Par Benjamin Gisse (@MagicBenJohnson)
Dans la lignée des Kareem Abdul-Jabbar, Bill Walton, Ralph Sampson, Shaquille O’Neal ou autres Carmelo Anthony, est apparu une nouvelle légende universitaire : Kevin Durant.
Retour sur une année incroyablement grandiose, marquée par plusieurs performances phares, et un one-and-done mémorable.
Kevin Durant, un joueur hors du commun…
Avons-nous besoin de le présenter ? Kevin Durant, véritable légende NBA, futur Hall of Famer, 12 saisons en NBA, double champion NBA et un palmarès aussi long que ses bras…
Un enfant de Washington et du Maryland qui rencontra une destinée légendaire lorsqu’il toucha un ballon de basket. C’était inné, presque divin. Il était fait pour ça, tout le monde le savait, sauf lui. C’est ce qu’il l’a fait travaillé, plus que les autres. « Ce n’était pas un rêve, c’était un plan » dit Taras Brown, l’un de ses anciens coachs et mentors.
Et tout a commencé très tôt pour Kevin, quand sa taille a attiré l’œil de nombreux scouts.
1m83 à 14 ans, forcément, ça marque les coachs, les scouts, les adversaires et les spectateurs. Petit à petit, on commence à rapporter qu’un grand maigre est en train de faire de dégâts sur le circuit du Maryland.
Un assistant de l’équipe universitaire de Texas, Russ Springmann, originaire de la région, entend ces rumeurs et garde son nom en tête.
Après deux années au lycée National Christian Academy dans le Maryland, « KD » change d’équipe et se retrouve au lycée Oak Hill, considéré comme la terre de la légende Carmelo Anthony, dans l’État voisin de la Virginie. C’est à cet instant que Springmann rencontre Kevin Durant pour la 1ère fois.
« On pouvait voir ce que Kevin pouvait faire sur le terrain de basket, et ce qu’il pouvait faire pour le Texas était évident.«
Russ Springmann – Asst. coach de l’université du Texas
L’année sportive se passe bien pour Kevin, il enchaîne les bonnes performances et son nom devient de plus en plus récurrent dans les discussions.
À la fin de la saison, il décide de revenir dans son Maryland natal, et s’engage dans le lycée privé Montrose Christian School.
Durant l’inter-saison (printemps-été 2005), « KD » prend 13 centimètres.
C’est à ce moment qu’il visite le campus de Texas, et reçoit une offre de bourse de la part de Russ Springmann.
Kevin Durant sous les couleurs de Montrose Christian lors de sa dernière saison lycéenne.
Au moment de l’offre, Springmann sait à quel point l’arrivée de Kevin Durant peut être pré-déterminante sur la recruiting class à venir. Texas va très certainement perdre P.J. Tucker, LaMarcus Aldridge et Daniel Gibson, leur trio phare, ainsi que Brad Buckman et Kenton Paulino, deux seniors sur la saison à venir.
Texas est donc en recherche de têtes d’affiches, de jeunes joueurs pouvant les porter au plus haut niveau.
De son côté, les offres s’enchaînent pour « KD ». Il réduit le nombre d’offres à 3 principales : North Carolina, fraîchement champion NCAA; Connecticut, champion NCAA l’année précédente et Texas, dont la présence est un peu inattendue, vu leur manque de résultats.
À cette époque, son cœur, au niveau de la NBA, penche pour les Raptors et son joueur préféré, Vince Carter (ex-joueur de North Carolina), dont il vantait le travail :
« Vince jouait sans peur. Chaque fois qu’il voulait terminer un match, il le faisait. J’essayais de reproduire la même chose.«
Kevin Durant
Le destin aurait donc voulu qu’il suive le chemin de son idole dans la Caroline du Nord, mais ce ne fut pas le cas.
Kevin était devenu la priorité n°1 de Texas et de Springmann, le joueur à avoir. L’assistant passait tout son temps avec lui et sa mère. Il le voulait plus que tout au monde.
Un mois après sa visite du campus d’Austin (Texas), le 16 juin 2005, Kevin Durant annonce qu’il jouera pour l’université du Texas.
Victoire pour Springmann, qui a sa tête d’affiche, son joueur phare et plus important, un fils spirituel.
