Un Jour aux Jeux d’Atlanta, naquit la « Dream Team » USA, troisième du nom

À moins d’un an des Jeux Olympiques de Tokyo, Clutch Time vous propose, à travers une série d’articles, de revenir sur des grands moments de basket à jamais gravés dans l’histoire des jeux.

Cette semaine Clutch Time nous ramène aux Jeux olympique d’Atlanta en 1996, alors que la Team USA, championne olympique en titre, vise une nouvelle médaille d’or, l’héritage des jeux de Barcelone et des mondiaux de Toronto fit naître une nouvelle cuvée exceptionnelle asseyant un peu plus l’hégémonie américaine sur la planète basket.

LES JEUX D’ATLANTA

Cette édition du centenaire des Jeux Olympiques d’été revêt une dimension singulière dans l’histoire du sport. Au-delà de la dimension commerciale à outrance et des problèmes d’organisation et de transport, cette 26ème édition fut une nouvelle fois au cœur d’une terrible tragédie survenue en plein milieu du village Olympique, dans le Parc du Centenaire d’Atlanta, alors qu’une explosion causa la mort de deux personnes et des centaines de blessés le 27 juillet 1996. Un évènement douloureux qui nous ramène alors vingt-cinq ans en arrière lors de la prise d’otages sanglante des Jeux de Munich en 1972.

Muhammad Ali dernier porteur de la flamme olympique

Néanmoins ces Jeux d’été demeurent en tout point exceptionnels sur le plan sportif. Le « Kid » de Las Vegas, Andre Agassi (Tennis), va remporter la médaille d’or au même titre que sa compatriote Lindsey Davenport. Le nageur russe Alexander Popov va rapporter quatre médailles dont deux en or sur 50m et 100m nage libre. Enfin le sprinteur américain Michael Johnson tiendra sa revanche des jeux de Barcelone en remportant le 400m puis le 200m établissant au passage un nouveau record du monde du demi-tour de piste. C’est aussi une année placée sous le signe du bleu blanc rouge tricolore avec les premiers titres à l’épée (individuel et par équipe) de Laura Flessel, la première médaille d’or des lourds du judoka David Douillet et bien évidemment le récital de Marie-José Pérec qui réalisera la même performance que Johnson en athlétisme, s’adjugeant l’or sur le 200m et 400m.

L’héritage des Jeux de Barcelone et de la Dream Team 1992

Comme à Los Angeles en 1984, la Team USA, forte d’une quasi-invincibilité aux jeux (dix médailles d’or), veut absolument marquer ces jeux à domicile, et ainsi asseoir un peu plus son hégémonie sur la balle orange. Il faut dire que la décision de la FIBA (pourtant rejetée par la fédération américaine) d’autoriser les États-Unis à partir de 1989 d’envoyer leurs joueurs NBA en compétitions internationales, va ouvrir la voie vers une nouvelle ère dans le basket mondial, celle de la Dream Team. Dès lors la magie opéra durant les jeux de Barcelone, alors que pas moins de douze joueurs professionnels représenteront pour la première fois les États-Unis dans une grande compétition.

Et quels joueurs ! À l’exception du jeune universitaire Christian Laettner (Duke), David Robinson, Patrick Ewing, Charles Barkley, Karl Malone, Larry Bird, Scottie Pippen, Chris Mullin, Michael Jordan, Clyde Drexler, John Stockton et Magic Johnson composent cette « Dream Team » américaine. Un roster de joueurs All-time, qui va créer un engouement jamais vu dans le basket, un déchaînement médiatique autour d’une équipe exceptionnelle qui va faire étalage de son talent et réaliser une véritable démonstration de basket encore inégalée aujourd’hui. Le concept va faire des émules et l’héritage des jeux de Barcelone va se transmettre en 1994 puis en 1996 aux Jeux d’Atlanta.

