terme d’une série plus que controversée…
L’année suivante est encore de très bonne facture pour les californiens qui remportent 59 matchs. Türkoglu joue moins car les recrues Keon Clark et Jim Jackson sont désormais devant lui dans la rotation. Les Kings se font sortir en demi-finale de conférence par les Mavericks. Quelques semaines plus tard, un échange entre les Kings, les Spurs et les Pacers envoie Hedo à San Antonio.
Dans le Texas, Türkoglu se fait vite une place de 6ème homme et le coach Gregg Popovich apprécie le côté polyvalent de son ailier. 25 minutes par match, presque 10 points et 4 passes par rencontre sur la saison 2003-2004. A l’intersaison 2004, alors qu’il est agent libre, il s’engage pour 5 ans avec le Magic d’Orlando. Après le départ de Tracy Mcgrady, la franchise floridienne se cherche de nouveaux visages, des résultats, bref : tout est à reconstruire. La draft du pivot Dwight Howard en 2004 est la première pierre posée pour un édifice qui s’améliorera d’années en années. En 2004-2005, Hedo Türkoglu bat ses records au scoring avec 14 points par match et est par ailleurs devenu une arme dangereuse longue distance. Malgré cela, le Magic stagne, obtient un bilan de 36-46 et végète à la 12ème place de la conférence Est. 3 coachs se succèdent en 2 ans mais le Magic obtient le même bilan l’année suivante.
En 2007, sous l’impulsion d’un Dwight Howard dominateur sous les panneaux, Orlando retrouve les playoffs, juste le temps de se faire balayer par les Detroit Pistons. Encore mieux en 2007-2008, où les magiciens atteignent les 52 victoires. L’arrivée du coach Stan Van Gundy et du shooteur Rashard Lewis font passer un énorme cap à la franchise. Van Gundy imagine un système offensif en « fer à cheval », où 4 shooteurs attendent derrière la ligne à 3 points, laissant l’espace à Dwight Howard de s’exprimer dans la raquette. Avec des pistoleros tels que Turkoglu, Lewis, Jameer Nelson, JJ Reddick ou le français Mickael Piétrus (qui arrivera l’année suivante), le Magic devient redoutable et ne tombe qu’en demi-finales de conférence contre les mêmes Pistons. Cette même année, l’ailier turc a produit le meilleur basket de sa carrière au niveau statistique: 19,7 points, 5,7 rebonds, et 5 passes en 37 minutes par match. Il est récompensé par le trophée du MIP récompensant le joueur ayant le plus progressé.
2009 est l’année de la consécration pour le Magic. Dwight Howard est stratosphérique, on le surnomme Superman, et lui ainsi que sa bande de fous de la gâchette sortent les Boston Celtics (tenants du titre) puis les Cavaliers de LeBron James. Hedo est devenu un membre incontournable de l’équipe. Sa vision du jeu et sa lucidité le feraient même passer pour un meneur. Son duo d’ailiers avec Rashard Lewis est souvent le facteur X du Magic. L’un ou l »autre se relaie souvent pour prendre feu, et quand les deux compères sont « dans la zone » en même temps, peu d’équipes peuvent stopper l’incendie.
15 ans après Shaq et Penny, le Magic d’Orlando retrouve les finales NBA. Les fans NBA sont déçus car il n’y aura pas de duel Kobe-LeBron en finales, mais peu importe, Orlando a déjoué les pronostics qui voyaient Boston ou Cleveland dominer la conférence Est. La finale NBA 2009 n’offrira néanmoins pas le suspens espéré, puis les Lakers gagneront 4 manches à 0. Tout proches de l’emporter dans le game 2 à Los Angeles, ce qui aurait tout changé, les joueurs de Stan Van Gundy auront joué avec leurs armes, mais n’ont rien pu faire face à la force collective des Lakers d’un Kobe Bryant revanchard après sa défaite en finales l’année précédente.
Surprise à l’été 2009 : le 9 juillet, Hedo Türkoglu est envoyé à Toronto suite à un échange à 4 équipes. Le début de la fin pour le joueur turc, pas à l’aise dans l’Ontario. Une saison anonyme plus tard, il est échangé à Phoenix contre Leandro Barbosa. 25 matchs avec les Suns, puis retour en Floride, à Orlando, terre de ses plus grands exploits. Après 2 saisons très discrètes chez les Clippers, Türkoglu décide de prendre sa retraite, à l’âge de 36 ans.
La trace qu’Hedo a laissé dans l’histoire du basketball, c’est en Turquie qu’elle est la plus significative. Pour faire court, Hedo Türkoglu est le précurseur du basket en Turquie, comme Tony Parker a pu l’être pour le basket français. Premier joueur turc à évoluer en NBA; légende du Magic d’Orlando; médaillé d’argent à domicile avec la Turquie lors de l’Euro basket 2001 et des championnats du monde 2010, il est une des plus grandes idoles sportives pour le peuple turc. D’un point de vue technique, on se souviendra d’un joueur de 2,08m capable de tout faire sur un parquet : passer shooter, dribbler. Son sang-froid dans les moments importants feront de lui un éléments essentiels pour les Kings et surtout pour Orlando. Son shoot victorieux contre les Celtics en 2008 illustre ce pourquoi Hedo était redouté dans le grande ligue.