Comme un symbole, 5 ans après l’engagement de Kevin pour Texas, en janvier 2011, Russ eu un fils qu’il appela Durant…
Sa saison en tant que senior à Montrose Christian fut extraordinaire.
Il se révèle au grand public comme l’un des plus grands espoirs du basket américain. Tout le monde s’accorde pour dire que lui et Greg Oden, l’autre superstar lycéenne, seront le futur de la NBA.
Enchaînant les grosses performances, il est facilement retenu pour les échéances nationales qu’il va survoler, comme le McDonalds All-American (25 points, 5 rebonds, 4 passes, co-MVP avec Chase Budinger, en partance pour l’université d’Arizona) ou le Jordan Brand Classic (16 points, 7 rebonds, 4 passes, MVP), considérées comme les All-Star Games des joueurs lycéens.
Reconnaissance nationale pour un enfant du Maryland, devenu en quelques années l’un des plus grands espoirs du basket. Son engagement envers Texas sonna différemment, Rick Barnes (le coach) et Springmann venaient de réaliser le plus gros coup de l’histoire de l’université, des années avant Mo Bamba, Avery Bradley, Myles Turner ou Tristan Thompson.
Kevin Durant venait de les propulser dans une autre dimension.
En plus de lui, le talent de ce dernier réussit à convaincre 6 joueurs à rejoindre Texas, dont Damion James et D.J. Augustin, deux autres joueurs 5 étoiles, considérés parmi les meilleurs joueurs du pays.
Bilan du recrutement : 7 freshmans (joueurs de 1ère année) dont 3 joueurs 5 étoiles. Malgré la perte du trio Tucker/Aldridge/Gibson, Texas pose une des meilleures recruiting class du pays (3ème selon 247sports) et la plus grande de leur histoire.
Et ce n’était que le début… car « KD » n’avait pas encore joué une seule minute pour eux.
… qui réussit une saison freshman historique !
Les attentes étaient assez grandes concernant Texas.
La saison passée a été frustrante. L’équipe de Rick Barnes échoue face à LSU aux portes du « Final Four » , graal du basket universitaire, et vient de perdre, comme prévu son trio Tucker/Aldridge/Gibson, en partance pour la NBA. 4 joueurs de l’effectif reviennent, accompagnés des 7 freshmans.
AP (Associated Press), référence des classements des équipes universitaires, sort son Top 25 et classe Texas 21ème équipe avant que la saison ne débute.
Avant la saison 2006/07, seulement 14 joueurs issus de Texas ont été draftés, dont le trio de l’année passée.
L’ajout de 8 joueurs non-draftés portent le total à 22 joueurs passés en NBA. 8 d’entre eux n’ont jamais passés les 100 matchs en NBA.
LaMarcus Aldridge n’ayant pas foulé les parquets NBA, seuls les noms de Slater Martin (undrafted, Hall of Famer, 7 fois All-Star, 5 fois champion) et Johnny Moore (43ème choix de la draft 1979, meilleur passeur de la NBA en 1981/82) résonnent encore dans les têtes des spécialistes à cette époque.
« KD » n’a pas vraiment le droit à l’erreur, sa prise de risque en choisissant Texas a été très grande, mais il a choisi avec le coeur, il est convaincu d’avoir fait le bon choix.
9 novembre 2006. Les attentes sont obsolètes. La saison commence face à Alcorn State, un adversaire assez faible sur le papier pour que Texas puisse s’exprimer sur le terrain.
Même si l’effectif de Texas est très jeune, la réalité du talent rattrape rapidement les espoirs des adversaires de Durant. Ce dernier ne restera que 22 minutes, son 2ème plus faible total de la saison, le match étant plié à la mi-temps (48-18 pour Texas). Le match sera une formalité pour le groupe texan, victoire 103 à 44.
20 points, 6 rebonds, 3 interceptions pour Kevin Durant, qui pose déjà des bases très élevées en peu de temps, et un impact sur le jeu qui s’annonce incroyable.
Les jours s’enchaînent, les entraînements aussi, et le staff commence à observer une éthique de travail bien plus élevée chez Kevin que chez les autres. Taras Brown explique : « Springmann m’a appelé un jour et m’a dit « Kevin ne veut pas quitter le gymnase. Il y est jusqu’à 1h du matin. » ». Il l’avait dit, c’était un plan, pas un rêve. Durant se poussait à l’excellence jour et nuit.
