Bradley Beal a-t-il encore un avenir aux Wizards ?

S’il y a bien un domaine dans le sport qui n’a pas eu à souffrir de la crise sanitaire, c’est bien celui des rumeurs de trades. Malgré l’interruption généralisée des championnats et compétitions de basket un peu partout autour du globe, les négociations entre joueurs et différentes équipes vont bon train, y compris en NBA. Parmi les joueurs scrutés très attentivement, le nom de l’arrière de Washington, Bradley Beal, revient souvent dans les discussions, alors que son avenir au sein de la franchise du district de Columbia est de plus en en plus mis en doute.


Une exercice 2019-20 colossale, malgré un bilan collectif encore décevant

C’est toujours privé de John Wall, son partenaire à l’arrière depuis ses débuts dans la ligue en 2013, que Beal a abordé cette saison dans la peau du nouveau leader des Wizards. Absent depuis près d’un an et demi pour une grave blessure au tandon d’Achille, le meneur de jeu observe désormais des tribunes les performances de son acolyte qui se démène seul sur les parquets chaque soir pour tenter de maintenir encore son équipe à flot et les quelques espoirs d’une franchise. Car il faut dire qu’en son absence, le leader par intérim des Wiz’ a particulièrement fait grimpé ses moyennes dans le jeu. Tournant d’abord à 23.5 points pour 18 tentatives au tir dont six à trois points, avec un peu moins de cinq rebonds et cinq passes fin 2018, Big Panda va afficher en l’absence de Wall une moyenne de plus de 27 points, cinq rebonds, six passes ainsi que deux interceptions sur la fin de la saison 2018-19, pour un temps de jeu à peine plus élevé, malgré plus de tirs tentés.

Fini donc le temps où le natif de Saint-Louis (Missouri) pouvait partager les responsabilités avec l’ancien joueur des Wildcats. Bradley Beal s’est mué cette saison en scoreur solitaire, devenant l’un des joueurs les plus chauds dans ce registre. Avec 1741 points inscrits en 57 matchs avant la suspension de la saison, Beal tournait à la mi-mars à 30.5 points de moyenne, auxquels on peut ajouter 6.1 passes décisives et 4.2 rebonds avec un joli 45-35-84 de pourcentages aux tirs. Devancé seulement par Harden dans ce registre, l’arrière a notamment connu une fin de saison régulière incandescente en attaque avec près de 36 points inscrits en moyenne sur les vingt dernières rencontres des Wizards. Un rendement jordanesque qui aura au moins permis à son équipe d’accrocher un 9ème spot à l’Est avec un bilan équilibré de huit victoires pour neuf revers depuis le mois de février.

Toujours en course pour décrocher une place en playoffs, notamment depuis l’annonce de la reprise de la saison et la participation de la franchise de la ville du capitole au tournoi d’Orlando, l’exercice 2019-20 avait néanmoins débuté d’une manière plutôt inquiétante. Avec seulement quatorze victoires après 42 rencontres, Washington et son capitaine n’en menaient pas large au moment d’aborder la deuxième moitié de saison, mais il faut croire que Scott Brooks et sa bande ont finalement trouver les ressources pour enfin obtenir des résultats convaincants, à la faveur cependant d’un calendrier plutôt clément. Une deuxième saison consécutive sans phases finales aurait probablement amorcé la fin d’une époque aux Wizards, et une reconstruction était alors franchement envisagée. On imagine en effet assez mal Washington décrocher sa qualification cette année dans ce contexte exceptionnelle, et avec moins de dix matchs à disputer en août, ce qui pose la question de l’avenir de Bradley Beal.


Un profil qui attire les convoitises

Le joueur qui restait sur deux sélections All-Star fut notamment snobé cette saison au moment de participer au All-Star Game de Chicago, la faute très certainement à ce bilan d’équipe dérisoire qu’affichait alors Washington en janvier, malgré les cartons offensifs de ce dernier. Fréquemment annoncé dans les radars de différentes franchises depuis quelques années, Beal avait jusqu’alors choisit de rester fidèle à sa franchise, en balayant d’un revers de la main les principales rumeurs de trade. Une attitude honorable à laquelle le joueur ne déroge pas, en témoigne une récente déclaration sur ESPN où il évoque notamment sa relation avec John Wall que l’on annonce sur le retour.

