Jeudi dernier s’est clôturée la Trade Deadline, l’occasion pour ClutchTime de revenir sur plusieurs échanges qui ont marqués ces derniers jours de négociations. Après plusieurs semaines de rumeurs et autres tractations entre franchises afin de récupérer des futurs choix de draft ou bien de compléter son effectif en vue des playoffs, que faut-il retenir de ces mouvements ?
La Trade Deadline 2020
Les Immanquables
D-Lo contre Wiggins, un deal Win-Win
Il s’agit là du plus gros coup de chaud de cette trade deadline 2020. Les Golden State Warriors et les Minnesota Timberwolves se sont finalement entendus sur un échange entre D’Angelo Russell d’un côté et Andrew Wiggins de l’autre. Alors que le nom du meneur était sur toutes les lèvres, c’est finalement les Wolves qui ont tiré le gros lot en attirant le jeune All-Star pour former une ossature avec son intérieur Karl-Anthony Towns, aussi prometteuse qu’excitante. On l’avait d’ailleurs souvent évoqué, mais les deux joueurs sont de grands amis en dehors des parquets et kiffent passer du temps ensemble depuis quelques temps.
Alors qu’il avait déjà été approché l’été dernier par les Wolves, l’idée pour Tom Thibodeau et Scott Layden est désormais de construire autour de ce duo de calibre All-Star afin de lancer une bonne fois pour toute la franchise sur les bons rails et de futures campagnes de playoffs électriques. La contrepartie peut s’avérer néanmoins assez importante aux yeux des supporters qui perdent un joueur qui tournait à 22 points, 5 rebonds et presque 4 passes par match mais qui faisait néanmoins trop souvent preuve d’irrégularité, assumant difficilement son rôle de leader au côté du KAT, ce que D-Lo semble tailler pour le faire. Pour compenser cet échange les Warriors ont d’ailleurs consenti à céder deux de leurs sophomores, l’arrière Jacob Evans (22 ans) et l’ailier fort Omari Spellman (22 ans), qui affichaient tous deux un temps de jeu compris entre 15 et 20 minutes cette saison. Des profils intéressants mais principalement utilisables comme role players depuis le banc.
Du côté de la Dub Nation, c’est également le jackpot puisque l’équipe récupère un ailier qui colle totalement avec ce dont avait besoin la franchise suite au départ de Kevin Durant. Un profil qui semble également convenir au style de jeu des Warriors et de Steve Kerr qui devrait le mettre dans les meilleures prédispositions et n’hésitera pas à le rappeler à l’ordre s’il connaît une baisse de régime. Andrew Wiggins est un bon défenseur, préférant jouer la carte de la discrétion, il n’a donc pas vraiment l’étoffe d’un franchise player et ça tombe bien c’est le boulot de Stephen Curry. C’est aussi et avant tout un atout offensif unique, lesté de la pression médiatique et du leadership, il s’agit à nos yeux d’une version 2.0 d’un Harrison Barnes en plus prometteur et plus scoreur.
Désormais pour Golden State il faudra attendre les retours de Curry et Klay Thompson, mais ce futur cinq majeur fait déjà frémir toute la ligue, alors que les triples champions sont dans une période de convalescence forcée, la Dub Nation risque de revenir en force l’année prochaine. Il s’agit maintenant de choper des profils expérimentés, de joueurs vétérans capables d’être autant utiles que sérieux dans le vestiaires. Wiggins débarque dans une organisation saine et propice à son éclosion. Tout est donc réuni pour qu’il puisse s’exprimer pleinement. Dans cette affaire les Warriors se sont également séparés de deux joueurs (cf ci-dessus) pour récupérer le premier tour 2021 des Wolves (protégé) et un second tour 2021. Les Warriors pourront ainsi sûrement récupéré un bon pick (potentiel top 10) utilisé dans la rotation, afin de bâtir un effectif encore suffisamment compétitif pour les prochaines saisons.
Andre Drummond aux Cavs ou le Trade WTF ?
