Michael Brooks, un nom bien connu en France. Peut-être pas par les plus jeunes, mais prononcez son nom à Limoges et attendez… on vous vantera son passage au CSP, mais Mike a connu une courte mais belle carrière en NBA avant cela!
Le rêve américain comme début de carrière
La carrière de Michael Brooks démarre comme celle de tout futur bon joueur NBA. On ne fait pas de lui un potentiel MVP en puissance, mais on sait qu’on a en Brooks un joueur fiable et solide, comme il en faut dans toutes les bonnes équipes.
Natif de Philadelphie, Michael Brooks passe par l’université de LaSalle dans sa ville de naissance. Cet ailier plutôt physique marque l’histoire de sa fac, en devenant le deuxième marqueur et troisième rebondeur de l’histoire de LaSalle, avec des moyennes d’environ 23 points et 12 rebonds par match!
En tant qu’universitaire, il participe aux jeux panaméricains de 1979 où il remporte la médaille d’or en compagnie d’Isiah Thomas et Kevin McHale.
La saison suivante (sa dernière en NCAA), il est élu MVP en sortie d’une année à 24,5 points et 11,5 rebonds par match.
A une époque où les joueurs NBA ne sont pas sélectionnables en équipe nationale, Michael Brooks fait partie de la Team USA pour les JO de Moscou en 1980, il en est même le capitaine! Cette équipe dont fait encore partie Thomas, mais aussi un futur n° 1 de la draft, Mark Aguirre et le fameux Sam Bowie, n°2 de la draft 84 devant Michael Jordan et autres Barkley ou Stockton. L’histoire de ces JO est bien connue et cette sélection américaine ne mettra pas un pied à Moscou sur décision gourvernementale. Une tournée sera tout de même organisée, et Michael Brooks en sera le meilleur marqueur.
Arrive le jour de la draft 1980. Dans une sélection sans superstar, on note un seul Hall Of Famer, le Celtic Kevin McHale. Brooks est lui choisi en n° 9 par les San Diego Clippers. On note aussi lors de cette draft la présence en n° 18 du futur complice de Brooks au CSP, Don Collins.
Michael Brooks arrive donc à 22 ans à San Diego, belle traversée des Etats-Unis depuis Philadelphie! La première saison de Mike est très bonne, un bon rookie qui joue 30 minutes par match, présent lors des 82 rencontres. Le tout à 14,7 points pour 5,4 rebonds, bonne saison de rookie, mais pas suffisant pour aider les Clippers à atteindre les playoffs.
En 1981-82, Brooks est de nouveau aligné lors des 82 matchs de la saison régulière, dont 73 dans le 5 majeur. Avec un temps de jeu un peu plus élevé (33 minutes) ses statistiques s’élèvent aussi à 15,6 points et 7,6 rebonds par match, avec un record (en carrière) de 37 points. Troisième scoreur et rebondeur des Clippers, et premier aux steals, Mike est un élément majeur d’une équipe de San Diego encore plus faible que la saison précédente.
La saison qui suit apporte son lot de changements aux Clippers. Lors de la draft 82, Sans Diego a le pick n° 2 et choisit l’ailier et futur All-Star Terry Cummings. Dans tous les cas avec le deuxième choix, on aurait pu avoir aussi du James Worthy ou Dominique Wilkins aux Clippers, deux autres ailiers qui n’auraient pas non plus arrangé les affaires de Michael Brooks! Il joue toujours les 82 rencontres, avec 30 minutes de moyenne mais seulement 26 fois dans le 5! Il est le cinquième scoreur avec 12,2 points et quatrième rebondeur avec 6,4 prises par match. Mais c’est bien les 23,7 points et 10,6 rebonds du ROY Terry Cummings qu’on remarque cette année là bien que les playoffs ne soient toujours pas au rendez-vous. Sans oublier le retour du grand Bill Walton après deux saisons blanches…
Fin d’une jeune carrière?
La saison 1983-1984 peut être un tournant pour Michael Brooks. Après deux bonnes premières saisons, la troisième a été plus difficile avec plus de concurrence. C’est le moment de s’affirmer aux Clippers, ou de trouver une équipe qui le laisse exprimer son talent.
Terry Cummings confirme son rôle, mais Brooks ne démérite pas. Il joue 30 minutes par match comme la saison précédente. Cinquième scoreur et quatrième rebondeur des Clippers, comme la saison précédente. Titulaire 30 fois sur 47, bien mieux que la saison précédente.
Mais le souci est là, 47 matchs joués…blessure au genou, saison terminée. Assez banal pour un sportif de haut niveau, sauf qu’à ces 35 matchs manqués s’ajouteront deux saisons blanches, pas une minute sur les parquets ! Michael Brooks passe d’un joueur NBA confirmé de 25 ans, à un grand blessé de 28 ans à la recherche de sensations physiques.
