Nous continuons notre série et ressortons plusieurs déclarations et anecdotes au début des années 2010. Pour cet article, nous avons choisi des extraits tirés du livre de Ian Thomsen: The Soul of Basketball concernant les débuts de LeBron James avec le Heat de Miami.
MIAMI, 22 novembre 2010
L’été est terminé, l’épisode houleux de ‘The Decision’ suivi de la fête à l’American Airlines Arena restent dans tous les esprits. LeBron a quitté l’Ohio pour la Floride, en plus du climat, il a dû s’adapter à une tout autre ambiance de travail.
Chaque lundi, lors de la séance d’entraînement au sein de l’AAA, le staff du Heat impose depuis plusieurs saisons des tests sur les joueurs avec la prise du poids et un relevé du taux de masse grasse, et ce, même pendant les Playoffs.
« Lors de sa première année, il était autour des 120kg et avec un taux de masse grasse entre 8 et 9%. Je pensais qu’il était un petit peu lourd, donc je lui ai demandé : ‘Et si tu descendais à 112kg et à 6% de masse grasse ? Vitesse et vivacité, et ce sera mieux pour tes genoux, tu pourra sauter un peu plus haut. Il m’a juste souri et m’a répondu : ‘Coach, je me sens bien, je suis en grande forme.’ » Pat Riley
The Soul of Basketball
Le boss de la franchise floridienne n’allait pas entrer dans un débat avec un joueur qui jusque là, avait enchaîné 627 matchs sur 656 possibles sans oublier les 92 matchs de Playoffs avec un temps de jeu conséquent. Mais lors de sa 2e saison avec le Heat, James est tout de même descendu sous les 115kg, soit la barre qu’avait placé Pat Riley. Ce dernier, est sans aucun doute omnibulé par la forme physique de ses joueurs.
« Je n’oublierai jamais ce que Kareem Abdul-Jabbar m’a dit juste avant mon tout premier match en tant que coach des Lakers. Il m’a dit : ‘Écoute Pat, tu me connais. Je vais rentrer sur le terrain et jouer aussi dur que possible tous les soirs et tout donner. Ce que j’aimerai que tu fasses, c’est de faire en sorte de garder tout le monde en forme et de les pousser à faire les efforts. Et je n’aurai pas à m’en soucier.’ Je n’oublierai jamais ces mots. Et quand LeBron est arrivé, j’ai su ce que je devais faire cela pour lui. » Pat Riley
Un message que Riley a pu faire passer auprès du ‘King’ grâce à celui qui côtoie ces exigences depuis ses débuts dans la ligue, et qui se trouve être l’un des ses meilleurs amis: Dwyane Wade. Le fait que cette méthode ait rapporté un titre en 2006 a aussi facilité les choses.
La forme physique est une facette essentielle de la ‘Heat Culure’. Mais Riley axe également ses priorités sur ce qui entoure ses joueurs. Il voulait instaurer un environnement sain lui permettant ainsi de triompher.
« Les joueurs devraient avoir une routine tous les jours. Pas de chaos, pas vingt-cinq personnes autour du vestiaire, dans la salle de musuclation, aux entraînements. […] Si j’étais encore coach ? Ni pensez même pas. Ce serait comme à l’armée. Mais je ne suis pas le coach. Et je ne vais pas non plus forcer ces choses là pour Spoelstra. Mais pour LeBron, (les exigences) n’étaient pas sévères. Elles étaient juste différentes. » Pat Riley
Des conditions totalement à l’opposé de ce que James a connu à Cleveland, et ce dernier a mis un peu de temps à s’y faire.
« Il a eu un peu de difficultés au début avec ça. Mais je me rappelle lui avoir dit : ‘Peut-être que c’est la chose qu’il te manquait. Peut-être que tu ne l’avais pas à Cleveland. Peut-être que c’est tout simplement ce qu’il te manque. Essaye juste au moins une fois.’ » Pat Riley
Les habitudes de James ont été boulversées sous l’impulsion de Riley et de la franchise. Ses conseillers (ses amis) ne font pas parti de l’avion de l’équipe, un changement par rapport à son époque Cavaliers.