Dream Team 1992

TEAM USA 1996

Lenny Wilkens

Lenny Wilkens, entraîneur des Hawks d’Atlanta, est choisi par Team USA Basket pour succéder à Don Nelson (champions du monde en 1994) afin de diriger cette nouvelle sélection américaine lors des jeux 1996. Pour des olympiades qui se déroulent à Atlanta, ville des Hawks, entraînés par Wilkens en personne, le choix du technicien new-yorkais pour mettre sur pied la prochaine équipe américaine championne olympique, semble légitime. Ancien joueur phare des Hawks de Saint-Louis puis des Sonics dans les années 60 et 70, le Hall of Famer est également devenu un coach immensément respecté en NBA et bénéficiant d’une aura particulière vis-à-vis du basket. C’est donc sans grande difficulté que Wilkens, épaulé par ses assitants Jerry Sloan (Utah Jazz), Bobby Cremins (Georgia Tech) et Clem Haskins (Minnesota), parvient à attirer les meilleurs basketteurs NBA du moment.

Sur les douze joueurs sélectionnés pour le tournoi olympique, cinq d’entre eux ont déjà participé aux jeux de Barcelone. Charles Barkley, Karl Malone, John Stockton, David Robinson et Scottie Pippen entourent ainsi d’autres têtes d’affiches de la NBA, Grant Hill, Anfernee Hardaway, Shaquille O’Neal, Gary Payton, Hakeem Olajuwon, Reggie Miller et Mitch Richmond. Tous incarnent la troisième dynastie de la Dream Team américaine prête à casser la baraque à domicile au mois de juillet. Dans une forme de continuité depuis la médaille d’or en 1992, l’effectif cinq étoiles dont dispose le staff a de quoi faire peur, très peur.

L’Amiral, Le Dream et Le Diesel

Lors d’une série de match de préparation olympique en guise de scrimmage, les USA seront sans pitié. D’abord opposée à la sélection US 1990 de Alonzo Mourning et Christian Laettner (victoire 96-90), la sélection olympique va dérouler face aux brésiliens (109-68), chinois (119-58), australiens (118-77) et grecs (128-62). 43 points d’écart en moyenne sur lors de cette tournée. Un rouleau compresseur est en marche. Partout où elle passe, du Michigan à Utah, en passant par l’Arizona, cette Team USA provoque engouement et attente du public. N’en jeter plus, la troisième Dream Team est en marche.

(liens des matches d’exhibition: Team USA – Team 90 / Team USA – Brazil / Team USA – China / Team USA – Australia / Team USA – Greece)

Box Score Team USA 96 – Team USA 90

Dream Team III

Dream Team 1994

En comparant les joueurs extérieurs (poste 1 à 3) des trois générations, il n’y a pas photo. La Dream Team originale est imbattable dans tous les domaines. Capables d’aligner à la mène Stockton ou Magic, à l’arrière Jordan ou Drexler et sur les ailes Larry Bird, Pippen ou encore Chris Mullin, impossible de faire mieux pour la décennie. La cuvée 96 prend en revanche l’avantage sur les 94 grâce notamment à la présence des barcelonais Stockton et Pippen ainsi qu’aux sélections de Miller, Payton et A. Hardaway. D. Wilkins, D. Majerle, K. Johnson et J. Dumars restent un ton en dessous en particulier depuis les forfaits de Isiah Thomas et Tim Hardaway initialement appelés pour le mondial 94.

#1 Dream Team I (Larry Bird, Clyde Drexler, Magic Johnson, Michael Jordan, Chris Mullin, Scottie Pippen, John Stockton)

#2 Dream Team III (Anfernee Hardaway, Grant Hill, Reggie Miller, Gary Payton, Scottie Pippen, Mitch Richmond, John Stockton)

#3 Dream Team II (Mark Price, Steve Smith, Reggie Miller, Dan Majerle, Kevin Johnson, Joe Dumars, Dominique Wilkins)

Le secteur intérieur réserve en revanche une sacrée opposition. Difficile en effet de faire mieux comme casting que l’équipe de Big Men de 96. Les retours de Malone, Barkley et Robinson associés au Shaq’ et Olajuwon font clairement figure de raquette All-Time. En 92, Chuck Daly n’était parti qu’avec le grand Patrick Ewing et le jeune Christian Laettner en plus du Mailman, de Baby TGV et de l’Amiral. Une moins belle raquette pour le coup alors que la Dream Team II, malgré la présence de Mourning, Kemp ou encore Larry Johnson, ne parvient pas non plus à l’égaler.

