En cette semaine de Saint-Valentin, l’amour était bien présent à Chicago. A la surprise de nombreux fans, le All-Star Week-end 2020 s’est montré sous son plus beau jour : de la hype, des concours relevés et surtout un peu plus de défense. Le retour en grâce de la meilleure kermesse NBA s’inscrit dans un contexte émotionnel chargé. Les joueurs ont honoré la Mamba Mentality comme il se doit. Mais la ligue a aussi fait sa part du boulot en proposant un nouveau format pour la rencontre des étoiles. Chaque quart-temps était un match dans le match. A la clef, 100 000 dollars de don pour l’association représentée par l’équipe gagnante à l’issue des 12 minutes de jeu. Le Fourth Quarter a été une bataille acharnée, acmé de la sueur, de l’intensité. Ce format alliant compétition et dimension caritative représente une perspective intéressante pour ravir les spectateurs et soutenir une noble cause. Cette association n’est pas inédite pour la NBA. Tout centrée vers le business qu’elle soit, la ligue reste exemplaire par ses oeuvres caritatives. Cette semaine, votre média Clutch Time analyse la NBA engagée, celle qui nous rend fiers d’être fans de basket.
NBA Cares
L’organisme NBA Cares est l’un des grands travaux de David Stern. En 2005, le commissioner lance ce programme qui a pour ambition de réunir toutes les initiatives caritatives de la ligue sous une même bannière. Ses actions concernent aussi bien les Etats-Unis que l’international, dans la lignée du mouvement “Basketball Without Borders”, organisé en partenariat avec la FIBA depuis 2001.
La plateforme NBA Care joue le rôle d’intermédiaire entre les membres de la grande ligue et des organisations non-gouvernementales renommées telles que Make a Wish ou UNICEF.
La première politique de l’association est le soutien à la jeunesse. Les joueurs et employés NBA se réunissent pour soutenir les plus jeunes, en tant que role models.
Grâce à ce programme, la NBA soutient les familles dans le besoin et réaffirme une valeur qui transcende le basketball : la solidarité dans l’effort et la souffrance, face à l’adversité. NBA Cares permet ainsi aux acteurs du jeu d’apporter un soutien psychologique aux enfants malades, de prôner l’accès au sport et à l’éducation pour tous.
Le programme a pris de l’ampleur depuis sa création. NBA Cares constitue un acteur identifiable de l’oeuvre caritative américaine, en atteste le bilan des actions délivré par l’association sur son site internet :
“ (depuis sa création) Les participants du programme NBA Cares ont délivré plus de 5 millions d’heures de bénévolat, aménagé plus de 1300 espaces où les enfants et leur famille peuvent vivre, apprendre ou jouer. A l’échelle mondiale, plus de 51 millions de jeunes ont été encadrés dans des programmes de basketball au sein de leur communauté. A l’international, NBA Cares a créé plus de 323 espaces où les enfants et leur famille peuvent vivre, apprendre ou jouer, dans 40 pays différents.”
Source : NBACares.com, site consulté en février 2020.
Les actions menées par NBA Cares attestent du sentiment de responsabilité de la ligue face aux personnes dans le besoin. La NBA participe à construire des athlètes exemplaires tout au long de leur carrière. Cette forme de tutorat est aussi une manière pour les joueurs de s’exprimer en dehors des parquets, et soutenir des causes qui leur sont chères.
More than an Athlete
La carrière d’un joueur NBA est faite de concessions. Entre les entraînements récurrents, les voyages en déplacement, difficile de passer du temps auprès des siens. Pourtant, c’est bien souvent la famille et la communauté qui poussent un joueur à faire les efforts nécessaires pour s’extraire de sa condition et atteindre la consécration : la NBA, si compétitive. Arrivé au sommet, il s’agit de “ne pas oublier d’où l’on vient”. De nombreux joueurs désirent rendre à leur communauté tout l’amour qu’elle leur a prodigué, quel que soit le contexte socio-économique de celle-ci. Aux Etats-Unis, la communauté c’est la famille, les amis, les proches, mais aussi les voisins et habitants du quartier qui partagent des références culturelles communes, dans un esprit de solidarité. Le “Community Assist Award” récompense ainsi chaque mois l’employé de la ligue qui s’est distingué par son engagement philanthropique auprès des communautés de fans.
Parfois, cette démarche permet aussi de montrer aux siens qu’il n’y a pas de déterminisme social et que chacun peut s’extraire de sa condition, accéder à la réussite.
C’est ce que scande le rappeur Kendrick Lamar dans son titre “Black Boy Fly”, paru sur le projet Good Kid M.A.A.D City en 2012. Dans son premier couplet, il explique que plus jeune, il vouait une admiration envers Arron Afflalo. Issu du même quartier de Compton, le basketteur a réussi à échapper à la violence de cette banlieue de LA pour se hisser en NBA.
“J’étais jaloux de Arron Afflalo. Il était celui à suivre. Il était notre seul exemple pour accéder à de meilleurs lendemains. Il vivait à la salle d’entraînement, nous vivions dans la souffrance.”
Début du premier couplet de Black Boy Fly, Kendrick Lamar.