Mon plus grand souhait est de jouer à nouveau avec John. Je veux le voir revenir à ce niveau que je lui connais, surtout depuis que mon jeu a évolué pendant son absence. Il y a tellement de chose que nous pourrions accomplir ensemble. Je suis si heureux qu’il soit en bonne santé et de le voir travailler comme un fou pour revenir.

interview de Jackie McMullan sur ESPN

Beal accepte néanmoins le fait que son nom puisse être cité dans différentes rumeurs, il y trouve même une certaine marque de respect pour son travail, notamment lorsque d’autres joueurs se disent prêts à jouer avec lui, en réaffirmant cependant sa fidélité à l’égard de sa franchise. Une attitude classe de la part d’un joueur qui se dit toujours dispo et motivé pour défendre les intérêts de son équipe et de ses coéquipiers. Demander un trade l’été dernier, alors que le joueur était en pleine négociation d’un nouveau bail, aurait été perçu comme un choix de facilité selon ses propos, raison pour laquelle il a signé une extension de deux ans avec une année supplémentaire en option.

C’était en effet la solution de facilité. C’est vrai que ça a l’air super de pouvoir jouer pour une autre équipe, mais qui peut dire si c’est une garantie de l’autre côté ? Durant l’été, j’ai continué à me faire l’avocat du diable. Quels sont les avantages et les inconvénients d’un côté comme de l’autre ? En fin de compte, j’ai eu le sentiment que rester à Washington présentaient plus d’aspects positifs, la principale raison étant qu’ici j’ai la liberté de faire ce qu’il me plaît, en jouant pour une équipe qui m’a donné les clés, qui va construire autour de toi et faire venir des gars. Si je vais ailleurs, ça peut-être pour une bonne raison et une bonne équipe, mais je serais un pion parmi d’autres. Qui sait si mon rôle serait le même ? J’aime mon rôle ici. J’aime Brooks. J’aime ce que nous avons. J’aime nos jeunes gars et leur détermination pour progresser.

interview de Zach Lowe sur ESPN

Si pour l’heure la fidélité de Beal n’est pas à remettre en question, Washington ne peut espérer conserver durablement un joueur aussi talentueux simplement sur la promesse de l’associer de nouveau à un joueur qui approche de la trentaine, et dont la forme physique reste incertaine, ou encore en lui proposant un niveau de jeu aussi médiocre et des résultats très loin des attentes pour lui permettre de redevenir All-Star, tandis que d’autres prétendants, et pas des moindres, continuent de lui tourner autour. Certains dirigeants auraient même déjà exhorté les Wizards à agir assez rapidement affirmant notamment que le duo Wall-Beal serait arrivé au bout d’un cycle, ce que Washington réfute évidemment, préférant donner sa chance au backcourt la saison prochaine avant peut-être de rebâtir le roster en cas d’échec.


source : The Ringer (AP)

Un départ vers quelle(s) équipe(s) et à quel prix ?

Arrivé dans l’équipe en tant que troisième choix de la Draft, Beal s’est considérablement amélioré en tant que joueur et est devenu une véritable vedette pour son équipe depuis ses débuts en 2012. Deux fois All-Star, il est très certainement le meilleur arrière depuis Jeff Malone (1983-190) à avoir porté le maillot des Wizards, sans faire offense toutefois à Michael Jordan. Bradley Beal est actuellement le 37ème scoreur (11 425 points) et le douzième joueur le plus prolifique en carrière parmi tous les joueurs encore en activité avec près de 21 points de moyenne par match, ainsi que 4 rebonds et 4 passes.

Une régularité au plus haut niveau qui le place logiquement parmi les meilleurs de la ligue sur la dernière décennie, mais surtout comme un joueur de plus en plus bankable, notamment depuis cette année. À 26 ans et avec une extension de contrat de près de 72 millions de dollars sur la période 2021-2023, Beal sera incontestablement l’un des joueurs les plus courtisés au moment d’entrer dans sa dernière année de contrat alors qu’il n’aura que 29 ans. Loin d’être arrivé alors au bout de son prime, l’arrière pourra tout à fait rejoindre les rangs d’une équipe prête à lui offrir un pont d’or et pourquoi pas la possibilité de remporter un titre. Mais avant ça, bien d’autres franchises continueront de venir se renseigner sur sa situation.