« Vous dites à un enfant qui a grandi à Washington D.C., qui n’a pas toujours eu accès à une salle de gym, que vous pouvez maintenant y avoir accès 24 heures sur 24 ? Que vous pouvez y manger quelque chose, utiliser le lounge ou l’ordinateur ? C’est un service unique. Certains jours, il revenait la nuit pour tirer et nous disions : « On pourrait aussi bien dormir ici. On a tout ce qu’il faut ». »
Randy Williams, ami de Kevin Durant
Les matchs s’enchaînaient, et « KD » accumulait les performances : 21.2 points, 9.4 rebonds (2.8 offensifs), 1.6 interceptions, 2.2 contres de moyenne sur ses 10 premiers matchs, avec des pourcentages pharaoniques (47.7/40/86.2) et un bilan convaincant de 8 victoires pour 2 défaites.
Mais sa première vraie confrontation interviendra lors de son 11ème match, face à une équipe de Tennessee qui finira 25ème équipe de la NCAA à la fin de la saison, selon Associated Press.
Leur premier match sera à la hauteur des espérances, faisant partie des 15 matchs avec un écart de 6 points ou moins disputés par Texas cette année-là. Un duel se démarque tout au long du match : Chris Lofton, véritable star des Volunteers, en place pour être joueur de l’année de la conférence SEC, et Kevin Durant.
La première mi-temps est à l’avantage des Longhorns, Rick Barnes maîtrise son sujet et Texas déroule offensivement, 50 points inscrits, 35 points encaissés, Tennessee est dans les cordes. 14 points et 5 rebonds pour Kevin (5/10 aux tirs), 8 points et 4 rebonds pour Chris Lofton (2/8 aux tirs).
Texas gagne dans tous les compartiments.
Mais les joueurs de Bruce Pearl, que certains d’entre vous connaissent aujourd’hui du côté d’Auburn, ne restent pas à terre. La mi-temps marque un tournant dans le match à l’avantage des Volunteers, plus propres, plus percutants, plus agressifs.
Texas craque et perd son avance petit à petit. À 2 minutes du terme, ils possèdent encore 7 points d’avance grâce à un lancer-franc de Matt Hill, freshman à l’époque.
Malheureusement pour eux, ils sont tombés face à un joueur qu’il ne fallait pas laisser ouvert à trois points. Lofton, à 7/16 à longue distance ce soir-là, prend les choses en main.
87-82 pour Texas, 1 minute et 15 secondes restantes, « KD » se fait contrer sur un lay-up, Wayne Chism prend son 8ème rebond de la soirée et ressort sur Ramar Smith, qui percute et ressort le ballon sur JaJuan Smith, qui voit Lofton à 45° et le sert. Lofton hésite longuement, Kevin Durant défend sur lui, et déclenche à 3 points, ficelle. La salle explose. 87-85 pour Texas.
Mais il reste une minute, et Texas a encore le temps de réagir et de stopper l’hémorragie. AJ Abrams décide de monter la balle, drive et manque un lay-up plutôt simple, rebond pour Tennessee, et la suite appartient à l’histoire…
La défense… La défense… La défense… A vrai dire, Kevin ne pouvait pas faire grand chose sur cette action, le tir est trop lointain, trop imprévisible, et ses tentacules n’y pourront rien. Mais il se prend 6 points consécutifs de Lofton sur la tête et permet à Tennessee de passer devant.
Il se rattrapera ensuite, en arrachera la prolongation sur un tir inespéré au buzzer mais Texas s’inclinera 111 à 105, dans une Thompson-Boling Arena en feu.
Kevin Durant aura mis 7 points sur la seconde mi-temps, Chris Lofton en aura mis 20. Défaite cruelle pour « KD », qui sera marqué mentalement par cette épreuve et ne laissera un adversaire scorer plus que lui seulement 3 fois sur les 19 matchs suivants (2 victoires et une défaite contre Villanova).
Mais revenons sur la défense, car un évènement majeur marqua la saison de « KD » dans ce domaine.