#1 Dream Team III (Karl Malone, Charles Barkley, Hakeem Olajuwon, David Robinson, Shaquille O’Neal)

#2 Dream Team I (Charles Barkley, Patrick Ewing, Christian Laettner, Karl Malone, David Robinson)

#3 Dream Team II (Larry Johnson, Derrick Coleman, Shawn Kemp, Alonzo Mourning, Shaquille O’Neal)

LE TOURNOI OLYMPIQUE 1996

Place aux choses sérieuses ! Du 20 juillet au 4 août 1996, le quatorzième tournoi olympique de basket se déroule au « Georgia Dome » d’Atlanta. Il oppose alors deux poules de six équipes, (USA, Lituanie, Croatie, Chine, Argentine et Angola) et (Yougoslavie, Australie, Grèce, Brésil, Porto Rico et Corée du Sud) pour déterminer au bout du premier tour quelles équipes accèderont en quart de finale. Un premier tour déjà palpitant pour tous les fans venus assister en nombre (entre 30 et 35 000 spectateurs à chaque match) à la démonstration américaine qui devront néanmoins se méfier des lituaniens et brésiliens toujours difficiles à manœuvrer en match.

Phases de groupes

Le 20 juillet, Team USA débute timidement son tournoi face à l’Argentine du jeune Fabricio Oberto. On est encore loin de la générations dorée argentine des années 2000, génération qui renversera les USA en 2004, mais l’Argentine vend chèrement sa peau sur le parquet, derrière son arrière Juan Alberto Espil (27 points à 3 sur 7 à longue distance) et la sélection sud-américaine rentre aux vestiaires, menée de deux points seulement (46-44). Une sacrée surprise pour le public qui assiste à un début de tournoi compliqué des américains, qui peine à rentrer ses tirs (7 sur 20 à 3 points) et poser son jeu et chahutés par une équipe pourtant largement à leur portée. Au retour des vestiaires Gary Payton sur une interception, envoi Scottie Pippen au dunk, suivi d’un jump-shot d’Olajuwon dans les premières minutes du match permet à la Dream Team de creuser un écart de huit points. Team USA ne lâchera plus une miette aux argentins, impuissants, et les hommes de Wilkens autour d’une raquette un ton au-dessus, termineront le match par un gros run (19-4) dans les dernières minutes du match. Score final 96-68, David Robinson termine meilleur marqueur des USA aux côtés de O’Neal (13 points, 4 rebonds) et Grant Hill (10 points, 5 passes et 4 rebonds). Une mise en garde pour la Dream Team qui pour la première fois depuis 1992 n’est pas parvenue à dépasser la barre des 100 points en match aux Jeux.
Box Score

Le match suivant se veut rassurant. Face à l’Angola, modeste champion d’Afrique 1995 et devant 30 000 spectateurs (record olympique), les joueurs de Lenny Wilkens vont tranquillement dérouler leur jeu pendant toute la rencontre, menant de treize points à la mi-temps pour finir sur une victoire sans forcer (87-54). Malgré la participation et l’effort de toute l’équipe, les États-Unis échouent une nouvelle fois en dessous des 100 unités, les basketteurs américains se répartissant le plus possible le scoring (Karl Malone termine meilleur marqueur avec 12 points, 6 rebonds) avec un Charles Barkley en dessous du double figure (7 points, 7 passes, 9 rebonds) et sans coup de coude. Une explication logique que Grant Hill expliquera quelques années plus tard
Box Score

« En fait, c’était plutôt drôle – personne dans l’équipe ne voulait être le meilleur marqueur lors de ces jeux. Parce que celui qui terminait meilleur marqueur devait passer plusieurs heures au contrôle anti-dopage après la rencontre (…) en observant les matchs, tout le monde jouait de manière altruiste en se passant le ballon, car personne ne voulait prendre un tir. »

