Un jour aux Jeux, les USA ont livré l’un des plus grands matchs de basket international de l’histoire
Nous sommes le 24 août 2008, jour de cérémonie de clôture des 21ème Jeux Olympiques d’été qui se sont déroulés pendant près d’un mois à Pékin en Chine. Un peu plus tôt en début d’après-midi le tournoi de basket masculin touche à sa fin avec un duel entre l’Espagne et les États-Unis pour la médaille d’or. Personne ne le sait encore mais les quelques 11 000 spectateurs, présents dans le Wukesong Indoor Stadium, auront le privilège d’assister à une finale qui restera dans les annales du basket.
Une succession d’échecs retentissants
Revenons quelques années en arrière. La Grande Team USA Basket connaît en 2002 une année noire lors des championnats du monde qui se déroulent chez elle, à Indianapolis. En dépit de ses joueurs professionnels qui ont répondu présent pour défendre les couleurs de la bannière étoilée, les États-Unis se crashent dès les ¼ de finales face aux tenants du titre et futurs champions yougoslaves (l’ex-Yougoslavie disparaîtra en 2003). Cette désillusion s’avéra être bien plus profonde qu’un simple accident de parcours. Rebelote deux ans plus tard lors des Jeux d’Athènes, les américains ne décrocheront que le bronze malgré la présence des superstars de la NBA. Du coup, Exit Larry Brown, Bonjour Mike Krzyzewski, coach mythique des Blue Devils de Duke (ex-adjoint de Team USA lors des JO 1984 puis 1992) qui doit redorer le blason américain de toute urgence. La « Redeem Team » cherche à retrouver son fauteuil de nation incontestée du basket. En dépit d’un énorme travail pour attirer les meilleurs joueurs et pratiquer le meilleur basket possible, les USA se heurtent à la Grèce en ½ finale du Mondial 2006 au Japon, qui verra l’Espagne, autour de sa génération dorée, remporter son premier grand titre sur la scène internationale.
Road To Redemption
Les Jeux de Pékin s’annoncent comme l’un des plus grands défis auquel les meilleurs joueurs vont répondre. Après avoir remporté le tournoi de qualification olympique des Amériques, coach K est reconduit en tant que Head Coach et emmène avec lui Bryant, James, Wade, Kidd, Anthony, Paul, Bosh, Howard et Williams qui forment alors l’un des escouades les plus impressionnantes de l’histoire (seuls les Celtics Allen, Garnett et Pierce manqueront à l’appel). La motivation est palpable. Lebron James déclarera alors au Time : « C’est l’or et rien d’autre ». ESPN réalisera même un programme sur la préparation de l’équipe pendant les semaines qui précèdent l’ouverture du tournoi olympique.
La ruée vers l’or
Reversé dans le groupe B avec le pays hôte, le tournoi olympique se révèle être une promenade de santé pour les joueurs américains. Une leçon de basket pour les chinois (101-70) lors du match d’ouverture, deux matchs tranquillement menés face à l’Angola (97-76) puis la Grèce (92-69) avant de dérouler face à l’Espagne (119- 82) puis l’Allemagne (106-57). Le rouleau compresseur américain est de nouveau fonctionnel avec des pourcentages écœurants, un scoring et un temps de jeu réparti équitablement mais toujours avec un basket léché et du beau jeu. Dans le tableau final, le récital va continuer face aux australiens d’abord (116-85) puis face aux champions olympiques argentins, bourreau des USA quatre ans plus tôt à Athènes. La revanche acquise avec la manière, il ne reste plus qu’un obstacle sur la voie dorée de l’olympe.
Une finale de légende
Les espagnols, emmenés par le grand Pau Gasol, se sont hissés jusqu’en finale avec un bilan quasi-parfait entaché d’une seule défaite face aux américains. Mais malgré le score fleuve du premier match, les médias prévoient une tout autre opposition de la part des ibériques. Le premier quart temps démarre sur un rythme de feu des américains qui cherchent à étouffer les espagnols en défense dans les premières minutes. L’Espagne, très inspirée offensivement, va répondre brillamment pendant de longues minutes derrière le très prometteur Ricky Rubio et la fratrie Gasol. En dépit des efforts américains, l’Espagne est devant après cinq minutes d’une finale qui bat déjà des records d’adresse (près de 78% d’adresse générale pour l’Espagne contre 60% pour les USA). Les joueurs espagnols commettent cependant trop de faute dans cette première manche et alors que le staff américain remplace le cinq de départ au complet, les USA accélèrent encore le rythme grâce à l’entrée de Dwayne Wade et de Chris Paul pour reprendre progressivement le leadership au tableau d’affichage. (38-31) pour les USA et déjà un record de panier réussi en l’espace de dix minutes.