Scott McConnell, assistant pour les relations avec les médias, le raconte :
« Lors du match d’exhibition contre Lenoir-Rhyne, Coach Barnes a pourri tous les anciens du groupe. Sur ce match, A.J. (Abrams) ne pouvait rester devant personne, et il ne pouvait pas tolérer cela. Il a réprimandé A.J., et lui a dit qu’il était le pire défenseur qu’il ait jamais vu. Le lendemain, à la séance vidéo, il a rectifié ses propos : « A.J., je te dois des excuses. Tu n’es pas le pire défenseur que j’ai jamais entraîné. Kevin Durant est le pire défenseur que j’ai jamais entraîné. »
Scott McConnell
Bien évidemment, Kevin l’a mal pris. Mais le choix du coach a été celui de dire la vérité, Kevin voulait la vérité.
Depuis ce jour, à chaque entraînement, chaque match, chaque temps-mort, « il demandait à un des assistants : « Comment est ma défense ? » affirme Rick Barnes. Toujours dans le plan, ce plan initial de l’enfant de Washington : se rapprocher de la perfection, encore et toujours.
Ian Mooney, transféré à Texas cette année-là, avait la réputation d’être tout le temps à 120% sur un terrain, même si le talent ne suivait pas toujours (0.3 points et 0.8 rebonds en carrière). Barnes lui a ordonné de défendre sur Kevin Durant, et il a apporté cette compétitivité qu’il lui manquait.
« Je pense que l’entraîneur Barnes s’est rendu compte que j’avais la volonté de le harceler et de le poursuivre constamment. Heureusement, il n’y avait pas d’arbitres à l’entraînement. », raconte Ian.
« KD a adoré. Il a réalisé que Ian n’essayait pas de lui faire du mal. Il savait qu’il en avait besoin. », rajoute Coach Barnes.
Durant cette saison, Texas affrontera 6 fois un adversaire qui a fini dans le Top 25 d’Associated Press en fin de saison.
1 victoire contre Texas A&M (9ème du Top 25) après prolongations pour 5 défaites. Un effectif trop jeune pour les matchs de haut niveau, « KD » trop seul… Nombreuses ont été les excuses, mais Kevin Durant a toujours assumé son statut de leader. 30.5 points, 11.2 rebonds, 2.2 interceptions, 3.2 contres en 45.7/50/76.2 sur ces six matchs. Absolument monumental.
Ces 5 défaites composeront un peu plus de la moitié des défaites de Texas cette année, qui finira son année sur un bilan de 24-9, avant d’aborder le tournoi final, la March Madness, en étant tête de série n°4 de leur partie de tableau, et étant classé 11ème au classement Associated Press. Passer de 21ème à la 11ème place, c’est ça l’effet Kevin Durant.
On retiendra de cette saison des performances mémorables comme ses 4 matchs à 37 points, dont son 37 points/23 rebonds lors de la victoire face au rival, Texas Tech.
Les attentes sont remplies, place à la partie sérieuse.
Texas, tête de série n°4 du tableau « East » de la March Madness, fait office de potentiel contender au Final Four, étape qu’a manqué de peu l’équipe de Rick Barnes l’année précédente.
De gauche à droite : A.J. Abrams, D.J. Augustin (actuellement joueur des Milwaukee Bucks), Kevin Durant, Justin Mason & Damion James (champion NBA en 2014 avec les Spurs).
© Photo par Jamie Squire / Getty Images
Mais avant d’aborder la fin de saison et la March Madness, voici quelques records (ou presque) que Kevin a battu durant sa saison :
- 2nd total de points sur une saison pour un freshman (903 points) derrière Mahmoud Abdul-Rauf (965) et devant Trae Young (876)
- Records de points et de rebonds en un match pour un joueur de l’université de Texas sur un match de Big 12
- 11ème total de doubles-doubles sur un saison pour un freshman (20)
- 4ème meilleure moyenne de points sur la saison 2006/07 (25.8)
- Meilleure moyenne de points sur une saison pour un joueur de Texas (25.8)
La March Madness, c’est comme les Playoffs NBA. C’est une saison à part, une nouvelle saison. 68 équipes, reparties en 4 tableaux, pour un titre de champion universitaire.
Le tableau leur impose au premier tour les New Mexico State Aggies, équipe de l’ancienne superstar lycéenne Elijah Ingram. Les deux équipes ont un jeu très similaire, très offensif au détriment de la défense. Malheureusement pour les Aggies, Texas est trop talentueux.
La première mi-temps est plutôt serrée, la jeunesse des texans se fait ressentir face à l’équipe expérimentée de New Mexico State.
