Parce que la NBA regorge de performances en tout genre passées à la postérité ou progressivement oubliées avec le temps, ClutchTime vous propose de revivre ces matchs et exploits de légende, qui ont façonné l’histoire de la ligue, d’hier à aujourd’hui.
Personnalité immanquable lorsqu’il s’agit d’évoquer certaines performances individuelles titanesques en NBA, Michael Jordan fait logiquement partie du Gotha des plus grands joueurs ayant foulés les parquets de la grande ligue. Véritable rouleau compresseur en attaque, nombre de ses performances sont passées à la postérité et c’est la raison pour laquelle nous allons nous intéresser à l’une d’entre elles, pas la plus célèbre en soit, mais qui reste inégalée de nos jours.
Michael « Air » Jordan
Bien avant de devenir « The GOAT », Michael Jordan était surtout célèbre pour son profil d’athlète d’exception et ses qualités de scoreur hors-pair à ses débuts. Inutile de vous refaire tout le curriculum du Chicagoan, mais le légendaire numéro 23 des Bulls avait réussi à subjuguer le microcosme de la NBA dès son arrivée en 1984. Une prouesse assez rare pour être soulignée, au vue de la densité des joueurs vedettes de la ligue à l’époque, à commencer par la rivalité historique entre les Celtics de Larry Bird et les Lakers de Magic Johnson, mais qui avait cruellement besoin de se trouver une nouvelle figure de proue pour développer son image et sa popularité.
Jordan fut en quelques sortes le Messie débarqué au meilleur moment dans l’histoire de son sport. Génie de la balle orange, le natif de Brooklyn ne tardera pas à se tailler une réputation quasi-mystique, à l’image de son chef-d’oeuvre lors du Game 2 des finales de Conférence 1986 face au Celtics où il inscrira 63 points, un record sur un match de playoffs qui tient toujours et qui suscita l’admiration de son aîné Larry Bird qui le qualifia de « Dieu déguisé en Michael Jordan » ce soir-là. Un seul article ne suffirait pas à évoquer les nombreux faits d’armes de « His Airness« , et encore moins pour évaluer son impact médiatique. C’est pourquoi nous avons dû choisir une performance parmi tant d’autres, un fait assez méconnu du grand public, mais néanmoins jordanesque.
Sa saison 1987-1988
Flashback sur la saison régulière 1987-88 qui vient de rendre son verdict. Les Chicago Bulls alors entraînés par Doug Collins (1986-89) viennent de boucler leur meilleure saison depuis près de quinze ans avec le 8ème bilan de la ligue, ex-aequo avec Atlanta (50-32). Un succès dont le mérite revient en très grande partie à Jordan, le joueur ayant terminé Meilleur marqueur pour la deuxième saison consécutive, mais aussi Meilleur intercepteur. Le désormais quadruple All-Star va même jusqu’à remporter son premier trophée de MVP du All-Star Game 1988 organisé cette année dans son fief à Chicago, ainsi que le concours de dunk.
Avec 35 points par rencontres à 53.5% d’adresse aux tirs, auxquels il convient d’ajouter 5.5 rebonds, 5.9 caviars, 3.2 interceptions et même 1.6 contres, l’ancien Tar Heel a littéralement roulé sur ses adversaires durant 82 rencontres, avec des pointes au scoring démentielles face aux Pistons (59 points), Cleveland et Portland (52 points) et Boston (50 points), se payant même un sprint final monstrueux en avril, alors qu’il tournait à 39 points sur les douze derniers matchs des Bulls (9-3). Des boucheries en attaque comme la NBA en a rarement vu depuis l’époque de Wilt Chamberlain et Elgin Baylor.
1er Tour des Playoffs 1988
Pour ses quatrième playoffs en quatre ans, Jordan compte bien passer un cap. Éliminé à chaque fois dès le premier round, il a pris soin d’éviter à son équipe des retrouvailles avec leur bourreaux depuis deux ans, les Boston Celtics. Quatrième à l’Est avec l’avantage du terrain, c’est sur les Cleveland Cavaliers (42-40) que Michael va pouvoir se défouler avant de passer aux choses sérieuses. Pourtant les Cavs de coach Wilkens sont loin d’avoir réussi aux Bulls en régulière (3 wins et 3 defeats dont une défaite à domicile). Leur bilan est un trompe l’oeil, l’effectif de l’Ohio emmené par un cinq majeur de qualité et très équilibré est un énorme piège tendu aux Bulls qui dépendent d’un seul et même homme en attaque.
Car si sur le plan défensif, la franchise de l’Illinois n’a rien à envier aux meilleurs (1ère équipe aux point concédés et 3ème Defensive Rating), sur le plan offensif, le supporting cast des Bulls n’a pas encore tout à fait pris le temps de se mettre à la hauteur de leur arrière. Sam Vincent arrivé en provenance de Seattle en février et associé à Jordan sur le backcourt a bien trouvé ses marques (13 pts), tout comme Oakley dans celui de lieutenant, mais le reste de l’effectif a du mal de sortir de l’ombre de son altesse sur le front de l’attaque malgré un bon potentiel, à l’image de ses deux rookies Horace Grant et Scottie Pippen.