« Dans les années 80 avec les Lakers, les joueurs venaient me voir et me disaient : ‘On ne veut pas des familles dans l’avion.’ Une fois que vous acceptez une ou deux personnes, après vous avez les amis, puis les cousins, puis les parents. Ce n’est plus une équipe de basket qui essaye de botter le cul des autres équipes, ça devient une sorte de voyage de vacances. » Pat Riley
DALLAS, 27 novembre 2010
Les débuts du Big three sont plus compliqués que prévus avec un bilan de 9v-8d. Une défaite 106-95 à Dallas, et LeBron James n’a pas su contenir sa frustration avec ce petit coup d’épaule contre son coach Erik Spoelstra lors d’un temps mort dans le 3e quart-temps. Un événement largement relevé par les médias, mais pour Riley ce n’est rien.
« Ca, pour moi, ce n’est rien. Je veux dire, bon sang, j’avais l’habitude de charger sur le terrain vers des joueurs et de les attraper à la poitrine avec leur maillot. » Pat Riley
Néanmoins, il est reporté par ESPN, selon une source proche de l’entourage de James, que Spoelstra était trop dur avec James, et qu’il lui avait dit, en présence de toute l’équipe, d’être plus sérieux. Les joueurs auraient l’impression de ne pas être eux-même.
« Qui que ce soit dans sa ‘famille’ qui a porté ces accusations tôt dans la saison. Avant même d’avoir joué 20 matchs, n’a absolument rien compris concernant les dynamiques pour construire cette équipe. » Pat Riley
Ce début d’exercice compliqué et les tensions naissantes au sein du groupe ont forcé la planification d’un meeting le lendemain de la défaite à Dallas. Dans son bureau, Riley convoqua le big three.
« Ils ont juste dit: ‘On ne le sent pas.’ ou quelque chose du genre. Et je me rappelle que LeBron me regardait et m’a dit : ‘Ça ne te démange pas ?’ J’ai dit : ‘Démangé de quoi ?’ Il a dit : ‘Démangé de coacher à nouveau ?’, J’ai répondu : ‘Non ça ne me démange pas pour ça’. Il ne m’a pas posé d’autres questions et je n’ai pas donné d’autres réponses. Je me remémore souvent ce moment et je me demande à quoi il pensait à cet instant. Il est sorti de la salle en se grattant la jambe comme si ça le démangeait. » Pat Riley
CLEVELAND, 2 décembre 2010
Miami a repris quelques couleurs après ce meeting en enchaînant une victoire contre Washington puis contre Detroit. Le jour suivant, James et sa nouvelle équipe doivent affronter les Cavaliers et toute une ville qui se prépare à se défouler sur leur ancien prodige. En bon leader, Wade a placé ses mots face aux journalistes juste avant le match.
« Cette famille, sa nouvelle famille le soutient et l’aime profondément. C’est un match spécial pour notre frère. » Dwyane Wade
On pouvait entendre le bruit et la colère des fans de Cleveland dans le vestiaire, les murs tremblaient, l’arène était chauffée à blanc. Mais James a senti qu’il n’était plus seul. Sur le tableau blanc furent notés les mots : band of brothers, tirés d’un livre sur la WWII. Les coéquipiers de James veulent faire en sorte de gagner ce match, coûte que coûte, même au détriment du beau jeu.
La consigne était d’éteindre l’une des rares menaces offensives des Cavs : Mo Williams. Dès le début, Wade intercepte un ballon et part pour le dunk, s’en suit une série de prise à deux et une défense étouffante sur le pick and roll. L’arrière des Cavs sera limité à 2/8 aux tirs sans oublier 4 pertes de balle. En face, James a rempli sa feuille de stats avec 38pts, 8pds et aucun ballon perdu.
« Je ne pense pas que vous pouvez réaliser le match qu’il a réalisé à moins d’avoir cette sérénité qu’il a en lui. Cela montre à quel point il est exceptionnel pour faire la part des choses et jouer. » Pat Riley
Cet état d’esprit et cette solidarité affichés dans cette rencontre ont facilité la construction de cette équipe. Un match à part tout de même, 4 fans ont été éjectés, un autre arrêté, 14 hommes de la sécurité surveillaient le banc du Heat, et un tunnel humain a été préconisé pour que les joueurs du Heat puissent regagner le vestiaire.
*extraits recueillis dans le livre de Ian Thomsen: The Soul of Basketball: The epic showdown between LeBron, Kobe, Doc and Dirk that saved the NBA.