Mais la deuxième mi-temps est à l’avantage de l’équipe de Rick Barnes (46 à 37). Le trio Durant/Augustin/Abrams inscrit 62 des 79 points des Longhorns, et s’impose 79-67 dans un premier tour plutôt facile.
Le deuxième tour s’annonce plus compliqué, puisqu’ils affrontent une autre équipe prétendant au Final Four : Southern California (USC), tête de série numéro 5. À son bord : Nick Young, qui va se présenter à la Draft, Gabe Pruitt, Daniel Hackett et un freshman très talentueux, Taj Gibson.
Un effectif profond et incroyable attend donc Texas, dans un match qui les opposera potentiellement à North Carolina au prochain tour, l’université de Vince Carter, son héros.
Mais Texas n’exista que quelques minutes. USC était trop fort, trop complet, trop menaçant à tous les postes. Kevin n’est pas sorti du match une seule seconde, voulant se battre jusqu’au bout. 30 points et 9 rebonds pour finir sa saison. A.J. Abrams était seul à ses côtés, avec 20 points inscrits. Le reste de l’équipe n’a pas pu rivaliser avec la défense de USC.
En face, c’est tout le cinq de départ des Trojans qui inscrit plus de 10 points. Texas est éliminé, fin de saison et de carrière universitaire pour Kevin Durant, qui déclara évidemment sa présence à la Draft NBA.
Kevin Durant (30 points et 9 rebonds), héroïque dans la défaite face à Southern California au second tour de la March Madness.
© Photo par Jay Drowns / Getty Images
Une saison extraordinaire qui ne s’achève malheureusement pas de la plus belle des manières, mais « KD » a trouvé ce qu’il voulait dans cette université : du basket et une famille.
Avec des statistiques dignes des plus grands de ce sport (25.8 points, 11.1 rebonds, 1.9 interceptions, 1.9 contres en 47.3/40.4/81.6), il a porté Texas à la 11ème place du classement AP, en étant la 6ème meilleure attaque NCAA avec 81.7 points par match.
Ce parcours et cette année l’amènera à devenir le premier freshman de l’histoire à remporter le titre de joueur NCAA de l’année par Associated Press (suivront deux spécimens appelés Anthony Davis en 2012 et Zion Williamson en 2019) et le seul joueur issu de l’université de Texas à l’obtenir. Légendaire.
Suivi alors une sélection au deuxième choix de la Draft (derrière Greg Oden, comme prévu depuis le lycée), et une carrière… supersonique…
Et si « KD » avait influencé le recrutement des lycéens d’aujourd’hui ?
Voilà maintenant plus de 10 ans que Kevin Durant a rejoint la NBA. Son talent n’est plus à prouver, et son palmarès parle pour lui-même.
Comme les autres légendes du basket-ball, il a marqué son époque et a notamment influencé énormément de jeunes joueurs, comme Vince Carter l’avait influencé à son époque.
D’ailleurs, il n’est pas rare de nos jours d’entendre parler du « nouveau KD » si on parle de Brandon Ingram (Pelicans) ou de Emoni Bates (lycéen).
Emoni Bates, superstar lycéenne, possède de nombreux points de comparaisons avec Kevin Durant.
© Photo par Scott W. Grau / Getty Images
Alors on peut se poser la question : Kevin Durant a-t-il transformé le recrutement des lycéens auprès des universités ?
Question ouverte, mais qui mérite réflexion… Parce que sa saison avec Texas a marqué les esprits de tout le monde. Tous les recruteurs veulent être Springmann, recruter un nouveau Durant, au profil physique long et talentueux ballon en main.
Afin de mesurer l’impact de « KD » sur les joueurs lycéens et sur le recrutement, nous allons prendre le top 20 des rankings RSCI (classements des joueurs lycéens) depuis 1999 et jusqu’à 2023 et introduire un coefficient : le Coefficient Physique.
« KD » avait, à son arrivée à l’université de Texas, un CP de 0,02273114.
Pour pouvoir vraiment comparer avec Kevin Durant chaque top 20 de chaque génération, nous allons calculer les CP de chaque joueur en sortie de lycée et garder uniquement les joueurs ayant la taille de Kevin Durant à +/- 5% et son CP à +/- 3%.
Certes, on ne pourra pas comparer les niveaux techniques par rapport à lui, ça serait trop complexe, mais nous aurons un aperçu de l’impact physique du MVP 2014 sur les jeunes joueurs et leur recrutement.