Lebron James est déjà une légende vivante en Ohio. “The Kid From Akron” a ramené un titre NBA à son État, après 60 ans de disette sportive. Il est aussi un des acteurs militants pour dynamiser cette région de la Rustbelt, qui s’apparente désormais à une vaste friche industrielle. Elevé seul par sa mère, sans argent, LBJ multiplie les initiatives sociales pour permettre aux nouvelles génération de bénéficier d’un parcours scolaire digne, malgré des conditions de vie difficiles. La Lebron James Family Foundation a ainsi inauguré l’école élémentaire I Promise School à Akron en 2018, et finance régulièrement des bourses pour des étudiants locaux dans le besoin.
La lutte civique
Aux Etats-Unis, le mois de février est le “Black History Month”. La nation exerce son devoir mémoire pour ne pas oublier l’esclavage et la discrimination qu’a subi historiquement la communauté afro-américaine du pays. Dans un second temps, le peuple américain célèbre le combat de ses citoyens qui ont milité pour garantir une équité entre tous les sujets étatsuniens, en accord avec la constitution. Si le contexte sociétal des Etats-Unis reste inégalitaire, la période de la ségrégation raciale institutionnelle est terminée.
“Aucun Vietcong ne m’a jamais traité de nègre.” déclarait Mohamed Ali en 1967, refusant de participer à la guerre du Vietnam, face à l’injonction du gouvernement américain. Tout comme le “noble art”, le basketball a compté des adeptes qui se sont positionnés politiquement pour dénoncer les injustices de la société américaine au XXIème siècle.
Bill Russel, légende des C’s a été le facteur X de l’Hégémonie de Boston sur la NBA durant plus d’une décennie. 11 titres NBA en 13 ans devrait suffir à obtenir le respect de ses contemporains, non ? Pas forcément dans la société américaine des sixties. Né en Louisiane en 1934, Bill a souffert durant son enfance à cause du racisme ambiant de cet Etat du Sud. Il se réfugie avec sa famille en Californie mais sera poursuivi par les discriminations toute sa carrière.
Sa relation avec la franchise de Boston, ses fans et médias, a été longtemps conflictuelle. Les Celtics partagent historiquement l’identité d’une ville fière de ses racines WASP (White Anglican Anglo-Saxon), souvent insensible aux revendications de Russel. Il déclarera : “Je suis un Celtic, pas un BOSTON Celtic”.
Le pivot continue cependant de se battre pour faire valoir ses droits, aux côtés du mouvement Black Panthers. Son engagement va de pair avec son succès sportif : Première étoile médiatique afro-américaine en NBA, premier entraîneur noir d’une ligue sportive majeure sur le continent. Bill sera aussi le premier basketteur afro-américain intronisé au Hall Of Fame, en 1975. Il n’accepte cette récompense qu’en 2019 clamant que d’autres athlètes afro-américains l’ont mérité avant lui, notamment Chuck Copper, premier joueur noir drafté par la grande ligue, en 1950.
En 2011, il reçoit la médaille de la liberté pour son engagement civique, équivalent de la légion d’honneur aux Etats-Unis.
Conjointement au combat de Bill Russel, de nombreux athlètes des années 1960 ont participé à la mobilisation pour l’égalité des communautés sur les parquets et dans la société américaine. A cette époque, être un athlète ne dispensait pas les joueurs d’être catégorisés et traités différemment selon leur couleur de peau. La ségrégation dans les hôtels ou restaurants étaient fréquente pour les joueurs noirs.
Oscar Robertson, père spirituel de Russell Westbrook, a lui aussi souffert de la haine raciale, qu’il évoque dans son autobiographie : “My Life, My Times, My Game.” (2003).
L’agence de presse USA Today rapporte qu’en 1959, alors qu’il s’apprête à jouer un match pour Cincinnati à Raleigh, en Caroline du Nord, il reçoit un télégramme du Ku Klux Klan. L’organisation suprémaciste blanche le menace de mort : une balle l’attend s’il se présente sur le parquet. The Big O participe quand même à la rencontre. Il commentera plus tard : “je n’en avais pas vraiment grand chose à faire, j’étais impétueux”.
A la création de la NBA en 1946, elle était strictement blanche. Aujourd’hui, la ligue est composée à 80 % d’athlètes afro-américains. Cette évolution, en parallèle des changements dans la société américaine, n’a été possible que grâce à l’engagement d’athlète pionniers qui se sont mobilisés pour leurs droits. De nombreux joueurs reprennent ce flambeau et dénoncent les problématiques sociétales contemporaines aux Etats-Unis. Le mouvement “Black Lives Matter” qui dénonce ainsi la récurrence des violences policières à l’encontre de la communauté afro-américaine.
Le Basketball est un jeu collectif. L’entraide entre les joueurs est essentielle pour la victoire. La NBA et ses joueurs soutiennent les personnes dans le besoin, dénoncent les injustices car la solidarité et le don de soi représentent des valeurs intrinsèques à ce sport. La communauté du basket international se mobilise et fait ainsi fleurir des actions altruistes, initiées par une même passion pour la discipline.
En France, l’Association Clutch ( https://twitter.com/AssoClutch?s=20 ) soutien ainsi le financement de matériel pour le handi-basket.
La NBA, c’est plus que du Basketball.