Grant Hill

En ce 24 juillet, un match crucial attend la Dream Team. Pour leur troisième rencontre, opposés aux Lituaniens, médaillés de bronze en 1992 à Barcelone et désormais vice-champions d’Europe (1995), les américains vont devoir sortir le bleu de chauffe devant les quelques 34 000 personnes venues assister à ce match décisif. Face à la nouvelle coqueluche des Trail Blazers, Arvydas Sabonis et aux champions olympiques 1988, Rimas Kurtinaitis, Šarūnas Marčiulionis (absent de la feuille de match) et Valdemaras Chomičius, Charles Barkley et sa bande vont sortir une très grosse performance collective face à des lituaniens qui vont rester au contact durant 23 minutes avant de lâcher prise face au rouleau compresseur américain. À la mi-temps cependant, les hommes de Wilkens n’avaient que huit longueurs d’avances sur les hommes de Garastas (42-50), exploitant encore une fois les quelques erreurs des américains, gênés par la défense de zone des lituaniens. Après un gros run (25-9) au retour des vestiaires, les USA prendront le large pour dépasser enfin la barre symbolique des 100 points (104-82) autour d’une bonne répartition de la marque (16 points pour Barkley, 14 pour Malone et Miller et 13 pour Pippen). L’intérieur Gintaras Einikis terminera néanmoins meilleur marqueur de la rencontre (21 points et 7 rebonds) devant un Sabonis limité par une blessure (12 minutes jouées) et face à une sélection américaine bien trop forte en deuxième mi-temps.
Box Score

Post-up de Olajuwon sur Arturas Karnisovas

Le quatrième round sera finalement un récital pour les USA dans la lancée du match précédent. La Chine difficilement capable de rivaliser, va recevoir une leçon de basket pendant près de quarante minutes. Trop rapides et trop puissants, les joueurs américains vont exploser la raquette chinoise (40 points en 1ère mi-temps) pour mener 62-28 après vingt minutes de jeu. Bien plus adroits (64% FG à 12/24 à 3pts) que lors des précédentes rencontres, Scottie Pippen (24 points, 4 passes), Grant Hill (19 points, 5 passes, 4 rebonds et 5 steals) et Reggie Miller (17 points) vont finir meilleurs marqueurs de la rencontre. Avec un Penny Hardaway altruiste (15 points, 10 passes) et un Shaq’ en double double (13 points, 10 rebonds), les USA empochent une 4ème victoire de rang et conservent leur première place du groupe, se dirigeant lentement vers un nouveau sacre.
Box Score

Le 28 juillet se joue alors le dernier match de poule des USA (déjà qualifiés) face à la Croatie de Petar Skansi, médaillée d’argent en 1992 à Barcelone. De vieilles retrouvailles pour les anciens Malone, Pippen et Barkley qui croisent à nouveau la route du futur Bulls Toni Kukoč, de Dino Rađa et Žan Tabak mais privés de son génie Drazen Petrovic (décédé trois ans plus tôt). Le match sera malheureusement à sens unique pour les croates, pas toujours adroits et laminés au rebond (41 prises contre 22). Le collectif américain fera le reste avec un Mitch Richmond en forme (16 points, 5 rebonds) et le double-double de Charles Barkley (14 points, 12 rebonds) et une victoire très nette (102-71). Les croates Tabak (19 points, 7 rebonds), Slaven Rimac (14 points) et Toni Kukoč (10 points, 10 passes) ne sont pas parvenus à stopper le rythme des joueurs américains qui confortablement installés à la première place, valident leur ticket pour les ¼ de finale. De l’aveu même de Kukoč « Je ne m’attendais pas à ce que Pippen et MJ soient aussi sérieux (les deux joueurs étaient contre la venue du joueur croate) … Malgré un pouce gauche cassé je savais que si je ne jouais pas, tout le monde aurait pensé que j’avais peur d’affronter ces types ».
Box Score

Sir Charles en contre-attaque face au croate Vladan Alanovic

« Je ne le connaissais pas il y a quatre ans, je voulais défendre sur lui pour l’éteindre et par la même occasion faire taire les critiques qui disaient qu’il était le meilleur joueur européen à l’époque »

Scottie Pippen

Phases finales

Brésil – USA

O. Schmidt face à C. Barkley

Au lendemain de l’incident du Parc olympique du centenaire, l’équipe américaine , qui a du évacuer son hôtel la veille, se retrouvent face aux brésiliens d’Oscar Schmidt (27,4 points par match). L’ailier fort de 38 ans, meilleur marqueur de l’histoire aux Jeux et de cette édition, sera défendu toute la rencontre par Scottie Pippen et Grant Hill, qui à tour de rôle ne lâcheront pas le grand Oscar d’un centimètre en deuxième mi-temps. Terminant avec une feuille de match de 26 points et 5 rebonds, tandis que ses partenaires se feront manger tout cru par la Dream Team, le Brésil s’incline (75-98). Passé le premier tour, les États-Unis jouent plus libéré grâce à une solide défense. Hardaway (14 points, 4 passes), Pippen (13 points, 6 passes, 4 rebonds) et O’Neal (11 points, 11 rebonds) vont se mettre en évidence dans un duel largement maîtrisé par les hommes de Wilkens, solide en défense (38% d’adresse générale pour les brésiliens contre 59% pour les USA) et à la répartition du scoring (aucun joueur à plus de neuf tirs).
Box Score

