Chaque semaine, Clutch Time vous propose une immersion dans l’univers de la grande ligue. Entre phénomènes identitaires et tendances extra-sportives, votre média basket analyse le paysage culturel de la NBA.
2h00 du matin, le réveil sonne. C’est rude mais c’est l’heure. Ton match NBA va commencer. Quinze minutes avant le coup d’envoi. D’ici là, présentation des titulaires, fin d’échauffement pour les joueurs et l’hymne américaine qui résonne dans l’arène. Oui, car tout match NBA commence en musique. Le 6 juin dernier, pour le troisième match NBA Finals 2019 à Oakland, le mythique groupe Metallica avait interprété la “Star Spangled Banner” chez les Warriors.
Ce rituel souligne le patriotisme des américains. Il nous rappelle aussi que l’univers de la grande Ligue se conjugue en musicalité.
The show must go on !
La NBA propose tous les soirs un spectacle complet. La performance sportive est sublimée par un brouhaha omniprésent en arrière-plan de la confrontation. Le speaker s’improvise en véritable chef d’orchestre et harangue la foule tout au long de la soirée. Il est épaulé par un DJ qui alterne entre répertoire rap et bruitages divers pour animer le match. Tout fan NBA est connecté plus ou moins inconsciemment à cet univers sonore évocateur : du tintement de la pièce Nintendo lors d’un lancer franc réussi, au piano-synthétiseur du Madison Square Garden qui exhorte les Knicks à revenir en défense après un énième turnaround.
Point d’orgue du cocktail auditif, les chaussures crissent sur le parquet et la balle vient s’écraser sourdement sur le cercle : l’immersion du spectateur derrière son écran est totale.
Sur le terrain, certains joueurs nous subjuguent et on s’éprend de leur style de jeu, tout en musicalité. La partition offensive du regretté Drazen “Mozart” Petrovic l’a consacré au rang de légende. Parmi les contemporains, Kyrie Irving maîtrise avec perfection les changements de rythme. Il se joue de ses adversaires grâce à ses cross dévastateurs, tout en fluidité, qui lui donnent une allure de danseur.
Artistes, Musique et Identité des franchises NBA
Plus frontalement, l’engouement pour la NBA est si immense sur le continent américain que de nombreux artistes du Billboard sont impliqués et militent pour leur équipe de coeur.
De part sa notoriété mondiale, le chanteur canadien Drake représente un atout de communication majeur pour l’équipe de l’Ontario. Souvent présenté par les médias locaux comme le “septième homme” des Raptors, il apparaît survolté au premier rang du public et provoque les adversaires. Agitateur burlesque ou véritable énergiseur ? Peu importe, le 14 mars 2019, la salle d’entraînement de l’équipe est renommée OVO Athletic Center, au nom du label de la pop star.
Nombreuses franchises ont associé univers musical et image de marque pour revendiquer leur identité. Pour la saison 2019-2020, les Nets ont rendu hommage à Notorious B.I.G. Le design du maillot City Edition de Brooklyn s’inspire de l’univers artistique du légendaire rappeur New-Yorkais, natif du quartier.
De même, impossible de passer outre la note de musique fièrement arborée sur le maillot du Utah Jazz. La ville mormone de Salt Lake City a « volé » l’identité visuelle de la Nouvelle-Orléans, ville pionnière de ce genre musical, lors de sa délocalisation en 1974.
Pick and Rock (& Roll)
“Balance, Balance, Balance Balance toi.”. Ne nous éternisons pas. “Tony P” n’est pas le seul joueur à avoir tenté une excursion vers le Rap.
A la fin des années 1990, le phénomène Allen Iverson initie la grande ligue à la culture Hip-Hop. Depuis, une généalogie d’athlètes revendique cette musique, véritable marqueur identitaire pour toute une communauté. Le Rap américain appartient à l’imaginaire des quartiers américains. Le genre est la bande son des playgrounds à travers le pays et le basket, comme la musique, représente un moyen d’expression privilégié pour les afro-américains.
Certains NBAers contemporains s’illustrent ainsi par leur polyvalence technique. Ils sont à la fois athlètes et artistes. Les auditeurs curieux écouteront Damian Lillard. Officiant sous le pseudonyme de Dame D.O.L.L.A, le joueur de Portland se présente comme un des meilleurs “meneur-rimeur” de sa génération.
« Être l’élu m’a fait l’effet d’une bénédiction, comme une interception. Ma ville était connue pour ses homicides, sa population en dépression. Je me butte à la salle afin de survivre à la récession »
Extrait traduit de l’anglais du premier couplet de « Rap on sway in the morning » Dame Dolla.
Depuis la conférence Est, Victor Oladipo surprend par sa voix suave et posée, véritable plaisir coupable pour les amateurs de R&B à la sauce NBA.
Michael Jackson, Marvin Gaye, Snoop Dogg ou Elvis ? Les Américains ont fait de leur industrie musicale un empire. La NBA est un spectacle vivant qui atteste de cet héritage culturel car la musique sublime l’événement sportif. À quatre heures du matin, c’est aussi cette intensité sonore qui nous donne des frissons sur notre canapé. Lorsque au son du buzzer, sur un tir héroïque, toute une salle explose en choeur.