Hors-normes, surdoué, Victor Wembanyama avait tous les atouts pour intégrer le championnat NBA. Numéro 1 de la draft en juin dernier, sélectionné par les Spurs de San Antonio, il avait fait l’impasse sur la Coupe du Monde FIBA avec l’Équipe de France pour assurer sa transition américaine. La saison qui commence bientôt, le 24 octobre 2023, s’annonce d’ores et déjà triomphante pour le rookie de 19 ans (2,24m pour 94kg). Voilà pourquoi.
Une pré-saison au-delà des attentes
Après une summer league correcte mais sans plus (à peine deux matches, un premier match raté, un second plus prometteur), Wemby était sagement retourné en coulisses pour travailler sérieusement, à l’abri des sollicitations notamment médiatiques. Une mise au vert qui a porté ses fruits. Avec un physique plus tonique, le géant des Spurs a attaqué les matches de pré-saison en mode KD, montrant son aisance au dribble, au shoot et à la passe en tant qu’extérieur. Il a notamment expérimenté son tir à trois points, avec 7 réussites en 22 tentatives (31,8%) et impressionné par sa défense sur des joueurs vifs et de toutes tailles. Sa mobilité, sa capacité à s’étirer de toute sa longueur pour aller chercher des ballons aussi haut après le shoot, sont une révélation. Les Spurs ont tenu parole, ils le laissent jouer son jeu en essayant de le suivre et de l’entourer au mieux. C’est une attitude très constructive, qui paye immédiatement.
Pas de bizutage pour le rookie
Dès son premier match, Victor Wembanyama a marqué 20 points. Alors que Greg Popovich a reconnu n’avoir annoncé qu’un seul système spécifiquement pour lui, le rookie français a trouvé des opportunités tranquillement, sans forcer, et il a tout simplement mis ses shoots. Des tirs propres, des mouvements fluides, qui font régulièrement ficelle – le fameux “swich”. S’il était passé à travers son premier match, comme en summer league, on l’aurait excusé. Même en pré-saison, ce sont déjà les équipes NBA complètes, la marche est énorme entre le premier contact américain de cet été et ces matches de préparation à quelques jours du début de saison. On se voyait déjà dire que le prodige est encore trop jeune, le jeu est trop rapide pour un français qui débarque… eh bien non. Wemby est déjà là, bien au point dans tous les compartiments du jeu. Même pour nous qui l’avons suivi de près depuis un an, c’est surprenant. On a beau être optimistes, conscients de son potentiel avec sa combinaison unique au monde de taille, de souplesse et de réactivité, il dépasse nos attentes par sa précocité. Tout va plus vite que prévu.
Le contre sur Klay – un bug dans la matrice
Réussir à se faire une place dans le roster des Spurs, faire bonne figure en pré-saison, d’accord. C’était logique après un été studieux avec le staff des Spurs. C’était l’idée. Mais battre les Golden State Warriors (122-117)? Contrer Klay Thompson puis Andrew Wiggins à 3 points? C’est une authentique dinguerie. À quelques jours du début de la saison régulière NBA, avec un training camp dans les pattes, les clubs sont au point, il n’y a pas d’erreur. Ce n’est pas une aberration. Le rookie des Spurs défie déjà l’ordre établi en NBA. Seulement quelques mois après son dernier match en championnat de France (en finale contre Monaco), force est de constater que ses qualités physiques, mentales et son jeu s’appliquent parfaitement à la NBA. La greffe a déjà pris. Et ce n’est que le début !
Une discipline de fer – le ciel pour seule limite
La raison d’y croire très fort, c’est la méthode grâce à laquelle Wemby est en train de réussir sa transition en NBA. Rien n’est dû au hasard. Le sacrifice difficile mais inévitable de l’Équipe de France, critiqué même par des spécialistes reconnus, n’était pas un simple caprice de star, mais une décision murement réfléchie. Une impasse obligatoire pour travailler spécifiquement dans l’environnement des Spurs, avec tous les avantages (infrastructures, personnel, planning optimisé) et les objectifs du club en connaissance de cause (après les tests suffisamment concluants de la summer league). Le résultat est déjà là. Annoncé comme le meilleur joueur du monde d’ici 3 ou 4 ans par Richard Jefferson (en écho à Magic Johnson), il a réussi son intégration en NBA et se prépare à vivre une saison historique au sein d’un club qui le comprend. C’est une machine de précision qui ne s’arrêtera pas. Et même s’il y a des revers, des hauts et des bas, voire même une blessure, c’est un train qui ira dans un seul sens quoiqu’il arrive: toujours plus loin, toujours plus haut. Victor Wembanyama a 19 ans et 291 jours (le 22 octobre 2023), il fêtera ses 20 ans à San Antonio le jeudi 4 janvier 2024 avec une belle affiche contre les Milwaukee Bucks du tandem Lillard-Antetokoúnmpo. Alors que les autres clubs NBA ajustent déjà leur préparation pour le phénomène des Spurs, il est prêt lui aussi à les affronter. Son avenir est définitivement tout tracé.
Après avoir suivi Victor Wembanyama lors de sa dernière saison en France (10 matches depuis les tribunes dont les 3 derniers en finale à Monaco puis à Roland Garros), nous suivons avec attention la carrière américaine du prodige français.