USA – Australie

Scottie Pippen face à l’ailier Andrew Vlahov

Plus que deux marches à franchir pour la sélection américaine qui doit se frotter aux surprenants australiens, tombeurs en 1/2 finale des croates (71-73). Difficile d’imaginer les « Aussies » réitérer l’exploit, notamment depuis la correction reçue quelques semaines plus tôt en match de préparation (118-77). Pourtant les joueurs de Barry Barnes surprennent depuis le début des Jeux (victoire face au Brésil et la Grèce) derrière son back court Andrew Gaze (24 points) et Shane Heal (18 points, 5 passes) et veut prouver que le basket australien peut prétendre à une médaille en rivalisant avec la Dream Team. Les intentions étaient bonnes mais les USA, sur un nuage depuis la fin des phases de groupe, roulent sur l’Australie (101-73), laissant même scorer le duo d’arrière australien (44 points cumulés) en première mi-temps. Au retour des vestiaires (51-41), Charles Barkley (24 points, 11 rebonds) sonne le chaos pour les Boomers. Lenny Wilkens charge Reggie Miller de tenir Andrew Gaze (trois points inscrits durant la mi-temps) et la raquette américaine fit le reste. L’absence du pivot des Bulls, Luc Longley, handicapa sérieusement l’Australie qui ne parvint pas à contenir Robinson (14 points, 9 rebonds) et le Shaq’ (14 points, 8 rebonds) ouvrant ainsi une nouvelle victoire à la Dream Team et s’ouvrant les portes de la finale olympique.
Box Score

Yougoslavie (Serbie & Monténégro) – USA

Une belle affiche pour tous les spectateurs présents ce 3 août 1996, car c’est bel et bien la très populaire équipe de Yougoslavie qui défie l’ogre américain. Mais sur le papier, le roster yougoslave cloche un peu depuis quelques années. Il faut dire que les conflits qui ont ravagé l’ex-état d’Europe de l’Est sur fond d’indépendance plombèrent les espoirs de voir un jour la sélection yougoslave renverser la Dream Team américaine. Lors des Jeux de Barcelone, la Croatie n’avait malheureusement rien pu faire face aux mastodontes américains. C’est tout de même avec un roster Djordjevic – Danilovic – Bodiroga – Paspalj – Divac, elle aussi invaincue depuis le début du tournoi qui se présente face à la Dream Team américaine. Après une demi-finale incroyablement serrée face à la Lituanie (66-58), la sélection yougoslave espère réaliser l’exploit qui doit être le sien depuis plusieurs années. Renverser les États-Unis en finale des Jeux, chez eux, devant près de 35 000 personnes pratiquement tous acquis à la cause des joueurs américains.

La première mi-temps semble tout à fait indiquer cette volonté de mettre en difficulté les champions olympiques. Les hommes de Željko Obradović, utilisent une défense de zone, compliquée à gérer alors pour les joueurs de Wilkens de l’époque, car interdite en NBA. Face à ce casse-tête, américains et yougoslaves se rendent coup pour coup dans un match sous tension. Les coéquipiers de Pippen rentrent difficilement dans leur match, en difficulté avec leur adresse et face à des yougoslaves audacieux qui provoquent les fautes (16 fautes) et derrière un Paspalj en feu (16 points à la mi-temps), Team USA s’en remet alors à la réussite de Miller et les entrées de Barkley, Robinson, Hardaway et Stockton pour finalement prendre les commandes du match après 17 minutes de jeu (36-35). Bodiroga et Divac dans leur rôles de meneurs d’hommes ont parfaitement tenus leur rôles sur cette première mi-temps, l’un en s’arrachant au rebond et l’autre en rentrant les lancers cruciaux pour n’être menés que (43-38) à la pause.

