L’année 2019 s’achève. Les repas de fêtes finalement digérés laissent désormais place à une bonne dose de détox pour certains organismes gorgés d’acides gras et/ou d’éthanol récréatif.
La NBA elle n’a guère eu le temps de souffler ou de faire souffler ses principaux protagonistes pendant ces fêtes, même si certains d’entre eux deviennent de plus en plus enclins à réduire leur présence sur les parquets, au grand dam des supporters et des médias.
Outre cette gestion du repos, ou « load management », la saison 2019-2020 nous offre pour l’instant un exercice aussi palpitant qu’ennuyeux par moment, mêlant à la fois déception et bonne surprise. Sans rentrer dans des analyses et comparaisons en tout genre, Clutch Time va tenter à sa manière de faire un point, quasiment à mi-parcours, sur les tendances qui se dégagent dans la ligue après onze semaines de saison régulière.
À l’Est rien de nouveau
Difficile de ne pas aborder la réussite des Bucks de Milwaukee sans évoquer son bras armé grec, Giannis Antetokounmpo. Assurément plus en forme que jamais, le MVP sortant vient notamment d’ajouter une nouvelle arme à longue distance à sa panoplie offensive. Résultats, le greek freak réalise un parcours encore plus sensationnel que l’année passée, plaçant une fois encore la franchise du Wisconsin au sommet de la conférence Est avec un temps de passage bien meilleur à mi-parcours que la saison dernière.
Les Contenders en embuscade
Par conséquent, face à l’impressionnante domination des Bucks, la résistance à l’Est s’organise en coulisses. Longtemps considérée comme inférieure et parfois pauvre en talent par rapport à sa sœur de l’Ouest, les outsiders pour le titre n’ont jamais été aussi importants et agréables à voir jouer depuis qu’un certain King a mis les voiles vers la Californie. Citons pêle-mêle le retour en grâce des Celtics de Boston, transfigurés depuis le départ d’Irving et l’avènement de son trident offensif Walker – Brown – Tatum. Les Raptors champions en titre, privés de leur vedette éphémère, Kawhi Leonard, n’ont pratiquement rien perdu de leur superbe, la faute à un roster équilibré et des choix de coaching judicieux de la part de Nick Nurse.
Même les Pacers, privés de leur artificier Oladipo, et les 76ers, parfois en panne d’inspiration offensive, sont de la partie, solidement installés dans ce quinté de tête. La belle et grande surprise demeure néanmoins à la troisième place du podium, confortablement occupée depuis près d’un mois par le Miami Heat. En signant tout d’abord le sensationnel Jimmy Butler, coupé par Philly à l’issue de la saison 2018-2019, le flair du Pat (Riley) a permis au Heat d’attirer les rookies Tyler Herro et Kendrick Nunn, tout en misant sur un effectif déjà très rajeuni autour d’Adebayo, Winslow ou encore Robinson.
Peuvent-ils mieux faire ?
Parmi les équipes qui ont le cul entre deux chaises, difficile de ne pas pointer immédiatement du doigt les Nets de Brooklyn. Outsider parmi les outsiders à l’Est depuis les signatures de Irving et Durant (même si les deux joueurs sont blessés), il reste cependant un arrière-goût de déception au regard des ambitions affichées en début de saison et des résultats en demi-teinte. Les Nets peuvent même partager l’affiche avec le Magic d’Orlando en quête permanente d’un équilibre dans le jeu et dans les victoires.
Et puis il y a les déceptions, et elles demeurent assez grandes pour beaucoup de franchises. Des Chicago Bulls, annoncés comme sérieux challenger dans la lutte pour les playoffs grâce à un effectif aussi jeune que talentueux, aux Detroit Pistons qui devraient dégraisser les rangs avant la trade deadline, en passant par des Cavaliers aussi inquiétants que fantomatiques dans leurs ambitions, l’aveu d’échec est préoccupant pour ces franchises notoires.
Pour terminer enfin sur une note moins amère, les Hornets sont la preuve même que malgré les discussions cet été autour de leur sort, les pronostics se révèlent être finalement faussés, en témoigne leur début de saison encourageant, ce dont les maisons Knicks, Hawks ou encore Wizards seraient bien aviser de s’inspirer pour éviter des maux de tête à répétition chez leurs supporters.
