Chaque semaine Clutch Time vous propose de faire un bond dans le passé afin de revivre et de réécrire un fait marquant de la NBA qui aurait pu changer le cours de son histoire.
Thunder 2012, dans l’attente d’une promesse
Cette semaine, on débute notre série avec un flashback sur l’intersaison 2012 du Thunder. Alors que Russell Westbrook a rejoint cet été James Harden aux Rockets nous vous proposons de revenir sur leur dernière association au Thunder d’Oklahoma City dans un « Big Three » raté
Une Saison Régulière (Raccourcie) Exceptionnelle
Petite piqûre de rappel. Le Thunder de Kevin Durant, sur la lancée de sa saison 2010/2011, va obtenir son meilleur bilan en saison régulière depuis le déménagement de la ville de Seattle vers celle d’Oklahoma City en 2008. Cette saison, écourtée tout de même par un lock-out, verra grandir une équipe talentueuse et pleine de promesses. Autour du jeune (23 ans), mais néanmoins All-star, Kevin Durant (28pts, 8rbds, 3,5ast de moyenne), les hommes de Scott Brooks vont terminer 2ème à l’Ouest derrière les San Antonio Spurs. Sur le plan offensif cette équipe est un pur régal avec la troisième meilleure attaque de la ligue, tout laisse à penser que cette franchise représente la NBA de demain.
Cette cuvée 2012 met d’autres joueurs prometteurs en lumière. Russell Westbrook (23,5pts, 4,6rbds et 5,5ast de moyenne) et James Harden (17pts, 4rbds, 3,7ast) vont se démarquer tant et si bien qu’ils formeront sur la saison l’un des meilleurs back court de la ligue à seulement 22 et 23 ans. Ajoutée à cela, une raquette dominante et solide en défense autour du champion 2008, Kendrick Perkins, et du jeune hispano-congolais Serge Ibaka (presque 4 blocks par match en SR) cette équipe semble bien armée pour régner sur la conférence Ouest durant les prochaines années.
Un parcours en Play-offs digne d’un champion
Au premier tour, la foudre frappe déjà très fort, et ce ne sont ni plus ni moins que les champions en titre, Dallas, qui se font Sweeper (4-0) avec 67 points par match de moyenne pour son trio de scoreurs totalement déchaînés. Du très sale. Le nuage orageux fond alors sur la Californie et les Lakers de Kobe Bryant au 2ème tour. Au bout d’une série plus enlevée, le nouveau « trio » du Thunder s’en sort brillamment (4-1) sans baisser le rythme au scoring. La finale de conférence pliée en cinq matchs (4-1) n’est qu’une formalité pour Durant (30pts par match sur la série) et ses acolytes alors que se dresse sur leur route un autre « Big Three » en vogue, « Los Tres Amigos » du Heat de Miami, pour une première finale alléchante.
Une nouvelle dynastie à l’ouest
Grâce à son expérience, Lebron James et sa bande floridienne vont mettre enfin la main sur le trophée Larry O’Brien qui leur avait échappé un an plus tôt, et ainsi mettre fin aux rêves étoilés d’Oklahoma City. Une défaite (4-1) au goût amer mais Ô combien remplie d’espoir. L’espoir d’une équipe, née il y a peu de temps, emmenée par un trio jeune, offensif, pétri de talent et programmée pour gagner à long terme. Le Front Office du Thunder se frotte déjà les mains à l’aube d’un avenir qui s’annonce radieux.
Un été chaud dans l’Oklahoma
Nous voilà rendu à l’intersaison, Serge Ibaka a été prolongé sur 4 ans et 48 millions $. Mais en dépit d’une marge de manœuvre confortable les dirigeants ne parviennent à aucun accord avec James Harden quant à un nouveau bail longue durée (environ 55 millions $ sur quatre ans). Alors qu’il ne lui reste qu’une saison sur son contrat, Houston vient aux affaires et monte un Trade pour attirer le barbu dans le Texas afin qu’il devienne le nouveau visage de la franchise. Un pari risqué pour un joueur encore très jeune et friable sur des matchs à enjeux. Le sixième homme de l’année en demande trop selon ses dirigeants alors que ce dernier se défend de ne pas avoir eu assez de temps pour réfléchir à la proposition du Thunder. OKC accepte le deal sans broncher et récupère dans l’opération le Rookie Jeremy Lamb puis Kevin Martin ainsi que deux premiers tours de draft protégés. Oklahoma n’aura malheureusement pas réussi à capitaliser sur ce trade les saisons suivantes et observera de loin, mélancolique, les exploits de son ancien n°13.
