Lettre ouverte à Terrence Clarke


Terrence,

Quelques heures se sont écoulées depuis l’annonce de Rich Paul, et je n’ai toujours pas réussi à fermer les yeux. Sacré cercle vicieux… La fatigue me rend encore plus triste.
Ces mots ne sont pas les plus structurés que j’ai pu écrire, ni les plus réfléchis, ça sera certainement brouillon mais ils sortent directement de mon cœur, sans traitement. Je ne pensais pas qu’après quelques semaines de pause au niveau des articles, je reviendrais avec ça, mais j’ai besoin de te décrire mon sentiment, besoin de te partager tout ça, de le mettre à l’écrit.

Je ne sais plus ce que je faisais à ce moment, quand j’ai reçu les premières notifications de mon portable. J’étais certainement en train de regarder un replay d’une course cycliste ou de la soirée d’Euroligue, me connaissant. Mais il était tard, et je commençais à m’endormir. J’aurais préféré m’endormir. J’aurais dû m’endormir si mon téléphone ne s’était pas allumé pour m’annoncer la nouvelle.

Quelques rumeurs ont commencé à circuler, les tweets se sont multipliés en quelques minutes. J’étais tétanisé. L’attente… L’attente de bonnes nouvelles, de nouvelles rassurantes, c’est ça le plus long.
Des flashbacks de la soirée avec l’accident de Kobe sont revenus. Prier que tout cela est faux, que les gens ont tort, qu’ils ont été mal informés, que tu vas bien.

Malheureusement, de nos jours, si des dizaines de journalistes relayent une information en même temps… Bref, j’ai vite compris…
C’est certainement cliché, mais je pensais être dans un cauchemar, que tout cela n’était qu’un mauvais rêve, et qu’à mon réveil, tout aurait disparu. Ce n’était pas le cas.

C’était désormais officiel. J’étais effondré. Le fan de basket universitaire que j’étais, aussi. Le fan de basket, également. Ta perte m’a rendu vulnérable cette nuit. Elle nous a rappelé que la vie, aussi talentueux sommes-nous, ne tient pas à grand-chose. Les messages de condoléances arrivaient en masse, je repensais à ton parcours, que je connais si bien.

Tout s’est fini à Kentucky. Ceux qui me connaissent savent à quel point je peux détester Kentucky, étant fan de Louisville. C’est la rivalité, la Battle of the Bluegrass, comme on dit là-bas. Lexington contre Louisville.

Des années et des années de rivalité épique, des matchs légendaires… Ta décision de rejoindre Calipari ne m’avait pas plu, mais c’est parce que j’avais peur. Peur de perdre face à toi, peur de perdre face à Kentucky.
Le pire dans tout ça, c’est que pour trouver toutes les failles de votre système, je suis prêt à regarder plus de matchs de UK que de Louisville, tel un rappeur qui voudrait savoir tous les défauts de son vis-à-vis avant une battle.
Je connais sûrement mieux ton jeu qu’un fan de Kentucky, après t’avoir étudié et scruté pendant des mois pour en trouver les défauts.

C’est ça une rivalité. Mais une rivalité ne peut pas se faire que d’un côté, et ton départ me fend le cœur.

Tu incarnais parfaitement la nouvelle vague de joueurs made in Brewster, totalement prêts pour le passage en NBA. Je me souviens de nombreux lives Periscope trouvés après des heures de recherche pour voir un jeune talent émerger et s’imposer comme l’un des meilleurs joueurs de sa génération.
J’avais même noté quelques mots sur un fichier de notes à ton égard au moment du McDonald’s All-American Game, preuve immense de ton talent.

Ton avenir était tracé pour la NBA. Longue ou courte, tu aurais fait carrière, parce que tu aimais le jeu, et parce que le jeu t’aimait.
Tu venais tout juste de signer chez Klutch Sports, qui croyait en toi, comme toute la planète NBA.
Même si Miami n’a pas de choix de draft cette année, j’aurais été enchanté de t’accueillir, sans aucune rancune après ton passage à Kentucky.
Tu avais le cœur d’un champion, et le talent pour réussir là où de nombreux ont échoué avant toi.
J’espère vraiment que la NBA et les Celtics feront un geste, que tu seras honoré, le 29 juillet prochain, toi, l’enfant de Boston, fan des Celtics, amoureux de la ville.

Je pense à ta famille, à tes parents, à tes proches, qui viennent de perdre un jeune homme souriant et talentueux.
Je pense à Brandon Boston Jr., ton coéquipier à Kentucky, lui aussi Burger Boy en route pour la NBA, présent à tes côtés jusqu’à la dernière seconde.
Je pense à tous ces jeunes fans, que tu as pu impressionner avec ta maturité, que tu as inspiré et toujours respecté.

Merci pour les émotions que tu as pu nous procurer, pour ces heures de basket que nous avons pu regarder.
Merci pour ce sourire magnifique qui restera à jamais.
Où que tu sois actuellement, même si des milliers de kilomètres nous séparaient et nous séparent encore, je suis heureux d’avoir pu te regarder jouer des heures et des heures, rivalité ou non.

Repose en paix,

Benjamin G.

Laisser un commentaire