Brooklyn Nets

Il s’agit d’une rumeur qui a pris de l’ampleur au fil des dernières semaines. Après un recrutement clinquant l’été dernier, Brooklyn se serait mis en tête d’ajouter un troisième joyau à son roster encore convalescent pour la saison prochaine, de quoi faire fantasmer les fans. Le plaidoyer de Irving sur la nécessité de recruter une autre star pour l’année prochaine a bien été entendu par la direction new-yorkaise, ce qui impliquerait forcément plusieurs départs de joueurs pour libérer suffisamment de cap. Des profils comme LeVert, Allen, voire Taurean Prince intéresseraient dans un premier temps les Wizards qui pourraient rebâtir une équipe avec un noyau de jeunes à chaque poste et en récupérant même quelque futurs picks à la draft.

L’ajout d’un profil comme celui de Bradley Beal offrirait ainsi une garantie au scoring loin d’être négligeable si le futur coach parvient à correctement répartir la gonfle entre Irving, Durant et Beal, mais apporterait aussi une solidité défensive sur l’extérieur précieuse, notamment au moment d’aborder les matchs couperets, Irving et Beal ayant déjà fait leur preuves dans ce domaine malgré des contextes différents. Au-delà de la question de la répartition du scoring et du leadership, se pose toutefois la question de la rotation et du futur supporting cast qui entourera ce trio potentiel, en particulier avec son secteur intérieur qui pourrait devenir son point faible le plus évident pour ses concurrents.

Denver Nuggets

Une équipe jeune, ambitieuse, pleine de promesses et agréable à regarder jouer, voilà l’endroit rêvé pour Bradley Beal. S’il est impossible de prédire si les Nuggets seraient disposés à mettre de côté durant un temps leur stratégie de développement des jeunes, une association Jamal Murray, Bradley Beal, Nikola Jokić aurait néanmoins sacrément de la gueule ! Denver a l’avantage d’avoir suffisamment d’actifs jeunes et promis à une belle carrière pour quelques uns d’entre eux (Garry Harris, Michael Porter Jr., Monte Morris), de quoi intéresser vraisemblablement les Wizards qui pourraient également récupérer au passage des assets quasiment en fin de contrat afin d’avoir du cap immédiatement disponible.

Les Nuggets ont en effet besoin d’une valeur sûre en attaque, ce qui permettrait à Jokić de moins concentrer les critiques sur son rendement offensif et à Jamal Murray de libérer des espaces à la mène, facilitant ainsi la progression du jeune meneur et le basket du serbe. Jokić a surtout la réputation d’être un facilitateur dans le jeu, qui rend ses coéquipiers meilleurs grâce à son QI basket, de quoi permettre à Beal de s’éclater dans un tout nouveau registre. Denver même en se séparant de plusieurs éléments de son roster et de futurs choix de draft, conserverait encore de la marge, du fait de son savoir-faire en matière de recrutement et du travail remarquable de Mike Malone.

Los Angeles Lakers

En pleine quête de rachat et d’une nouvelle bague à ajouter à sa collection, LeBron James doit mettre toutes les chances de son côté et le recrutement d’un joueur du calibre de Bradley Beal serait une opportunité en or à saisir. Bien que ce scénario demeure presque irréalisable, Beal pourrait toutefois se laisser tenter par l’ambitieux projet des Lakers et la conquête d’un 17ème titre si seulement il n’avait pas prolongé son bail avec Washington. Car pour l’heure, hormis un Kyle Kuzma, dont les performances sont en dent de scie cette saison, et des go to guy recrutés sur la base de contrats courts, les angeliños n’ont guère mieux à proposer qu’un package Kuzma-KCP + une pelletée de futurs choix de draft pour tenter d’attirer l’arrière le tout en mettant sérieusement en péril l’avenir de la franchise à long terme.

Par ailleurs l’entente du trio James-Beal-Davis sur un terrain reste encore à prouver. Même si le nouveau rôle de meneur de jeu all-around du King lui sied à merveille, son influence encore très prononcée au scoring et proche de celui de Beal pourrait faire de l’ombre à ce dernier qui devrait alors se contenter très probablement du troisième ratio offensif derrière Davis. AD bénéficierait certainement de plus de schémas offensifs, du fait de son poste et de son volume de jeu, ainsi que d’une meilleure entente avec James sur le terrain comme c’est le cas depuis le début de la saison, tandis que Beal jouerai un rôle de lieutenant qu’il n’a plus connu depuis ses débuts avec Washington.

Miami Heat

Plusieurs rumeurs envoyaient l’arrière du côté de la Floride l’été dernier et plus exactement le Miami Heat comme destination sérieusement envisagée. Le Heat s’était alors mis en tête de recruter un troisième joueur de calibre All-Star pour venir compléter la paire Jimmy Butler – Bam Adebayo. Riley pourrait en effet proposer un package de jeunes pousses, parmi lesquels, Kendrick Nunn, Duncan Robinson ou encore Tyler Herro, mais aurait en revanche plus de difficultés à proposer des futurs picks de draft, en raison des derniers trades, les floridiens ayant échangé leur 1er tour 2021.