Une promesse et des regrets
Laissons place maintenant à notre imagination en supposant que « The Beard » ait accepté ce nouveau contrat au Thunder. Où se situerait cette équipe après plusieurs saisons ? Un peu plus tôt en Janvier 2012, Russell Westbrook était lui aussi passé à la table des négociations pour décrocher le jackpot (78 millions $ sur 5 ans). Les dirigeants auraient donc sciemment décidé du sort de Harden à l’époque en privilégiant une prolongation de leur meneur de jeu ? L’évolution de la masse salariale à venir du Thunder était-elle d’ores et déjà un casse-tête auquel les dirigeants ont préféré couper court ? Se pouvait-il que, tout comme Westbrook, Kevin Durant n’ait accepter de renégocier son salaire afin de dégager un peu de cap supplémentaire pour conserver Harden ?
Signalons tout de même que cette belle et jeune équipe du Thunder abritait deux autres « freaks » estampillés All-stars, Westbrook & Durant, et que ces derniers claquaient des perfs’ encore plus impressionnantes que Harden qui n’était encore que le sixième homme attitré de l’équipe. Le trio tournait entre 2010 et 2012 à presque 65 points inscrits de moyenne par matchs de saison régulière (60 points/matchs en Post-season) ! Cette situation aurait pu tout à fait rendre la cohabitation à terme difficilement envisageable sur le parquet, à la fois pour le partage de la gonfle et le leadership dans les moments « clutch ». Afin d’éviter de freiner la progression de chacun et de l’équipe dans son ensemble, le board a finalement décidé de se priver de son élément le moins performant sur le moment.
En dépit de ce casse-tête financier, nous sommes sûrement passés à côté d’une épopée fabuleuse. Une telle concentration de puissance d’attaque avec une telle marge de progression auréolée d’un statut de finaliste, aurait assurément changer le cours de l’histoire à commencer par celle du Heat qui réalisera le doublé l’année suivante mais également celle des Spurs et des Warriors les années suivantes. Ces mêmes Warriors qui à la même époque, pointait déjà le bout de leurs nez depuis la baie d’Oakland dans la jungle de la Conférence Ouest. Qui de mieux que le Thunder version Westbrook-Harden-Durant pour apporter dans le paysage de la NBA une nouvelle rivalité contre les Warriors et ses « Splash Brothers » digne des Lakers vs. Spurs des années 2000. Oklahoma avait largement le niveau pour viser les Finales chaque saison et jouer les yeux dans les yeux Miami, San Antonio, Los Angeles… Kevin Durant, récompensé d’un titre de MVP deux ans plus tard, aurait quand à lui, tout à fait pu étoffer son palmarès, avec un coaching adéquat, de plusieurs bagues de champion sous la tunique bleue « tonnerre ». En revanche Russell Westbrook aurait difficilement empilé les triples-doubles de moyenne et James Harden ne serait probablement pas devenu le scoreur le plus prolifique depuis « His Airness », mais envisager de voir grandir ce back court de rêve et le voir s’imposer comme l’un des plus complet et plus dominant de la décennie, voire de l’histoire au côté d’un des tout meilleur ailier All-Time, on paierai cher pour assister à chaque rencontre de cette team de rêve.
L’impact de ce « Big Three » sur la ligue aurait probablement amené (ou contraint) aussi d’autres franchises à reproduire le processus en associant deux voire trois joueurs All-Star, afin de rivaliser au plus haut niveau si tant est que ce trio fût resté performant sur le long terme et avec la même réussite qu’on lui prête. L’empreinte laissée sur la ligue aurait été à n’en pas douter extraordinaire et cela avant même l’avènement des Warriors.
Sources Images : Bleacher Report, Yahoo Sport