Voilà un trade qu’on n’est pas prêt d’oublier tant il est incompréhensible. Alors qu’on s’attendait à voir Tristan Thompson ou Kevin Love quitter le navire afin de se relancer, les deux All-Stars n’ont finalement pas bougé et ont même vu un autre intérieur en perdition les rejoindre, Andre Drummond. Bradé par Detroit, les Cavs n’ont eu qu’à se séparer de leur arrière-meneur Brandon Knight (28 ans) et du pivot John Henson (29 ans) et un second tour de draft 2023. Difficile d’analyser ce mouvement quand on regarde les contreparties tellement elles sont déséquilibrées.
Du côté des Pistons, les dirigeants ont vraisemblablement préféré laisser partir leur intérieur All-Star, et joueur phare de la franchise de ces cinq dernières années pour une bouchée de pain. Étant donné que les deux joueurs arrivés en contrepartie sont des contrats expirant en fin de saison, on imagine difficilement Detroit re-signer des joueurs aux profils assez discrets cette saison (moins de quinze minutes de jeu en moyenne) et ayant une faible valeur sportive. Les Pistons apparaissent clairement comme les perdants de ce deal et le moral devrait tomber encore bien bas d’ici la fin de saison et même cet été alors que la franchise du Michigan n’a jamais semblé aussi loin de décrocher un spot pour les phases finales à l’Est.
Du côté de l’Ohio les intérêts recherchés par ce trade et les risques pris sont très limités. En récupérant un joueur aussi talentueux et confirmé, même en fin de contrat, les dirigeants des Cavs peuvent tenter un pari à (très) moindre coup pour finir la saison sur une bonne note et pourquoi pas reconstituer un effectif solide en vue de la saison prochaine (en se séparant notamment de Thompson ou de Love). Malgré tout il reste encore pas mal d’interrogation du côté de Cleveland et cette arrivée ne nous permet pas vraiment de statuer sur l’avenir de la franchise, à commencer par ses jeunes, Collin Sexton, Darius Garland, Kevin Porter Jr. ou encore Cedi Osman.
Drummond a évoqué la possibilité d’activer sa player option (à 28,751,775$) pour la saison prochaine, restant de ce fait à Cleveland pour au minimum une saison, le temps de voir comment les résultats de la franchise et de John Beilein évoluent. Au vue de la Free Agency 2020 qui s’annonce et le faible attrait que représente le marché de Cleveland, il faudra tenter le pari de Dédé Drummond ou poursuivre la reconstruction du groupe autour des jeunes. Dans l’immédiat, l’apport du pivot All-Star va être une source de progrès très vite observable, que ce soit en défense, dans la bataille du rebonds mais également pour permettre à certains joueurs d’avoir du spacing et tenter leur chance de loin. Il s’agit pour le GM Koby Altman d’un moindre risque car même si fiasco il y a, Drummond peut tout à fait partir à court terme sans donner de regrets aux Cavs sur la contrepartie et la franchise étant déjà dans une impasse elle ne pourra pas descendre plus bas qu’elle ne l’est déjà (elle peut s’avérer être une bonne surprise en fin de saison régulière).
Les Clippers toujours sur la brèche avec la signature de Marcus Morris
Comme attendus, les Knicks se sont montrés actifs durant cette deadline mais pas vraiment là où on les attendait. Alors que certains espéraient désespérément l’arrivée d’un D’Angelo Russell ou d’un Kyle Kuzma, le board des Knicks s’est finalement contenté de récolter des futurs choix de draft en se séparant qui plus est de leur meilleur élément cette saison, Marcus Morris. Dans l’optique d’une reconstruction de fond en comble, les Knicks ont donc trouvé un accord pour un échange à trois, accueillant dans l’opération l’ailier des Clippers, Moe Harkless. Bien qu’intéressés au départ par Landry Shamet, les Knicks furent gentiment priés d’aller voir ailleurs.
En contrepartie de « Mook« , les Clippers ont décidé de céder leur premier tour de draft 2020, qui devrait se situé entre la 25ème et la 30ème place, ainsi qu’un second tour 2021 via les Pistons, en plus de Harkless qui arrivera en fin de contrat cet été. Dans l’opération, New York a pu récupérer également les droits sur le joueur ukrainien Issuf Sanon, drafté en 44ème position de la draft 2018 par les Washington Wizards, qui vient s’ajouter au package négocié par les Clippers. Du coup c’est là que les Wizards entrent en scène : Washington récupérant le shooting guard sophomore, Jerome Robinson, les dirigeants de DC ont du échanger le pick 2018 dont il est question ainsi que le meneur Isaiah Thomas (finalement coupé par les Clippers) afin de satisfaire tout ce petit monde.