Mais l’association de Bradley Beal et de Jimmy Butler, plus encore que pour Adebayo qui s’illustre surtout pour ses qualités de joueurs polyvalent en défense et dans la circulation de la balle, repose sur le fait que Beal tiendrait un rôle de scoreur en attaque très similaire à celui qu’il occupe aujourd’hui aux Wizards, laissant ainsi le playmaking à Butler afin que ce dernier influence le jeu dans bien d’autres domaines, partageant ainsi les responsabilités du Heat. Son travail dans le jeu on/off ball et sa qualité de passe seraient complémentaires avec les deux joueurs qui bougent aussi très bien sur un terrain, sa régularité au scoring ainsi que son expérience en NBA malgré son jeune âge permettrait ainsi d’assurer des succès probants au troupes de Spoelstra.

New Orleans Pelicans

Parmi les équipes évoquées, les Pelicans sont très certainement les mieux placés pour attirer le joueur. Depuis qu’ils ont cédé Anthony Davis aux Lakers, la franchise de la Louisiane dispose du cap nécessaire pour absorber le contrat de l’arrière sans mettre en péril leurs finances et les futures négociations de prolongation de contrat (cf. Brandon Ingram), mais surtout de plusieurs first picks sur les quatre prochaines cuvées de draft, de quoi satisfaire les exigences de DC. Pour tenter d’attirer Beal, les Pels devraient pour cela se séparer dans un premier temps de l’actuel titulaire au poste, Jrue Holiday, ainsi que d’un espoir du genre de Lonzo Ball, Jahlil Okafor, Jaxson Hayes, Nickeil Alexander-Walker ou encore Josh Hart, une contrepartie toutefois raisonnable au regard des jeunes profils restants.

Ce type de recrutement permettrait non seulement à NOLA de capitaliser sur l’objectif de renouer avec les playoffs, mais également de créer un lineup impressionnant et complet en tablant sur la progression du noyau des jeunes qui se sont particulièrement illustrés cette année. En conservant notamment Brandon Ingram et Zion Williamson, deux des joueurs les plus prometteurs à leur poste respectif, les dirigeants de la franchise devraient notamment disposer de suffisamment d’assets à échanger en vue de la FA 2021 qui s’annonce très fournie et qui pourrait se révéler être une mine d’or pour les Pelicans à long terme.

Washington Wizards

Et pourquoi pas choisir l’option de la stabilité finalement ? Rester aux Wizards encore plusieurs années, voilà une idée qui ne semble pas dénuée d’intérêt pour Beal. Le retour de John Wall, malgré les craintes liées à son niveau et le fait qu’il entre dans une période charnière de sa carrière, peut tout à fait coïncider avec un retour au premier plan de la franchise de DC, qui se mettrait alors en chasse pourquoi pas d’un joueur dominant dans son Frontcourt lors des prochaines FA, afin d’apporter notamment de la variété et un certain équilibre dans le jeu.

Même si d’ici là Scott Brooks aura probablement fais voile vers une autre franchise, la possibilité de conserver le backcourt en l’état permettrait au Front Office des Wizards de rattraper le temps perdu en misant sur la fidélité des deux joueurs, une fidélité qui aura évidemment un prix au moment de constituer un roster suffisamment taillé pour jouer le titre. Il faudra alors confier cette équipe à des mains expertes, capables de miracle, tout en laissant les deux joueurs vedettes s’épanouir encore longtemps sous le maillot des Wizards. De l’aveu même du joueur, avoir un jour son maillot retiré par les Wizards aux côtés des Elvin Hayes, Earl Monroe et du regretté Wes Unseld (décédé la semaine dernière) serait une immense fierté.

Le fait de vouloir un jour voir mon maillot retiré à Washington a joué un rôle dans les négociations. Chaque soir, dès que je rentre dans cette salle, j’y vois cinq noms là-haut, cinq joueurs parmi les plus grands de ce sport. Ça doit être très spécial d’être en mesure d’égaler ou de battre des records, et c’est déjà le cas depuis huit ans que je suis ici. Personne ne sait encore combien d’années il me reste à jouer, je ne suis qu’à l’aube de ma carrière.

interview de The Undefeated

Laisser un commentaire