Les Bleus en route pour les JO

Vincent Collet a annoncé officiellement une liste de 19 joueurs pour la préparation aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Une liste élargie dans un esprit de compétition comme souhaité par Nicolas Batum lors de la défaite prématurée à la Coupe du Monde FIBA en septembre 2023. Une pléthore de talents qui évoluent un peu partout dans les meilleures équipes du monde. Complétée par quelques soutiens pas anodins, les sparring-partners, des jeunes à très fort potentiel qui pourraient créer la surprise. Et surtout signe d’un doute sur le poste de meneur de jeu qui avait fait défaut en l’absence « politique » de Thomas Heurtel à Jakarta. Pour la succession du héros de Tokyo, l’entraineur des Bleus se laisse pas moins de cinq à six possibilités. Aucune certitude à ce stade, c’est bien sur le terrain, selon les affinités, la forme et les tests, que les places définitives seront déterminées par le sélectionneur et son staff. Avec pour objectif la médaille olympique dans un tournoi particulièrement relevé, à Lille pour les phases de poule et à Paris pour les phases finales. Un beau défi et des chances d’y croire, avec une perspective à long terme particulièrement encourageante, autour du plus beau renfort de la compétition, Victor Wembanyama, le joueur le plus surprenant de cette année de basket toutes compétitions confondues, qui s’ajoute à un groupe finaliste aux derniers Jeux Olympiques.


6 meneurs pour 3 places ?

Exit Francisco. Une des satisfactions de la Coupe du Monde 2023, le meneur dynamique Sylvain Francisco qui réussit une belle saison en Euroleague n’a cependant pas été reconduit car il ne correspond pas au gabarit souhaité. En effet, le staff technique cherche des joueurs aptes à s’opposer physiquement à des adversaires plutôt grands à ce poste. Andrew Albicy (1.78m), écarté précédemment au profit d’un Francisco plus offensif, ferait son retour en Équipe de France, apportant une expérience et une dureté prouvées en compétitions internationales. Un petit, ça va, mais deux, ce serait la cata…

Les autres candidats au poste de meneur ont un profil atypique mais auront la chance de faire leurs preuves en présence du reste de l’équipe dès la fin juin. S’ils sont actuellement entre deux, pour raisons sportives ou de santé, ils seront testés et il suffit que leurs qualités correspondent aux grands talents attendus pour intégrer le groupe de 12 joueurs qui défendront le maillot lors du tournoi olympique. On n’est pas à l’abri d’une bonne surprise.

Les meneurs NBA en transition

  • Frank Ntilikina (1.93m pour 90kg, 25 ans, 2.16m d’envergure) est blessé et n’a pratiquement pas joué en NBA cette saison avec les Hornets (5 matches pour 42 minutes) avant d’être libéré. Il s’est entrainé avec l’équipe de Nanterre et aurait repris les contacts, mais reste incertain à moins de 100 jours de la compétition.
  • Théo Maledon (1.93m pour 79kg, 22 ans, 2.06m d’envergure) a joué 11 matches avec Charlotte puis a patienté en G-League avant d’être rappelé par Phœnix, où il est resté 4 mois sans jouer (10 minutes cumulées avant d’être officiellement libéré).
  • Killian Hayes (1.96m pour 88kg, 22 ans, 2.03m d’envergure) n’a pas fini la saison avec les Detroit Pistons, bons derniers du championnat NBA. Il s’entraine depuis quelques semaines à Orlando. Il a tout à prouver sur le terrain lors des sélections.

Les meneurs européens performants

  • Matthew Strazel (1.82m pour 81kg, 21 ans) a établi cette saison son record en carrière avec 11 passes décisives, marquant également 23 points (victoire 116-73 le 17 décembre 2023). Dans une équipe championne de France, mais partageant la responsabilité avec Mike James et Elie Okobo, il devra s’imposer lors des sélections et confirmer dans une compétition internationale particulièrement relevée.
  • Elie Okobo (1.91m pour 86kg, 26 ans, 2.03m d’envergure), annoncé comme arrière, se retrouve invariablement à la mène aussi bien à Monaco en relais ou complément de Mike James qu’en Équipe de France. Joueur d’impact, il a le gabarit adéquat et reste sur un beau parcours en playoffs du championnat de France, réalisant le doublé avec Monaco. Peut-être son année avec l’Équipe de France, s’il trouve sa place et garde confiance.
  • Nadir Hifi (1.84m pour 82kg, 21 ans). Arrière un peu sous-taillé pour les ambitions affichées par le staff des Bleus, c’est un joueur agile et très rapide avec une mentalité de scoreur qui peut apporter la dynamique recherchée au poste de combo meneur/arrière en Équipe de France, potentiellement en sortie de banc, à la fois dangereux offensivement et altruiste, créant des décalages, du jeu. Il peut rebattre l’organisation des Bleus s’il parvient à s’imposer lors de la préparation, poussant les autres meneurs vers la sortie pour laisser des places à des joueurs de grande taille aux postes d’arrières et d’ailiers, où il y a du beau monde. Il mesure 1.84m avec 10 centimètres de ‘fro, un argument défensif insolite pour gêner l’adversaire, un petit qui joue grand et qui marque…

Le meneur joker

  • Andrew Albicy (1.78m, 77kg, 34 ans) vient de finir sa saison avec Gran Canaria face au Real Madrid de Vincent Poirier et Guerschon Yabusele (0-2). Il n’a pas des stats folles en championnat, mais reste sur une fenêtre convaincante avec les Bleus en février dernier (deux matches comptant pour les qualifications à l’Euro 2025) et connait bien les cadres avec qui il a joué précédemment. Et il a acquis la confiance du staff pour sa tenue de balle et sa défense. Un porte-bonheur indispensable?

