Quand on voit Draymond Green se faire sortir bêtement d’un match au bout de quelques minutes, on peut être tenté de réduire ce joueur à ses penchants les moins reluisants. Quel idiot! Et lui-même sait très bien qu’on va le juger autant sur cette action que sur l’ensemble de sa carrière, malgré ses titres de champion avec les Golden State Warriors. C’est le lot des joueurs qui sortent du cadre, comme Gilbert Arenas, qu’on associe essentiellement à deux choses, son contrat pharaonique avec Washington juste avant une fin de carrière prématurée et son fait divers désastreux impliquant des armes à feu avec Javaris Criterion dans le vestiaire des Wizards en décembre 2009, qui lui a valu une suspension spectaculaire et une réputation de semeur de trouble à vie. Curieusement, ces personnages fantasques voire problématiques animent actuellement leur propre talk show et, à l’image de Charles Barkley, employé depuis 20 ans par TNT après avoir été la plus grande gueule du sport US dans les années 90, ont largement de quoi réhabiliter leur image… ou au contraire, poursuivre leur chemin avec une propension pour l’outrance. Rangés, esclaves d’un système? Jamais. Grandes gueules sur le terrain et dans les vestiaires, ces joueurs NBA qui ont tout connu ou presque sur le parquet ont accès à tous les joueurs NBA actuels et parlent en connaissance de cause dans leur propre podcast. C’est une nouvelle génération du talk NBA, dont la légitimité organique et l’efficacité au quotidien relèguent les spécialistes historiques comme Skip Bayless ou Stephen A. Smith à plusieurs longueurs.
The Draymond Green Show
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Joueur NBA en activité, Draymond Green est astucieux et souriant, il a le verbe facile mais souvent réfléchi, bref, aux antipodes de ses écarts sur le terrain – et c’est d’ailleurs pour ça qu’on est aussi agacé par ses frasques, il est intelligent et devrait être au-dessus de ce type de comportement. Très à l’aise au micro lors des conférences de presse d’après-match, il n’a pas attendu la fin de sa carrière NBA pour animer son propre podcast et s’avère capable de recevoir Mark Cuban, propriétaire emblématique des Mavericks en pleine transition, pour un dialogue unique particulièrement instructif. Voilà le genre de grand écart inimaginable (un joueur NBA en activité qui dialogue publiquement et très librement avec un propriétaire NBA en activité) qui est rendu possible quotidiennement aujourd’hui par ce type d’émission résolument inside.
JJ Redick – The old man and the tree
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Ancien joueur de Duke à l’université (NCAA) et ayant pas mal voyagé en NBA (12 saisons à 12,8 points de moyenne et 41,5% à 3 points, 940 matches de saison régulière dont 488 dans le cinq de départ et 110 matches de playoffs dont 70 comme starter), JJ Redick a porté le maillot d’Orlando (7 saisons dont une finale contre les Lakers et une finale de conférence contre les Celtics), des Clippers (4 saisons, 40 matches de playoffs), des Bucks (28 matches), des 76ers de Philadelphie (2 saisons dont 22 matches de playoffs) et des Dallas Mavericks (13 matches en 2020-21). Un beau parcours encore frais, plutôt varié, qui lui donne une expertise incontestable, mais surtout une grande aisance à l’oral et une capacité d’analyse et de recul éprouvés.
Gil’s Arena
https://www.youtube.com/@GilsArena
Joueur rare au talent inversement proportionnel à sa taille, Gilbert Arenas a suffisamment percé en NBA pour tutoyer les plus grands comme Kobe Bryant, donner espoir à la franchise des Washington Wizards à la tête d’un effectif jeune et dynamique après le départ de Michael Jordan, signer un contrat historique et tout gâcher avant de se blesser et de sombrer dans l’oubli. Fortuné, abimé mais pas vaincu, Gilbert Arena anime aujourd’hui sa propre émission présente à la fois sur YouTube et Instagram, et se détache par un regard sans concession sur l’actualité du basket américain. Il a joué avec des accessoires de Michael Jordan qu’il s’est appropriés en s’emparant de son vestiaire à Washington, marchant presque littéralement dans les chaussures du plus célèbre basketteur de tous les temps et écrivant à sa façon sa propre légende. N’en déplaise à certains (il n’a pas que des amis et même ses amis comme Richard Jefferson ne sont pas toujours d’accord avec lui), c’est l’une des voix les plus pertinentes sur le basket aujourd’hui. Dans un sport particulièrement complexe où il est souvent difficile d’avoir le fin mot d’une histoire, c’est une valeur sure.
All the smoke (1)
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Matt Barnes et Stephen Jackson
Anciens coéquipiers dans une des équipes les plus mythiques du basket américain avec Baron Davis (les Golden State Warriors de 2007, ils étaient sur le terrain quand leur meneur explosif a collé un dunk monumental sur la tête d’Andrei Kirilenko, défenseur hors pair d’Utah), Stephen Jackson et Matt Barnes se présentent comme les voix les plus cools de la sphère NBA actuellement. Outre la consommation d’herbe dont on se gardera bien de faire l’apologie ici, évidemment, c’est le franc-parler authentique de ces deux basketteurs qui donne une fraîcheur unique à leur podcast. Ils ont connu la NBA de l’intérieur, avec diverses fortunes (le passage de Jax aux Spurs lui reste encore en travers de la gorge) et c’est justement leur attitude de survivant qui leur donne aujourd’hui un aplomb sans équivalent. Ils sont respectés pour leur parcours et eux-mêmes se montrent humbles devant leurs invités et dans l’expression de leur opinion sur l’actualité, car ils savent qu’ils n’ont pas toujours été les meilleurs, ils ont connu les difficultés, les ratés, mais ont beaucoup appris de leurs défaites et se sentent légitimes pour en parler de manière éclairée aujourd’hui. Ils font littéralement corps avec leur émission, qui représente une transition réussie après leur carrière sportive.
All the smoke (2)
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KG Certified – Kevin Garnett et Paul Pierce
Auteur de plusieurs livres, joueur hors-normes qui a établi des records en termes de rémunération avec les Minnesota Timberwolves, au point de provoquer un lock-out après la signature d’un contrat sans précédent, Kevin Garnett a survolé la NBA à titre individuel, mais a longtemps souffert sur le plan collectif, avant de trouver le chemin de la gloire avec les Celtics de Boston, sous la gouverne de Danny Ainge (general manager), Doc Rivers et Tom Thibaudeau (coaches), aux côtés de Paul Pierce et Ray Allen, après avoir hésité à rejoindre Kobe Bryant à Los Angeles. Champion NBA (2008), champion olympique (2000), MVP (2003-04), Défenseur de l’année (2007-08), 15 fois all-star, 9 fois all-NBA en 21 saisons. Une carrière qui s’est prolongée sans cesse, probablement du fait d’une condition physique irréprochable alliée à une technique sans faille et une taille rare au poste d’ailier fort, jusqu’à son arrivée à Brooklyn. C’est un dieu vivant du basket mondial, une voix singulière, authentique, son avis est toujours bon à écouter.