Pour Cleveland, la saison régulière fut assez compliquée, en témoigne des séries de défaites au mois de novembre et surtout de février à mars, Lenny Wilkens se sentait forcément soulager au moment de voir son équipe décrocher l’un des derniers spots à l’Est après une fin de saison rondement bien menée. Sur le papier cette équipe est assez jeune, mais déjà très en avance sur beaucoup d’autres formations à l’époque. Autour d’un noyau de presque dix joueurs, dont la plupart avec moins de cinq saisons au compteur, les Cavs espèrent opposer une vraie résistance aux Bulls avec un cinq majeur composé entre autres de Mark Price, Ron Harper, Larry Nance et Brad Daugherty, ainsi que d’un banc taillé pour poser des problèmes à la défense de Chicago avec Craig Ehlo, Hot Rod Williams ou encore Dell Curry.
À la fin des années 1980, Bulls et Cavs se sont affrontés à deux reprises lors des séries éliminatoires de 1988 et 1989. Cette dernière fut la plus marquante de l’histoire dans leurs confrontations, en particulier avec une action mythique lors du match décisif à Cleveland, où Michael Jordan va inscrire « The Shot » au buzzer sur son vis-à-vis Craig Ehlo, éliminant une fois de plus les Cavaliers au premier tour. Un moment devenu culte dans l’histoire de la ligue et qui illustra à merveille l’impuissance des équipes à l’époque qui affrontèrent les Chicago Bulls et Michael Jordan en playoffs.
Jordan pose déjà son empreinte sur la série
Au Stadium de Chicago, MJ veut frapper un grand coup lors de la première manche, alors que son vis-à-vis en défense, Ron Harper, est annoncé blessé à la cheville pour le Game 1, c’est donc Craig Ehlo, l’une des révélations de la saison côté Cavs qui doit se coltiner le futur Hall of Famer. Devant après le premier quart-temps, Cleveland doit néanmoins faire face à un véritable casse-tête en défense sur l’arrière bondissant des Bulls qui permet à son équipe de recoller rapidement au score. À coups de lay-ups, alley-oops et dunks dans tous les sens, Jordan semble être sur un nuage à la fois en attaque et en défense. Wilkens et ses hommes se montrent incapables de tenir l’arrière qui termine la première manche avec 50 points (19/35), 7 rebonds, 2 passes, 2 contres et 2 interceptions, le tout avec seulement douze lancers obtenus (100%), et une victoire nette 104 à 93.
Pour le deuxième match au Stadium, le retour de Harper en défense devrait apporter des garanties supplémentaires selon les dires du joueur lui-même :
Impossible qu’il marque 50 points face à moi, je peux vous le garantir
Ron Harper
Manque de bol pour lui, la baraka est toujours bien présente du côté du jeune Michael qui se fera un malin plaisir de remettre à sa place l’arrière des Cavs en inscrivant 55 points au Cavs, avec la victoire en prime 106 à 101. Toujours sans solution pour contenir la fougue du numéro 23, Jordan ira de ses feintes et fadeaway jumpers avec son jeu aérien si caractéristique pour donner à son équipe un avantage mérité dans cette série. Avec seulement 7 lancers francs tentés, tous réussis, il termine la rencontre avec 24 tirs rentrés sur 45 tentatives (53.3%), devenant ainsi le premier joueur de l’histoire à inscrire 50 points ou plus lors de deux matchs consécutifs en playoffs. Une performance rare dans une seule et même série, plus tard égalé par Allen Iverson qui inscrira 54 et 52 points au 2nd tour face aux Raptors en 2001, mais avec plusieurs matchs d’intervalle.
Une première marche franchie, mais une deuxième encore trop haute
Il faudra finalement cinq matchs aux Bulls pour venir à bout de Cavaliers tenaces lors des matchs 3 et 4, mais incapables de stopper la machine à scorer qu’était Jordan lors du Game 5 (107 – 101). L’arrière va même terminer le premier tour avec 45.2 points (55.9%) de moyenne sur la série, ainsi que 5.4 rebonds, 4.8 passes, 2.8 interceptions et 1.6 contres, s’octroyant au passage le record du plus grand nombre de point inscrit sur une série de cinq matchs (226) et la meilleure moyenne de points sur une série au dessus des 40 points, barre symbolique qu’il atteindra à cinq reprises dans sa carrière.
Au second tour Chicago va malheureusement voir son parcours stoppé net par les redoutables Pistons de Isiah Thomas (4-1) qui iront jusqu’en Finales face aux Lakers. Jordan fut bien moins en réussite face aux hommes de Chuck Daly, bien chahuté par Joe Dumars & co, ce qui donnera ensuite naissance à une rivalité légendaire entre les « Bad Boys » de Detroit et le numéro 23 des Bulls. Michael fit néanmoins une razzia sur les trophées individuels décernés lors de la saison 1987-88, en remportant le titre de MVP de la saison ainsi que celui du Meilleur Défenseur de l’année, mais aura du néanmoins attendre la saison 1990-91 pour décrocher la première de ses six bagues de champion.