En réalisant ces calculs, nous obtenons le graphique suivant :
Graphique représentant le nombre de lycéens issus du top 20 RSCI de leur génération ayant un physique comparable à celui de Kevin Durant
La courbe de tendance (en pointillés) est claire : ce genre de profils est de plus en plus présent dans les meilleurs joueurs lycéens.
Quasiment invisible dans les années 90, on commence à assister à une éruption de ce profil long avec les cas de Chris Bosh (2002), Trevor Ariza (2003) et Rudy Gay (2004), mais ils sont assez esseulés dans l’ensemble.
C’est en 2005/2006 qu’on assiste à la première vague, d’où provient Durant (2006), qu’accompagnent Brandan Wright et Thaddeus Young.
L’année 2005 a été une anomalie. Sur les 5 joueurs, seulement deux ont intégré la NBA et Amir Johnson est le meilleur des deux.
C’est cette génération 2005 qui a probablement causé la perte du profil dans les années suivantes (2007, 2008), mais les titres de meilleur scoreur de Kevin Durant en NBA (2010, 2011, 2012) et le succès d’Anthony Davis (2011) ont totalement relancé le profil, le rendant obligatoire dans les top 20 RSCI depuis.
On pourrait même citer son titre de MVP (2014), mais ça reste dans le domaine du détail négligeable…
La courbe de tendance montre une potentielle explosion à venir sur les années à venir. À voir… En tout cas, avec 5 joueurs (pour l’instant) en 2023, l’avenir semble tendre vers ce genre de profils !
Pour finir, voici la liste des joueurs correspondants depuis 1999, et je pense que vous en reconnaissez quelques-uns… :
Année | Joueur | Poste |
1999 | Jonathan Bender | PF |
1999 | DerMarr Johnson | SF |
2000 | Eddie Griffin | PF |
2000 | Darius Rice | F |
2001 | Rick Rickert | PF |
2002 | Chris Bosh | PF |
2003 | Trevor Ariza | PF |
2004 | Rudy Gay | SF |
2005 | Keith Brumbaugh | PF |
2005 | Tasmin Mitchell | SF |
2005 | Magnum Rolle | PF |
2005 | Shawne Williams | SG |
2005 | Amir Johnson | PF |
2006 | Kevin Durant | F |
2006 | Brandan Wright | PF |
2006 | Thaddeus Young | SF |
2009 | Ryan Kelly | PF |
2010 | C.J. Leslie | PF |
2011 | Anthony Davis | PF |
2011 | Quincy Miller | PF |
2011 | Khem Birch | C |
2011 | Cody Zeller | PF |
2012 | Isaiah Austin | C |
2012 | Sam Dekker | SF |
2013 | Austin Nichols | PF |
2014 | Kevon Looney | PF |
2014 | Isaac Copeland | PF |
2015 | Skal Labissiere | C |
2015 | Brandon Ingram | SF |
2015 | Ivan Rabb | PF |
2016 | Wenyen Gabriel | PF |
2017 | Kevin Knox | SF |
2017 | Brian Bowen | SF |
2017 | Jarred Vanderbilt | PF |
2018 | R.J. Barrett | SF |
2018 | Cam Reddish | SF |
2018 | Louis King | SF |
2019 | Kahlil Whitney | SF |
2019 | Isaiah Mobley | PF |
2019 | Precious Achiuwa | PF |
2020 | Evan Mobley | C |
2020 | Greg Brown | PF |
2021 | Patrick Baldwin Jr. | PF |
2021 | Moussa Diabate | PF |
2021 | Kendall Brown | SF |
2022 | Emoni Bates | SF |
2022 | Jalen Duren | C |
2022 | Brandon Huntley-Hatfield | PF |
2022 | A.J. Casey | PF |
2023 | Matt Bewley | PF |
2023 | Tyler Smith | SF |
2023 | Akil Watson | PF |
2023 | Ryan Bewley | PF |
2023 | Mackenzie Mgbako | PF |
Ainsi s’achève l’épopée d’une légende universitaire, d’un monstre comme on en voit tous les 500 ans, d’un prototype ayant marqué sa génération et les générations à venir.
C’était l’histoire de Kevin Durant, un ranger venu du Texas.
Sources : Sports Reference, 247.sports, RSCI, The Athletic, ESPN, NCAA, CBS Sports, Texas Athletics.