Dans une époque tournée vers le tir à 3pts et le tir près du cercle, le tir à mi-distance est un outil de moins en moins utilisé, voire interdit par certains staffs NBA. L’arrière des Spurs est le dernier représentant d’un art qui se perd. Focus sur des chiffres étonnants et même historiques pour un arrière scoreur aux habitudes old school.
Le turnaround jumper de Kobe Bryant, le fadeaway de Michael Jordan, le tir sur une jambe de Dirk Nowitzki, le pump fake de Dwyane Wade ou encore le catch and shoot de Richard Hamilton après avoir profité de 435 écrans non porteurs, des tirs à mi-distance que l’on a tous essayé de reproduire sur le terrain. Bien que cette arme reste fiable pour une star comme Kawhi Leonard, elle est actuellement dénigrée voire banni des playbooks des coachs NBA. Les joueurs extérieurs doivent se doter d’un tir à 3pts afin d’exister dans un schéma offensif. Pour preuve, les dernières finales ont atteint des records de tentatives à 3pts avec 206 tirs pour Toronto et 201 pour Golden State, en seulement 6 matchs. Le tweet en janvier dernier de l’analyste d’ESPN Kirk Goldsberry illustre parfaitement cette révolution.
Le tir à 3pts a pris la place du tir à mi-distance. La logique des chiffres est implacable : un tir à 3pts présente plus d’intérêt qu’un tir à quelque centimètre devant la ligne des 7m23. Les box scores explosent et les moyennes de points emboîtent le pas. Il est dorénavant compliqué d’imaginer un arrière scoreur NBA sans avoir un shoot à 3pts dans sa boîte à outil. Depuis 2001, seulement six arrières ont tourné en moyenne à plus de 20pts par match sur une saison en tentant moins d’un tir à 3pts par rencontre.
Comme l’ancien dirigeant des Wizards (Jordan), DeRozan a réussi cet « exploit » deux saisons de suite. Mais le plus étonnant, c’est qu’il s’agit des deux dernières saisons ! Le quadruple All-Star joue complètement à contre-courant des tendances actuelles observées dans la ligue. C’est le seul joueur depuis dix ans à poster de tels chiffres. Une anomalie dans un sport révolutionné par les sacres des Warriors version « Splash Brothers » et l’avènement du tir de loin. Et pourtant, cet « handicap » de ne pas tirer à 3pts n’empêche pas le Spur d’être classé 18e marqueur de la ligue avec une moyenne de 22.2pts par match. Avec 96.9% de tirs à 2pts, la « shot chart » de l’arrière de 30 ans en 2020 dévoile clairement son profil offensif et ses préférences.
Son jeu « old school » à base de dribbles en tête de raquette, de pull ups et de drives vers le cercle, lui ont tout de même permis de réaliser une série historique pour un arrière avec 13 matchs consécutifs à 20pts ou plus avec à chaque fois une adresse au dessus des 50% de réussite.
Après un début de saison plus que compliqué et quelques rendez-vous manqués dans le money time en novembre, DeRozan a persévéré dans ses habitudes et cela fait de lui l’un des joueurs les plus dangereux en isolation avec une moyenne de 1.11pts par possession, soit juste derrière le maître dans ce domaine : James Harden (1.12pts/poss). Mais ce qui le démarque de ses collègues c’est sa faculté à récolter les coups de sifflets. L’ancien de USC obtient des lancers-francs en moyenne 21.9% du temps dans ces situations, avec une fréquence autour des 7.7% pour le and one, soit le 1er pourcentage de la ligue pour au moins deux situations d’isolation jouées par match ! (via NBA.com)
San Antonio est de loin en train de réaliser sa plus mauvaise saison depuis 1997. Le jeu offensif n’est forcément remis en cause (10e attaque de la ligue), mais sa défense est un réel problème (24e). Il va bientôt falloir prendre des décisions concernant les vedettes vieillissantes que sont Aldridge et DeRozan. Ce dernier sera confronter à la décision d’activer ou non sa player option de plus 27M$ à l’année. Si certaines rumeurs font part de son mécontentement dans le Texas, il sera intéressant de voir la valeur et l’intérêt que les autres franchises peuvent porter au dernier Jedi du tir à mi-distance.
Un arcticle intéressant