Shaquille O’Neal défendu par Vlade Divac

Au retour des vestiaires, le match reprend après une cérémonie en l’honneur de Muhammad Ali. La défense américaine peine encore et toujours face aux champions d’Europe 1995, mais le réveil en attaque des joueurs de Wilkens et les fautes à répétitions des yougoslaves va permettre de creuser un peu plus l’écart. Divac, exclu pour cinq fautes après seulement cinq minutes de jeu va libérer de l’espace pour le récital de David Robinson (28 points, 7 rebonds) et permettre aux américains de prendre le large (77-58) à cinq minutes de la fin. À tour de rôle Reggie Miller (20 points, 4 passes), Penny Hardaway (17 points, 4 passes, 2 steals) et Robinson vont écoeurer la Yougoslavie offrant sur un plateau une onzième couronne olympique aux États-Unis devant un public conquis. Malgré les performances de Papalj (19 points), Djordjevic (13 points, 6 passes, 5 rebonds) et Bodiroga (13 points, 5 rebonds), les USA étaient trop forts, depuis leur banc (60 points inscrits) et avec leur adresse (53 % FG). La Dream Team 3ème du nom rentre ainsi dans l’histoire.
Box Score

Pippen levant les bras en signe de victoire

LA DREAM TEAM II À LA POSTÉRITÉ

Certes la mise en route des États-Unis fut assez lente. Mais tel un diesel, une fois lancé, aucune équipe n’est parvenue à stopper l’allure des américains jusqu’au titre. Dotée d’une force de frappe deux, voire dix fois supérieure aux autres équipes avec des individualités à leur prime, Charles Barkley et sa bande ont joué un basket d’un tout autre niveau physique et technique sans défaillir un seul instant. Ce même Barkley qui avouera plus tard, dans son style très caractériel, avoir vécu un cauchemar au sein de cette sélection américaine.

« La seconde Dream Team fut une des pires expériences de ma vie. En 1996 c’était un cauchemar. Les gars ont commencé à se plaindre de leur temps de jeu, à dire ‘Je devrais être titulaire.’ J’étais genre ‘Attendez une minute, Vous êtes loin d’être aussi bons en comparaison de l’équipe dans laquelle j’ai été’ (JO 1992). J’ai détesté ça. »

Charles Barkley

En dépit de ces tensions dans le groupe, les États-Unis présentent une fois de plus un bilan immaculé de huit victoires en autant de rencontres, décrochant logiquement la médaille d’or, chez elle, à Atlanta devant près de 35 000 personnes. Pour la onzième fois, Team USA a prouvé au monde entier sa maîtrise du basket et l’écart encore immense (31,7 points d’écart moyen par match) qui séparait les américains du reste du monde. Un écart qui vraisemblablement finira par se réduire avec le temps, mais qu’importe les États-Unis conservent leur couronne olympique et trônent plus que jamais au sommet du basket mondial au XXème siècle.

L’héritage laissé par la génération dorée de Barcelone s’est propagé tel un brasier durant la décennie, offrant ainsi aux basket américain les plus belles pages de son histoire sur la scène internationale. Il est très courant, même de nos jours, de comparer les différentes équipes de 1992 à 2000 mais il est évident que la Dream Team de 1996 occupe une place à part dans la galaxie du basket. Les hommes de Lenny Wilkens furent en effet les plus proches du niveau de Jordan & co en 1992, tant sur le casting que par leur niveau de jeu et les résultats qu’ils ont obtenus cette année-là, qui ont séduit les foules au Georgia Dome. Il n’en reste pas moins que la Dream Team, la vraie, demeure à la fois sur le plan médiatique, culturelle, historique et sportif la meilleure équipe de l’histoire.

Vingt-trois ans après et contrairement à son aînée, la génération de 1996 n’a toujours pas été intronisée au Hall of Fame, principalement parce que plusieurs joueurs faisant déjà partie des médaillés de Barcelone, y seraient encore honorés. Mais il est certain qu’elle mériterait d’y entrer pour son succès et son infuence sur le basket actuel. À ce titre plusieurs joueurs (et entraîneurs) sont évidemment entrés au Panthéon des plus grands de leur sport, pas uniquement pour cette médaille effectivement, mais pour l’ensemble de leur carrière respective durant laquelle les Jeux Olympiques d’Atlanta ont compté. Que ce soit Jerry Sloan et Lenny Wilkens ou le Shaq’, onze des douze membres de l’équipe (hors-staff) trônent désormais au temple de la renommée.

Enjoy !

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