L’heure de vérité face au Canada en quart de finale

Rien ne va plus pour les Bleus aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Après une préparation compliquée et une phase de poules guère rassurante à Lille, l’objectif premier est cependant atteint, puisque l’Équipe de France de basket masculine est qualifiée pour la phase finale qui se déroule à Paris. Si la défaite contre l’Allemagne (championne du monde en titre) pose question, les deux victoires contre le Brésil et le Japon ont permis d’assurer l’essentiel, une place en quart de finale du tournoi olympique à domicile contre la Canada. L’adversaire est bien connu, puisque les deux équipes se sont rencontrées en juillet à Orléans non seulement pour un match de préparation, mais également pour une séance de scrimmage préalable à la demande des canadiens. Le Canada, c’est une équipe formidable, au parcours exemplaire lors de la dernière Coupe du Monde FIBA en septembre 2023, notamment une défaite cuisante pour la France dès le premier match qui a provoqué, avec une seconde défaite de suite contre la Lettonie, son élimination prématurée de la compétition. Le match de ce mardi 6 août à Bercy s’annonce donc chaud et fort en symboles. Pour accéder au podium, l’Équipe de France doit montrer de quoi elle est réellement capable, c’est donc l’occasion de prendre sa revanche et de jouer, enfin, un basket gagnant, sans trous d’air. Les Bleus de Vincent Collet en sont-ils capables?


L’Allemagne, trompe-l’œil ou révélateur?

Quand on voit une équipe déjà qualifiée pour les quarts-de-finale jouer un dernier match de poule devant près de 27000 spectateurs dans son propre pays et marquer à peine 27 points en première mi-temps (dont 9 seulement en deuxième quart-temps), on peut se poser des questions. Cependant, c’est davantage une confirmation du très haut niveau et de la cohésion de l’équipe allemande, championne du monde en titre l’été dernier et parfaitement en place cet été, avec un Dennis Schröder en grande forme (26 points à 10/17 aux tirs, dont 4/7 à trois points, 9 passes décisives), la paire d’intérieurs Wagner particulièrement performante (Franz, 2m08, 26 points et Moritz, 2m11, 8 points en 14 minutes), un Daniel Theïs bien présent (7 points, 8 rebonds, 2 interceptions et 2 passes décisives) et un sacré golgoth dans la raquette, Johannes Voigtmann (2m11 pour 115kg). Au bout du compte, il manque 14 points, mais les Bleus ont su réagir et on a vu de très belles choses, notamment un Isaia Cordinier percutant (2 dunks en drive, 10 points) à la fois en attaque et en défense, exactement dans l’énergie et l’à-propos préconisés par Vincent Collet, qui ne l’avait pas mis sur le terrain par hasard à ce moment-là. Entre Strazel et Cordinier, l’Équipe de France compte désormais des joueurs d’impact qui savent s’exprimer dans le dur. On en aura certainement besoin lors des phases finales. L’enseignement de ce dernier match de poules, c’est qu’on ne peut pas se permettre le moindre relâchement, et certainement pas pendant un quart-temps entier !

Un match de référence pour Wemby?

Comme l’a bien dit Fred Weis, consultant XXL pour la chaîne Eurosport, on n’a pas encore vu Victor Wembanyama sur cette compétition. Auteur de 15 points contre l’Allemagne, le géant des Spurs n’a pas réussi à donner sa pleine mesure jusqu’à présent. Le problème n’est pas tant qu’il soit passé à côté du match en première période, mais que l’Équipe de France n’ait pas eu la faculté de proposer autre chose en attendant que le rookie trouve ses marques. Rappelons que c’est sa première campagne en Équipe de France, avec une saison américaine dans les jambes et une grosse préparation, la fatigue s’est clairement fait ressentir contre une défense allemande épaisse et rugueuse. Et ses choix en attaque ont été parfois hasardeux – en témoigne son air-ball à trois points dans le coin juste après avoir pris une claque en plein visage par Mo Wagner dans le troisième quart-temps, au moment où les Bleus jouaient mieux, mais ne parvenaient pas à réduire l’écart (environ 20 points constants et 14 à l’arrivée). On a vu aussi des relances ratées, des actions sans conviction, beaucoup de frustration. Mais en quart de finale contre le Canada, Victor Wembanyama pourrait sortir son match de référence de cette compétition. Victoire ou défaite, Wemby doit laisser une impression indéniable pour ses premiers Jeux Olympiques.

Une équipe prête à en découdre en quarts de finale

Même si la manière a manqué, les Bleus ont gagné les deux matches importants de la phase de poules et se présentent à Paris pour la phase finale après une défaite contre l’Allemagne, certes, mais pas si « lourde » en vérité, dans un match sans enjeu, et on reste sur une bonne seconde mi-temps, avec le sursaut d’orgueil attendu. C’est un mauvais quart-temps, le second, qui coûte le match. Et contrairement à certains commentaires, les allemands n’ont jamais « levé le pied », ce sont les français qui ont joué correctement et même réalisé de très belles actions des deux côtés du terrain. Rudy Gobert (4 points à 2/2), absent car très peu servi en attaque malgré ses appels de balle, était essentiel en défense (4 contres). En sortie de banc, Guerschon Yabusele et Isaia Cordinier ont mis le feu pour sonner la révolte. Il n’aurait manqué qu’un peu plus de Bilal Coulibaly, encore trop timide (1 point en 12 minutes avec 0/2 aux tirs) et certainement plus d’impact de Mathias Lessort (5 points et 3 rebonds en 15 minutes à 2/4). Contre une équipe canadienne moins forte à l’intérieur que le bloc allemand, la France doit s’imposer physiquement. L’occasion également pour Evan Fournier (10 points en 17 minutes), mis au ban par Tom Thibodeau à New York, de montrer enfin au public pourquoi il a toujours la confiance de ses pairs.

Un match décisif… pour tous

Comme toutes les autres équipes qualifiées, dans une confrontation à élimination directe, les Bleus n’ont plus le droit à l’erreur. Mais ils ont beaucoup de talent et d’expérience, ils peuvent parfaitement « cliquer » ensemble au meilleur moment et viser le podium. En prenant chaque match un par un, en se donnant la possibilité de réaliser l’exploit à chaque étape, l’équipe de Vincent Collet ne pourra pas grand chose si les canadiens réalisent un match parfait, mais pourrait saisir sa chance en cas de défaillance ou de panne d’adresse. C’est la doctrine de Vincent Collet, qui ne nie pas le talent de la formation nord-américaine favorite du tournoi avec Team USA. En jouant dur et sérieusement, la France peut battre la Canada… ou sombrer dans la disgrâce devant son public. Et si Rudy Gobert sortait le grand jeu? Réponse ce mardi 6 août dès 18h.

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