Au final les Knicks disposent désormais de 7 premiers tours de draft jusqu’en 2023, leur offrant la possibilité, soit de reconstruire en rajeunissant l’effectif autour d’un noyau de young men plein d’avenir (encore faut-il qu’entraîneurs et dirigeants ne fassent pas n’importe quoi), soit dans l’optique de monter un échange avec suffisamment de contreparties pour attirer un ou deux All-Star avec à la clé un très gros chèque. Même si initialement les Knicks se voyaient proposer les rookies Mfiondu Kabengele et Terance Mann, les dirigeants ne voyaient pas d’un très bon oeil l’arrivées de deux nouveaux joueurs, obligeant Mike Miller à se séparer d’un membre du roster actuel pour faire de la place.
Pour les Clippers il s’agit encore d’un très bon coup réalisé par son président Lawrence Frank. Joueur expérimenté (neuf saisons dans la ligue) et qui reste sur deux campagnes de playoffs consécutives avec les Celtics de Boston, Marcus Morris est le profil de joueur défensif souhaité par Doc Rivers depuis plusieurs semaines. Tandis que Andre Iguodala, un temps évoqué, a fait route, direction la Floride, l’actuel troisième de la conférence Ouest dispose désormais d’un joueur dur sur l’homme en défense, capable de tirer de près comme de loin et qui se mettra au service du collectif en se donnant à fond chaque soir dans les tâches ingrates s’il le faut. Un renfort parfait dans la quête du titre en fin de saison et ce alors que l’effectif reste quasi-inchangé, les Clippers conservant leurs meilleurs atouts offensifs et défensifs.
Un point de chute pour « Iggy » du côté de la Floride et du Miami Heat
Comme souvent à l’approche de la trade deadline, le téléphone a chauffé du côté de South Beach ! Qu’il s’agisse de manœuvres financières (Johnson vs Anderson, 2019), d’améliorer le roster (Dragic 2015) ou bien de récupérer la légende (Wade 2018), Pat Riley ne refuse jamais de monter quelques échanges en hiver et cette fois, le Heat a décidé de lier la vision à court terme avec celle à long terme.
Dans ce deal à trois, Miami met la main sur trois vétérans en provenance de Memphis : deux potentiels « stretchs 4 » dans la dernière année de leur contrat : Jae Crowder, Solomon Hill et un triple champion NBA de 36 ans : Andre Iguodala. Le MVP des Finales 2015 n’a pas encore posé un orteil sur le parquet depuis le Game 6 des dernières Finales mais Riley sait pertinemment qu’il tient là un vrai QI Basket essentiel pour les Playoffs. Miami ne veut pas gâcher les années de Jimmy Butler et c’est à cette condition que le Heat s’est renforcé en défense. Pour s’assurer des services d’Iggy, une prolongation de 2 ans à 30M$ (Team Option sur la dernière année) lui a été proposée.
De son côté, Memphis a réussi à trouver un partenaire pour régler le cas Iguodala, et récupère un Justise Winslow (23 ans) (et Gorgui Dieng en provenance des Timberwolves), venant ainsi compléter une jeune et prometteuse équipe pouvant viser les Playoffs dès cette année. Winslow est plus à l’aise quand il joue meneur, il avait d’ailleurs dominé Memphis et Ja Morant lors du premier match de la saison, néanmoins, il est beaucoup trop souvent blessé et mis à l’écart pour pouvoir prétendre pour le moment à un statut de taulier incontournable. Concernant Dion Waiters, l’arrière vit les pires moments de sa carrière et va devoir retrouver rapidement une autre franchise après avoir été coupé par les Grizzlies.
Le GM du Heat, spécialiste du salary cap, Andy Elisburg a donc réussi à se libérer de contrats portant sur plusieurs années : Waiters, James Johnson (envoyé à Minnesota) et Winslow, permettant ainsi au Heat d’économiser plus de 41M$ de salaire pour l’intersaison 2020 tout en conservant leur flexibilité pour la fameuse FA 2021. Miami n’a concédé aucun de ces jeunes talents dans cette affaire, ni de choix de draft. Bien sûr, l’arrivée d’un Danilo Gallinari, comme l’indiquait les rumeurs, aurait été la cerise sur le gâteau et aurait fait des hommes de Erik Spoelstra de sérieux candidats pour le titre.
