C’était il y a moins d’une semaine, mardi dernier pour être précis, Tony Parker recevait l’immense honneur de voir son numéro 9 retiré par les San Antonio Spurs, lors d’une cérémonie pleine d’émotion, mettant ainsi un point final à la carrière sportive du meilleur ambassadeur du basket français depuis près de 20 ans.
L’histoire se rappellera que tout à commencer en Normandie, d’abord du côté de Fécamp, où le jeune Tony sera licencié pour la première fois dans un club de basket, avant de partir jouer à quelques kilomètres de la côte normande, vers Déville-les-Rouen puis Mont-Saint-Aignan pendant quatre ans. Fils de basketteur, née à Bruges en Belgique et titulaire de la double nationalité franco-américaine, c’est pour le pays des fromages et des vins que son choix va se porter lorsqu’il intègre l’INSEP en 1997.
Âgé de quinze ans seulement, le petit Tony se fait remarquer très tôt au sein de l’équipe de basket de l’Institut (Nationale 1), tournant à près de 18 points et 6 passes par match. Les clubs professionnels ne tardent pas à vouloir mettre la main sur la pépite française et le jeune meneur signe son premier contrat pro au PSG Racing Basket en 1999 à 17 ans seulement. Le joueur obtient un temps de jeu très réduit dans l’effectif parisien, barré par la concurrence de l’international Laurent Sciarra, futur médaillé d’argent des Jeux de Sydney. Tony apprend énormément au côté de Sciarra qu’il considère encore aujourd’hui comme un de ses mentors. Parker assiste néanmoins à l’élimination de son club dès le 1er tour des séries éliminatoires du championnat face à l’ASVEL.
La saison suivante, Tony participe au Nike Hoop Summit, un évènement de basket célèbre pour y voir s’affronter les meilleurs jeunes américains face à un contingent de joueurs étrangers. Il combine alors 20 points, 7 passes, 2 rebonds et 2 interceptions et tape dans l’œil des recruteurs des facs américaines qui cherchent à attirer le jeune meneur français. Mais suite au départ de Sciarra du Paris Basket Racing, Parker se voit offrir le poste de titulaire à la mène pour la saison 2000-2001. Il accepte et tourne alors à près de 15 points, 6 passes et 3 interceptions par match toute l’année mais sera de nouveau la victime des Villeurbannais en ¼ de finale du championnat. À l’issue de cette saison exceptionnelle, Tony décide de s’inscrire à la draft NBA de 2001.
À seulement 19 ans, Tony Parker entre déjà dans la cour des grands, aux côtés cette année-là de Tyson Chandler, Pau Gasol, Joe Johnson ou encore Zach Randolph. Le français est drafté à la fin du premier tour, en 28ème position par les Spurs (gros steal !) du très exigeant Gregg Popovich et de la légende David Robinson. Tony Parker décide de porter le numéro 9, en mémoire de son parrain et du numéro que portait Michael Jordan aux JO de Barcelone. Tony joue son premier match face aux Clippers le 30 octobre 2001, et commence à s’imposer le plus naturellement possible comme le titulaire numéro 1 aux yeux de Pop. Au bout de 77 rencontres de régulière dès son année rookie, Tony et les Spurs se heurtent aux Lakers et leur redoutable duo Kobe Shaq, au 2nd tour des playoffs à l’Ouest. Mais qu’importe, le meneur connaît un véritable conte de fée devenant le premier français à dépasser la barre des 70 matchs NBA en régulière et vient d’être élu dans la All-NBA Team Rookie de l’année.
La suite tout le monde ou presque, la connaît. Tony va gravir les échelons, tant sur le plan individuel que collectif, à une vitesse vertigineuse, remportant son premier titre de champion en 2003 à 21 ans seulement, aux côtés de ses éternels coéquipiers Tim Duncan et Manu Ginóbili. Il sera élu champion des champions français par le journal L’Équipe et après avoir renouvelé son contrat en 2004, Tony s’installera comme une pièce indispensable du jeu des Spurs, remportant une seconde bague de champion en 2005 face aux Pistons de Detroit et honorant sa première sélection au All-Star Game de 2006.
Mais Tony Parker ce n’est pas que le joueur NBA. Le meneur porte les couleurs de la France depuis 1997 et goûte à sa première victoire aux championnats d’Europe junior de Zadar (Croatie) en 2000. Autour de la génération dorée des années 2000, de Boris Diaw à Ronny Turiaf, en passant par Mickaël Pietrus et Yakhouba Diawara, c’est avec la plupart de ces gars-là que Tony va retrouver quasiment chaque été les bleus, aux championnats d’Europe (de 2001 à 2015) et aux Jeux de Londres et de Rio pour finalement décrocher son seul titre avec l’Équipe de France à l’Euro 2013, après plusieurs échecs consécutifs. L’un des plus beaux cadeaux que le meneur fera au basket français, lui qui terminera sa carrière internationale en 2016 après 181 matchs sous le maillot bleu et près de 2 800 points marqués et deux titres de meilleur joueur européen en 2013 et 2014.
En dix-sept saisons sous le maillot des Spurs, avec près de de 16 points, 6 passes, 3 rebonds et 1 interception en régulière, Tony Parker va remporter quatre bagues de champion (2003, 2005, 2007 et 2014), des phases finales durant lesquelles le numéro 9 brillera par son investissement et sa volonté affichés sur les parquets, devenant le 4ème joueur de l’histoire à compiler 4 000 points et 1 000 passes décisives en playoffs, derrière Jordan, Kobe et LeBron. Durant plus d’une décennie TP va devenir l’un des meilleurs et des plus respectés meneurs de la ligue, aux côtés des Steve Nash, Jason Kidd ou encore Chris Paul. Une longévité ponctuée par plusieurs récompenses collectives et individuelles allant du titre de MVP des Finales 2007, à six sélections All-Star et de quatre nominations dans une All-NBA Team. C’est finalement au bout de 1254 matchs, dont une cinquantaine sous les couleurs des Hornets l’année dernière, que Tony Parker tire sa révérence, mettant fin à un parcours exceptionnel.
Tony Parker, comme beaucoup de français, francophones ou que sais-je, tu es la raison pour laquelle je me suis pris d’intérêt pour ton sport et pour la NBA, la raison pour laquelle je me suis levé, ou couché aux aurores pour te regarder lâcher des centaines de « Teardrops » et « Spin Moves » destructeurs ainsi que des tirs pleins de sang-froid en finales NBA. Tu as amené tellement d’individus à se passionner pour la balle orange et engendré tellement de joueurs à suivre tes traces dans la grande ligue, offrant au basket français ses plus belles heures de gloire, qu’aucun remerciement ou hommage ne serait suffisant pour expliquer à quel point tu as pris une place importante dans le cœur de nombreux fans qu’ils soient de France ou partout dans le monde. Bravo et merci pour tout Tony.