La traversée du désert est bien longue, lui même s’isole du milieu du basket pendant ces années. Les Pacers lui donnent sa chance à son retour au début de la saison 86-87. Une dizaine de matchs à 15 minutes de moyenne, Mike n’est plus dans le coup, ou on ne le laisse pas s’exprimer… dans tous les cas c’est en CBA que se termine sa saison.
Idem la saison suivante, où les Nuggets l’engagent. Il joue 16 matchs, 8 minutes de moyenne et retour en CBA. Par rapport à son temps de jeu il est pourtant plus efficace que dans l’ Indiana, mais ce n’est pas suffisant pour Denver. Les sensations reviennent tout de même, puisque Brooks se montre à son avantage en CBA avec 14,9 points et 11,9 rebonds par match et même le titre de MVP de la saison en plus du championnat gagné en compagnie de Micheal Ray Richardson.
Pas suffisant pour la NBA, trop risqué physiquement, plus aucune franchise NBA ne fera appel à Brooks. Il finit sa carrière dans la grande ligue avec 12,8 points et 6,3 rebonds de moyenne en 319 matchs joués. Mike aura été un bon joueur aux Clippers, aurait pu faire une carrière entière sur ce rythme, ou même trouver une franchise qui lui donne de plus grandes responsabilités mais son corps en a décidé autrement !
Ce n’est pourtant pas la fin de la carrière de Michael Brooks, loin de là…
Renaissance sur le vieux continent
Après sa Pennsylvanie natale, la Californie de ses débuts professionnels, l’ Indiana ou le Colorado de ses tentatives de comeback, voilà Michael Brooks dans la Haute Vienne, à Limoges.
A Limoges Michael vient trouver un second souffle, une seconde vie. Il y découvre une terre de basket où il est accueilli à bras ouverts. A son arrivée en 88, le CSP Limoges c’est 4 championnats, 3 coupes de France, et 3 coupes d’Europe. L’équipe alors composée entre autres de Richard Dacoury, Don Collins ou Stéphane Ostrowski voit arriver un joueur du genre de ceux qu’on remarque quand il arrive en France: un ancien de la NBA, et pas un qui a joué une dizaine de matchs en bout de banc, un vrai !
Avec plus de 19 points, 9,7 rebonds par match et un titre de champion de France, l’expérience française de Brooks démarre bien. Il forme un excellent duo avec Don Collins le MVP de la saison (ainsi que de la précédente et la suivante).
En 1989-90 Brooks est de nouveau champion de France avec Limoges. Stable dans ses stats (16,2 points et 9,3 rebonds), il s’impose dans le coeur des supporters et prend goùt à la reconnaisance qui lui est offerte ici. Sur la scène européenne Mike a l’occasion de se frotter à de grandes équipes en allant jusqu’au Final Four de l’euroligue, éliminé par le grand Split de Toni Kukoc.
Au départ de la saison 90-91, Michael Brooks du haut de ses 32 ans s’apprête à vivre sa meilleure période statistique. En championnat il joue 37 minutes par match, pour 21,4 points et 10,3 rebonds de moyenne. Finaliste du championnat, ses performances individuelles lui valent le titre de MVP de la saison!
Puis encore une belle saison à Limoges, terminée par un second titre de MVP et débutée par une participation à l’Open Mc Donalds à Paris, où il peut de nouveau affronter les Lakers. Une nouvelle fois finaliste du championnat, Brooks vit sa dernière saison au CSP, en partie à cause des méthodes du nouvel entraineur Bozidar Maljkovic. Sur l’ensemble de son passage à Limoges, Brooks a tourné à 18,9 points et 9,6 rebonds par match.
Laissé libre par Limoges, le grand moustachu n’arrête pas pour autant. Encore trois saisons pleines (38 minutes par match!) à Levallois où il finit avec une moyenne de 17 points et 9,6 rebonds sur les 3 saisons, plutôt pas mal pour la fin de carrière d’un grand blessé ! Après une dernière saison efficace mais gâchée par les blessures, Michael Brooks met un terme à sa carrière de haut niveau à près de 38 ans. Son passage en France aura fait de lui un double MVP tournant à 17,3 points pour 9,4 rebonds par match, essentiellement dans la plus grande équipe du moment.
Lui qui a obtenu la nationalité française continuera à jouer au basket à un niveau amateur encore quelques années avant d’aller vivre et coacher en Suisse. Là bas, atteint d’une maladie qui a nécessité une greffe de moëlle osseuse, il décède d’un arrêt cardiaque peu de temps après l’opération, à l’âge de 58 ans.
Les hommages se succèdent, principalement en France, son pays d’adoption mais la nouvelle est aussi diffusée dans certains médias américains. Stéphane Ostrowski, Fred Forte et bien d’autres exprimeront publiquement leur émotion. Aujourd’hui un tournoi de présaison porte son nom à Limoges. Verra-t-on prochainement son maillot retiré?