L’Ouest sauvage américain
Los Angeles au pouvoir
C’est le tube de la saison, La nouvelle rivalité montante entre les deux franchises de la cité des anges. Cet été, l’une comme l’autre, affichent des ambitions très élevées au terme d’un recrutement étoilé, ponctué par deux victoires pour la bande de Kawhi et Paul George sur leurs rivaux. Si vous pensiez néanmoins que cela suffirait à faire des Clippers l’unique favori de la saison, vous vous mettez le doigt dans l’œil. Les Lakers et LeBron, qui semble rajeunir d’année en année, désormais secondé par Anthony Davis, ne lâcheront pas leur fauteuil de leader de la Conférence aussi facilement et semblent plus motivés que jamais à redorer le blason violet et or trop longtemps mis au placard lors des phases finales.
Si on jette un coup d’œil par-dessus l’épaule, on est tout de même loin d’un Mano a Mano comme annoncé au mois de septembre. Les Nuggets dans la continuité de leur exercice 2019 réussi, font encore preuve d’une belle combativité tandis que Houston et son indéfendable (ou mal défendu ?) James Harden, viennent même ajouter leur grain de sel dans cette conférence, dessinant semaine après semaine un Big Four solidement ancré dans la première moitié de tableau à l’Ouest.
Des poursuivants loin d’être à la ramasse
On trouve également autant de bonnes que de mauvaises surprises dans les baquets suivants. À l’instar du Heat, les Mavericks, et sa nouvelle perle venue des Balkans, s’installent désormais parmi les candidats sérieux pour les playoffs et comptent bien le rester, ce qui n’arrange pas les affaires de certaines franchises qui sont à la peine. Récitant sa partition, non sans fausse note, le Jazz ne répond pas tout à fait aux attentes de certains qui les plaçaient volontiers parmi les équipes qu’il fallait surveiller de près cette année.
Loin d’être médiocre, Utah a tout de même le mérite d’afficher une continuité dans ses ambitions ce qui est loin d’être le cas pour San Antonio et Portland, à la ramasse en début de saison, et qui tentent de combler le fossé creusé avec le wagon de tête. C’est finalement Oklahoma qui a su tirer profit de la situation, observant désormais d’assez loin, en queue de peloton, les Grizzlies, Timberwolves, Suns, Kings et Pelicans qui forment désormais le très large ventre mou de la Conférence Ouest aux bilans négatifs mais qui restent néanmoins toujours en vie.
Si certaines équipes font le yoyo, oscillant entre baisse de régime et dynamique encourageante, les Warriors font en revanche bel et bien partis de la catégorie des équipes en pleine déshérence. Durant parti, Thompson et Curry out pour une durée indéfinie et Draymond et D’Angelo qui passent la moitié du temps à l’infirmerie, les triples champions connaissent une descente aussi attendue que vertigineuse. Le contrecoup de cinq années passées au zénith est tellement violent qu’on imagine mal comment Steve Kerr n’en viennent pas lui-même à se mettre en convalescence en laissant la main à l’un de ses assistants pour le restant de la saison.
Une fin de saison régulière comme elle a démarré ?
Si pour l’heure rien n’est encore joué, beaucoup de signes laissent présager très peu de revirements de situation dans la ligue jusqu’en avril. Les Lakers et les Bucks, partis pied au plancher dès le mois d’octobre, semblent confortés en tête de leur conférence respective, quand leurs plus proches poursuivants passent encore par toute une série d’ajustements en attaque et en défense. Des écarts désormais conséquents entre la première et la seconde moitié de tableau, amènent progressivement les franchises les mieux classées à gérer leur avance et leur rotation en vue des playoffs, posant encore et toujours la question sans réponse suivante : La NBA doit-elle réduire le nombre de ses matchs en saison régulière ?
Une problématique loin d’être aussi évidente et réalisable quand on tente d’y apporter des solutions. Du point de vue des médias, dirigeants, joueurs et spectateurs, les avis divergent mais leurs intérêts se cristallisent d’autant plus. Une semaine seulement après le décès de son ex-commissionnaire, David Stern, disparu le 1er janvier dernier, la NBA d’Adam Silver, serait bien inspiré de trouver, non pas une mais plusieurs réponses à cet épineux problème qui engendre une chute des audiences cette saison et un certain manque d’attractivité sur le plan sportif pour des athlètes en manque de challenge. En prenant modèle sur son mentor, grand réformateur du système professionnel entre 1984 et 2014, et qui fût à l’origine de l’explosion médiatico-commerciale de la grande ligue sur le plan international, Stern a offert à cette dernière un savoir-faire et une légitimité dans le Sport Business qui n’a nul autre pareil, et dont le patron actuel doit désormais se servir pour la pérennité de la ligue.