Le reste des Trades Jeudi dernier
Ils n’ont pas attendu la dernière minute
Clint Capela aux Hawks, Robert Covington aux Rockets ! Vous avez dit Small Ball ?
24 heures avant le gong final, Rockets, Nuggets Wolves et Hawks avaient déjà allumé la première mèche en mettant sur pied un deal à quatre pour ne pas perdre plus de temps. Dans cet échange XXL, Houston s’est d’abord séparée de ses pivots de formation Clint Capela (25 ans) et Nenê (37 ans) ainsi que du contrat de Gerald Green (34 ans). En retour les Rockets ciblaient un joueur en particulier semble-t-il, Robert Covington. Le profil Three-and-D du Wolf intéressait particulièrement le duo Daryl Morey – Mike D’Antoni, qui n’a pas hésité à lâcher un de ses éléments majeurs en la personne de Capela. Le pivot suisse tournait cette saison quasiment en 14-14-2blk et semblait pourtant bien parti pour entamer une cinquième campagne de playoffs consécutive. Que nenni ! Le voilà désormais aux Hawks d’Atlanta (qui va récupérer également le vétéran brésilien Nenê avant de le couper), formant désormais une raquette jeune et talentueuse au côté de John Collins.
En contrepartie, les Hawks ont pu vider de leur besace le contrat toxique d’un Evan Turner à Minnesota, ainsi qu’un premier tour de draft 2020 (via Brooklyn) et un second (via Golden State) qui ira aux Rockets. Pour les Wolves, c’est littéralement le chamboule-tout puisque pas moins de quatre joueurs débarquent dans le Minnesota, Turner des Hawks, Malik Beasley, Juan Hernangomez et Jarred Vanderbilt, des joueurs en perdition en provenance de Denver. Les Nuggets dans cette affaire vont récupérer le contrat de Green (Rockets) ainsi qu’un package de joueur des Wolves, Keita Bates-Diop, Shabazz Napier (coupé ensuite) et Noah Vonleh mais surtout le premier tour de draft 2020 des Houston Rockets.
Un Buyout et ça repart ?
Les Hornets font le ménage
En choisissant de se séparer à l’amiable, les deux hornets Marvin Williams (33 ans) et Michael Kidd-Gilchrist (27 ans), tous deux en fin de contrat, se sont relancés respectivement chez les Milwaukee Bucks et les Dallas Mavericks. L’occasion pour les deux joueurs de se retrouver dans des équipes bien, voire très bien, placées dans la course aux playoffs 2020. Au final Williams va pouvoir apporter son expérience (15 saisons) et sa qualité de shoot bien meilleure qu’un Robin Lopez dans une rotation toutefois fortement concurrentielle dans le Wisconsin. C’est une tout autre histoire pour MKG, qui vient de prendre la poudre d’escampette en atterrissant dans le Texas. Très peu utilisé cette saison, l’ailier va devoir se racheter un tir (primordial quand on sait que les Mavs sont réputés pour leur adresse) et une bonne dose de motivation pour gagner des minutes au risque de faire criser Rick Carlisle et Mark Cuban qui n’ont pas franchement l’air d’avoir le pif pour les bonnes affaires depuis l’arrivée d’un Willie Cauley-Stein en mode dépanneuse.
Les autres candidats
La Free Agency
Ils n’ont pas passé le cut
Les agents libres dispos depuis un bail
Guards
Geral Green (34 ans), Jodie Meeks (32 ans), Iman Shumpert (29 ans), Jamal Crawford (39 ans), Raymond Felton (35 ans), Jerian Grant (27 ans), Devin Harris (36 ans)
Forwards
Kenneth Faried (30 ans), Lance Thomas (31 ans), Amir Johnson (32 ans)
Centers
Joakim Noah (34 ans), Pau Gasol (39 ans), Jason Smith (33 ans)
l’ex-meneur des Pacers Darren Collison a réitéré son intention de rester en retrait du basket cette saison et ne veut plus faire partie des agents libres convoités par les franchises
Auteurs de l’article
Théo – Fondateur de ClutchTime, Florimond et Guillaume rédacteur ClutchTime