Ce mercredi 25 octobre 2023, le pivot français expatrié aux États-Unis, Victor Wembanyama, jouait son premier match officiel avec les Spurs de San Antonio contre les Mavericks de Dallas dans le championnat NBA. Une première sortie correcte mais frustrante, du fait des 5 fautes personnelles qui ont rapidement limité son temps de présence sur le terrain, et donc sa production. Et si le jeune homme de 19 ans a montré des belles choses, comme ses coéquipiers, les très jeunes Spurs ont concédé une première défaite aux Dallas Mavericks de Luka Dončić, royal (119-126). Retour sur une première fois inattendue, intéressante et révélatrice à plus d’un titre, qui s’est jouée à pas grand chose (égalité à 2 minutes de la fin).
Un KD de 2,24m
Ils ont osé. Comme Magic Johnson en son temps, Victor Wembanyama est considéré par les Spurs pour ses capacités et non pour sa taille. Alors que tout joueur au-dessus de 2,10m au basket est généralement collé sous le cercle pour défendre et prendre un maximum de rebonds, Wemby a l’opportunité de montrer tout son talent à l’extérieur. Son premier contre en NBA? C’est Kyrie Irving qui a eu cet honneur sur un shoot. Le géant français n’a cependant jamais pu s’offrir l’autre star des Mavericks, le slovène Luka Dončić. C’est en attaque qu’il s’est illustré avec 3 tirs à trois points réussis en 5 tentatives (60 %), sans compter un quatrième panier réussi mais annulé pour une faute sifflée sur un coéquipier. Victor Wembanyama était bien réglé pour son tout premier match NBA.
Le problème des fautes, à suivre
S’il a impressionné avec déjà 15 points, avec une belle pointe en 4ème quart-temps (9 points à 4/5 aux shoots en 7:38 de jeu), c’est son temps de jeu réduit sur le terrain qui a sérieusement limité ses ambitions. Un problème courant pour un rookie et qui lui avait déjà joué des tours en LNB la saison dernière. En effet, avec sa taille et sa mobilité, son activité permanente sur le terrain, il se trouve fréquemment au contact et peut facilement être pénalisé. Un coude par ci, un coup de hanche par là, avec seulement 5 fautes en LNB (40 minutes) et 6 en NBA (48 minutes), la moindre maladresse en attaque comme en défense peut lui valoir deux fautes bêtes successives, lui coûtant des points et le renvoyant sur le banc de touche.
Le syndrome Zo Mourning
Comme Shawn Kemp et Alonzo Mourning, Victor Wembanyama est particulièrement concerné par ce point de règlement spécifique. C’est un talon d’Achille préoccupant. Tout seul, il peut s’auto-pénaliser par maladresse ou excès de confiance, sur des contacts à n’importe quel moment du match. Son talent n’a aucun intérêt s’il est bloqué sur le banc de touche. Et si les adversaires en profitent (on peut s’y attendre tôt ou tard, sans doute en playoffs), un peu de provocation ou de flopping peut permettre de régler le problème Wembanyama. Au lieu de l’affronter directement et de subir sa présence imposante, ils peuvent s’en servir contre lui. C’est le métier. Un problème qui sera identique en compétitions internationales – notamment face à des équipes « techniques » comme l’Espagne qui savent provoquer des fautes.
Un impact décisif sur le match
Après un premier quart-temps tonitruant (43-36), les Spurs ont perdu chacun des 3 quarts-temps suivants (25-28, 23-32 et 28-30) alors que Wemby passait à peine 5 minutes 33 sur le parquet en deuxième quart-temps (entré avec 8 minutes à jouer et ressorti à 3 minutes de la mi-temps, sans impact réel) et à peine 3 minutes 23 en troisième quart-temps. Si ses coéquipiers ont curieusement profité de son absence en fin de première mi-temps pour creuser l’écart (12-0 en deux minutes pour porter le score à 68-56), les Mavs ont recollé au score avant la pause (64-68) et profité de deux fautes rapides de Victor Wembanyama (la troisième à 9:15 sur sa prise de position contre Grant Williams et la quatrième à 8:37 sur un écran musclé contre Derrick Jones JR.) pour reprendre un avantage décisif (32-23 en troisième quart-temps dont 27-19 en l’absence du français) grâce notamment à 10 points de Dereck Lively (4/4 à 2 points et 2 lancers-francs).
Des Mavs qui ont entamé le dernier quart-temps avec 5 points d’avance (96-91), avantage qu’ils auront conservé pendant l’absence du géant français après sa cinquième faute dès la première action défensive (sur un drive de Luka Dončić) et qu’ils auront maintenu finalement jusqu’au bout (126-119) malgré le retour convaincant du français, trop court sur la fin (transparent dans les 3 dernières minutes). Dončić, lui, était royal et constant toute la soirée, avec son 31ème triple-double en carrière à 30 points ou plus (33 points, 14 rebonds, 10 passes décisives et 2 interceptions), réalisant une interception fatale (à 1:26) et un ultime panier à trois points pour tuer le match (à 30 secondes de la fin). Le slovène aura soit marqué, soit réalisé une passe décisive, sur les 11 derniers points du match (6 points pour lui et 5 points pour Kyrie Irving).
Une feuille de route qui se précise
C’est donc le métier qui rentre pour le rookie des Spurs, mais pas juste une question de jeunesse ou de nouveauté – c’est physique. Un tel gabarit, avec un peu d’inertie, dans un jeu très rapide et en mouvement constant, ça fait facilement des dégâts. Et les arbitres n’ont pas le temps de comprendre pourquoi un joueur plus petit se retrouve par terre ou se contorsionne (comme Grant Williams sur le coude de Wemby lors de sa prise de position en début de troisième quart-temps). Comme Rudy Gobert, Wemby paiera toujours sa stature impressionnante. À lui, comme notre pivot français, de ranger ses mains et de bien rester sur ses appuis, de ne pas se faire avoir sur des petits contacts inutiles et parfaitement évitables (comme sur le lay-up de Josh Green en contre-attaque avec moins d’une minute à jouer dans le premier quart-temps). C’est du jugement, l’habitude et une forme de rigueur. Il apprendra à éviter les pièges, malheureusement nombreux, et le risque sera quand même toujours présent pour un gabarit hors-normes. Un premier match compliqué, mais une belle saison en perspective à San Antonio.
Après avoir suivi Victor Wembanyama lors de sa dernière saison en France (10 matches depuis les tribunes dont les 3 derniers en finale à Monaco puis à Roland Garros), nous suivons avec attention la carrière américaine du prodige français.