La NBA à l’épreuve du temps

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Poster rétro de Kobe Bryant, source : Players Only store.

Ce week-end, la planète basket a fait ses adieux à un esthète du jeu, un des plus grands athlètes que la ligue ait connu. Les hommages se sont multipliés envers Kobe Bryant. Kobe.  Entre amis, sur les réseaux sociaux, avec un ou une collègue de travail, chacun a partagé un souvenir en lien avec le Black Mamba. N’oublions pas ce que le joueur de LA a apporté à la NBA. Au-delà des titres et récompenses individuelles, il était un symbole de l’esprit de compétition, de la Mamba Mentality. La NBA s’est construite grâce à des figures fortes à l’instar de Kobe. C’est derrière ces joueurs charismatiques et médiatisés que la ligue a gagné en renommé depuis sa création. ClutchTime vous propose une excursion dans le grand livre d’Histoire de la ligue, afin de comprendre comment la NBA est parvenue à sa notoriété internationale.

« La Préhistoire »

Huskies vs. Knickerbockers 1946

Affiche du premier match organisé par la NBA le 31 octobre 1946. Les Knicks s’imposaient sur le fil 68 à 66.
 La Ligue portait à l’époque le nom de Basketball Association of America. Ce n’est que 3 ans plus tard qu’elle fusionne avec la National Basketball Ligue et adopte son acronyme officiel. Source : The Canadian Encyclopedia.

La grande ligue fut créée le 6 juin 1946, juste après la seconde guerre mondiale. A cette époque, elle est en compétition avec de nombreux championnats qui organisent des matchs sur le continent américain. La ligue se développe grâce à la vision de Maurice Podoloff, son premier président (1946-1963). La NBA est une des premières organisations à installer ses franchises dans des villes majeures des Etats-Unis.

Ce n’est qu’en 1954 que l’horloge des 24 secondes est instituée pour les matchs officiels. C’est Dan Biasone, fondateur des Syracuse Nationals, qui a milité pour son introduction. Biasone a compris que l’introduction d’un temps limité par possession favoriserait des phases de jeu rapide. Cette restriction introduit aussi shoots audacieux lorsque les secondes sont comptées sur l’horloge et en définitive, plus de spectacle.

En 1955, la compétition ne compte que huit franchises, et on parle communément de « Préhistoire » de la NBA.  Ce terme aurait tendance à nuancer la domination sans pareille des Celtics de Bill Russel, entraînés par Red Auerbach. Boston gagne 11 titres en 13 saisons entre 1957 et 1959.

La même suspicion semble de mise pour la performance lunaire de Wilt Chamberlain qui score 100 points contre les Knicks le 2 mars 1962.

Certes,  les audiences de la NBA restaient encore bégayantes avec niveau de jeu peu compétitif. C’est pourtant dans le sillage de ces titres remportés que la ville et les habitants de Boston ont construit leur passion pour la franchise. Et si nous parlons encore de la performance de Wilt soixante ans plus tard, c’est qu’elle constitue un idéal à poursuivre pour tout jeune joueur. Un événement sans précédent dans l’Histoire d’une ligue si friande de statistiques.

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Julius Erving, reconnaissable par sa coupe « Afro » légendaire. En cette soirée du 13 mai 1976, il donne le titre ABA aux les New Jersey Nets (41pts, 19rbs, 5ast). Source ; The postgame.com

En 1976, la NBA conquérante fusionne avec sa grande rivale, la American Basketball Association (ABA). C’est le début de l’hégémonie pour l’organisation qui récupère les stars de la ligue déchue.

La consécration des joueurs.

Dès lors, ce sont les joueurs de plus en plus médiatisés qui vont piloter les révolutions de la grande ligue. La rivalité Larry Bird – Earvin « Magic » Johnson est souvent présentée comme un game changer pour l’attractivité de la NBA. Les deux joueurs symbolisent la fragmentation de la société américaine. Un joueur noir et un joueur blanc. Une franchise des strass et paillettes, associée à l’industrie Hollywoodienne. Une ville de Boston qui revendique ses racines irlandaises et où persiste un puritanisme religieux. L’Est contre L’Ouest. Tout semble opposer les deux joueurs. Tous deux ont pourtant partagé une amitié née de cette rivalité. Tous deux disposent d’un talent qui fait rayonner la grande ligue et lui donnent un second souffle.

 Cette opposition de style est une bénédiction pour la NBA qui doit sans cesse s’adapter aux évolutions du jeu pour préserver sa popularité. La décennie 1990 est caractérisée par des pivots dominants et une défense rugueuse, avec bien sûr le passage remarqué d’un numéro 23 aux Bulls de Chicago. His Airness met définitivement la NBA sur la carte. Grâce à l’arrière, la ligue fait son introduction dans la pop culture et les produits marketings et commerciaux étiquetés NBA affluent sur les marchés mondiaux.