Début du deuxième quart temps, le cinq de départ composé de Kobe, Melo, Kidd, James et Howard fait son retour sur le parquet et le rythme ne redescend pas. Kobe donne dix points d’avance sur un nouveau tir primé. Les frères Marc et Pau Gasol limitent la casse dans la raquette et assurent un écart stable pendant un long moment durant lequel Rudy Fernandez va sortir de sa boîte et envoyer trois météores longues distances, dont un tir en solo sur la tête de Deron Williams. Les américains sont déterminés à enfoncer défensivement les champions du monde sur des séances de contre-attaques « fast break basket » à l’image de Wade qui est sur un nuage cet après-midi (27 points sur la feuille !). L’Espagne n’est plus mené que de sept points (67-60) mais commet encore trop de fautes. La fluidité et le niveau de jeu américain sont sans équivoque sur cette première mi-temps.
Au retour des vestiaires, les espagnols semblent remontés contre l’adversaire (et l’arbitrage) et cela se traduit directement par une série de perte de balle des USA. Il faudra attendre près de deux minutes pour voir Howard offrir les premiers points à son équipe dans ce début de deuxième mi-temps. La « Roja » pose les verrous en défense et n’est désormais plus qu’à quatre points d’égaliser après cinq minutes de jeu dans ce 3ème quart temps. Team USA ne tarde pas à riposter grâce à James puis Wade et reprend son matelas de dix unités d’avance sur l’Espagne. Les deux équipes se rendent coups pour coups jusqu’à la fin du quart temps alternant lay-ups, hook shots, tirs en suspension et tirs longue distance. (91-82) en faveur de Team USA. Le dénouement approche !
Dernier acte et l’Espagne frappe fort d’entrée avec un drive de Rudy Fernandez qui envoi Pau Gasol au dunk puis une passe laser de Rubio pour Fernandez encore qui décoche un trois points assassins, (91-89). En l’espace de deux minutes les « Niños de Oro » recollent à deux longueurs des américains. Touchée mais pas atteinte, Team USA sonne le chaos pendant une minute et inflige un 7-0 à l’Espagne. Cependant plus rien ne paraît effrayant pour la « Roja » qui envoie un nouveau missile dans le corner par Rudy « Airlines » auquel Kobe va répondre dans le même coin gauche opposé. Ce même Rudy Fernandez qui une minute plus tard va claquer un énorme tomar sur le coin de la tête de Dwight Howard. Il reste cinq minutes à jouer, le jeu, d’une intensité folle depuis la première minute, redescend petit à petit et les fautes sont plus nombreuses. Kobe claque un nouveau shoot longue distance immédiatement suivi d’un floater en équilibre de Juan Carlos Navarro puis d’un nouveau tir primé de Cristián Jiménez (108-104). Pour la première fois, dans l’histoire des jeux, les deux finalistes dépassent la barre des 100 unités chacun. Sous les yeux du patron de la grande ligue, David Stern, la foule en ébullition est tantôt subjuguée par la force de frappe américaine, tantôt émue par la pugnacité des espagnols. À l’approche du money time, les USA vont se montrer particulièrement efficaces et plein de maîtrise pour gérer leur avance. D’un dernier tir salvateur de Wade, les espagnols semblent sonnés. Les fautes (tactiques) espagnoles s’enchaînent et Chris Paul et Kobe répondent avec réussite sur la ligne des lancer-francs. L’écart semble suffisant, les américains trop forts, jubilent et finissent par faire abdiquer des espagnols courageux de la première à la dernière minute de ce match qui s’inscrit déjà comme l’une des plus belles finales de l’histoire des jeux. (118-107) pour les États-Unis et le devoir accompli pour la 13ème fois de son histoire.
De la rédemption à la postérité
Pouvait-on imaginer un autre scénario sur cette finale ? Évidemment. Les deux finalistes pouvaient-ils jouer un meilleur basket ? Difficilement. Personne n’est resté sur sa faim sur ce match. L’enjeu lié à la rencontre n’a absolument pas éclipser le niveau de jeu espéré et qui fût d’une rare intensité tant sur le plan offensif que défensif. Si cette finale fût belle dans son apparat elle ne le doit pas uniquement à la seule prestation américaine mais aussi aux espagnols qui se sont révélés être de bien redoutables adversaires.
» On a vu un des plus grands matches de l’histoire. Si on ne montre pas du caractère, on ne le gagne jamais. L’Espagne a été fantastique. C’est un match qui va entrer dans la légende du basket. Tout le monde jouait à son meilleur niveau. « déclarait Mike Krzyzewski après la rencontre.
source Eurosport.fr
Ce match demeure encore à ce jour un match de référence par son niveau de jeu pour un très grand nombre de spécialiste et d’amateur de basket. De l’aveu même de George Eddy après la finale « Pour moi, c’est le plus beau match de basket de tous les temps ».
- Sources : FIBA, ESPN, La Sueur, Bleacher Report, Eurosport