 Avec l’avènement du XXIème siècle, la NBA s’écarte progressivement du panier. La raquette ne polarise plus le jeu offensif et les défenses s’espacent face à la menace à trois points, désormais privilégiée en attaque. Difficile de ne pas attribuer cette nouvelle facette du basketball américain à Stephen Curry. Le numéro 30, phénomène de la dynastie des Warriors trône actuellement au troisième rang des tireurs à trois points les plus prolifiques de l’Histoire. Le baby face killer n’est présent dans la ligue que depuis une décennie et compte à son actif 2492 tirs primés.

Quel style de jeu nous réserve la décennie 2020 ? Peut-être la domination d’athlètes aux dimensions hors-normes, capables de dicter leur rythme des deux côtés du terrain. Dans la lignée de Lebron James, Giannis Antetokounmpo ou Ben Simmons s’inscrivent dans cette nouvelle génération de joueurs all around.

Vers une ligue professionnelle.

Certaines révolutions se font plus discrètes, comme l’apparition de nouveaux équipements et de politiques d’encadrement des joueurs. Difficile d’imaginer aujourd’hui un pivot de 120 kilos arborer fièrement une paire de Converse en toile sur le parquet. Les sponsors s’assurent désormais de fournir des chaussures adaptées aux besoins physiques des joueurs car une blessure est synonyme de mauvaise publicité pour l’équipementier.

Avec le temps, la ligue s’est étoffée en tant qu’organisation sportive pluridimensionnelle. Le suivi des joueurs et les progrès médicaux ont permis d’allonger la durée moyenne d’une carrière NBA. Les sportifs disposent de conseillers pluriels pour les accompagner.

C’est ce dont témoigne Joel Glass directeur de la communication pour le Orlando Magic en 2018, dans un épisode de la série Youtube Fournier For Real, réalisé par le numéro 10 français.

Nous avons en tout plus de 300 personnes et de nombreux départements au sein de la franchise : communication, marketing, vente de tickets, relations avec la communauté de fans, gestion de la salle, etc,.  Il y a beaucoup d’employés qui travaillent et forment une organisation derrière l’équipe.

Joel Glass, Fournier For Real épisode 5 « Inside the Franchise »

Enfin, le rôle du commissionner n’est pas à négliger pour comprendre les changements de la NBA, les nouvelles directions adoptées. Entre 1984 et 2014, David Stern a fait grandir la popularité de la ligue sur le continent américain. Durant les années 1990, il a lutté contre le dopage et la consommation de drogues chez les athlètes. Exit la luxure extra-sportive et les bagarres sur le terrain, le développement de la ligue était indissociable de sa bonne image. La ligue mineure de développement G-League fondée en 2001 ainsi que la compétition féminine WNBA (1996) souligne cette volonté d’expansion de l’ancien commissionner.

Adam Silver a repris le flambeau de Stern et participe à la démocratisation du jeu à travers le monde. Avec Internet et le numérique, tout va plus vite. Un poster en primetime est relayé presque instantanément sur les réseaux sociaux. Le Buzz représente une précieuse publicité pour la grande ligue afin de conquérir de nouveaux spectateurs. La NBA s’inscrit dans cette course de l’instantané. Elle a étendu sa toile à travers le monde.

 Les scouts sont désormais présents sur tous les continents afin de repérer et propulser les talents de demain sur le devant de la scène. Plus de talents potentiels, et donc plus de compétition. Il est beaucoup plus difficile d’arriver jusqu’en NBA qu’il ne l’était il y a 60 ans. Le basketball est le sport où il est le plus difficile de faire carrière aux Etats-Unis, comme en atteste le graphique ci-dessous.

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Chances d’arriver en NBA en sortie d’Université, en 2016. Source : Usa Today.

“Started from the bottom now we here”. L’Hymne du chanteur canadien Drake pourrait être adoptée par la NBA. La ligue a connu une ascension phénoménale en six décennies, évoluant avec la société américaine. Exclusivement blanche en 1946, elle est désormais composée à 80 % de joueurs afro-américains. N’oublions pas qu’au sommet de ce succès résident des joueurs pionniers, légendaires et fixés dans une mémoire collective de fans. Kobe Bryant sera membre émérite de la prochaine cuvée de Hall of Famers. En attendant son introduction, exerçons notre devoir de mémoire et contemplons son héritage pour l’Histoire de la NBA.

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