Le poste d’arrière

  • Evan Fournier (2.01m, 93kg, 31 ans), héros de Tokyo (finaliste aux JO 2021) qui a connu une traversée du désert en NBA avec les Knicks, avant de se rassurer depuis son transfert aux Detroit Pistons. Gâchette des Bleus, sauf surprise, il est titulaire d’expérience et de référence au poste d’arrière-artilleur. Un avantage inattendu dans sa mésaventure américaine depuis deux saisons? Il sera encore plus motivé et très frais, pas du tout usé par deux saisons d’attente sur le banc New-Yorkais. S’il parvient à retrouver son rythme et ses sensations dans un environnement qui lui sied bien, c’est un talent immense en plein prime avec des genoux et des chevilles tous neufs, qui rêve d’or olympique depuis qu’il est tout petit. Il a tout pour réussir sa meilleure compétition internationale avec les Bleus.
  • Bilal Coulibaly (2.03m, 88kg, 19 ans, 2.18m d’envergure) est un arrière/ailier athlétique qui a réussi dans la continuité une excellente dernière saison en France avec Boulogne-Levallois et une étonnante première saison NBA à Washington, obtenant une place dans la sélection all-rookie second team. Le complément idéal au vétéran Fournier, moins expérimenté mais plus long, plus athlétique et meilleur défenseur. La possibilité de reposer le titulaire sans baisse de régime. Et candidat naturel à sa succession. Ancien coéquipier de Victor Wembanyama, une connexion naturelle qui sera particulièrement utile en Équipe de France.
  • Nando De Colo (1.96m, 91kg, 36 ans), c’est la grande question de cette sélection. Ne disputant pas ou peu les playoffs avec son club de l’ASVEL, il risque de ne plus être au niveau pour intégrer le groupe cette année du fait de la mise en concurrence et de la montée en puissance des autres candidats. Titulaire vétéran avec une longue expérience, il garde la confiance du staff en principe et bénéficie de la préparation pour se tester et garde toutes ses chances, à lui de rassurer et de s’imposer.
  • Isaïa Cordinier (1.96m, 84kg, 27 ans), l’arrière de Virtus Bologne qui bute aux portes de la sélection depuis quelques campagnes, répond toujours présent, notamment lorsque les joueurs NBA sont indisponibles. Un joueur d’impact, encore jeune, qui a déjà une belle expérience.

Le poste d’ailier

  • Nicolas Batum (2.03m, 91kg, 35 ans, 2.15m d’envergure) Philadelphia 76ers. Auteur d’une saison excellente malgré un transfert inattendu, d’Ouest en Est, qui aurait pu une nouvelle fois signer sa fin de carrière. Il a apporté aux 76ers son expertise et sa constance, sa présence des deux côtés du terrain. Gabarit idéal, athlétique et longiligne, en pleine forme, en confiance, il chapeaute le collectif des Bleus en attaque et en défense, c’est un capitaine indispensable, serein, parfait complément des grands gabarits (il a convaincu Joel Embiid à Philadelphie), qui s’entendra parfaitement avec Victor Wembanyama autour de Rudy Gobert pour former une muraille infranchissable. Un grand talent particulièrement efficace avec les autres grands talents, il devrait proposer des très belles choses en attaque. Ces Jeux peuvent être ceux de sa consécration.
  • Jaylen Hoard (2.03m, 98kg, 25 ans) Hapoël Tel-Aviv
  • Ousmane Dieng (2.06m, 100kg, 20 ans) OKC

Les incontournables à l’intérieur

  • Mathias Lessort (2.06m, 95kg, 28 ans), champion de l’Euroleague avec le Panathinaïkos contre le Real Madrid (95-80) avec 17 points, 6 rebonds en 33 minutes. L’intérieur agile important pour la transmission intérieur-extérieur des Bleus, blessé lors de la dernière compétition internationale.
  • Guerschon Yabusele (2.04m, 123kg, 28 ans) et Vincent Poirier (2.13m, 110kg, 30 ans), finalistes de l’Euroleague contre le Panathinaïkos, champions d’Espagne, valeurs sures à leur poste en Équipe de France. Poirier est le pivot remplaçant idéal aussi bien à Madrid derrière Tavares qu’en Équipe de France derrière Gobert. Yabusele est l’ailier fort à la fois massif et agile, très à l’aise à l’extérieur, titulaire naturel à l’aile.
  • Rudy Gobert (2.16m, 117kg, 31 ans, 2.35m d’envergure), demi-finaliste en NBA avec les Minnesota Timberwolves, élu Défenseur de l’année pour la quatrième fois de sa carrière malgré l’émergence de Victor Wembanyama, qui a bien failli lui ravir le trophée. Auteur d’une excellente saison, sous le feu de critiques constantes, il a emmené son équipe très loin en playoffs et veut décrocher l’or avec les Bleus.

Le joker

  • Victor Wembanyama (2.24m, 95kg, 20 ans, 2.43m d’envergure), le phénomène rookie de l’année, franchise player des Spurs de San Antonio, unanimement reconnu comme un talent générationel, n’a cessé de surprendre et de se surpasser. Un avenir tout tracé en NBA et en Équipe de France, qu’il intègre par la grande porte.

Bonus – Les sparring-partners qui intriguent

  • Nolan Traoré (1.92m, 82kg, 18 ans) Saint-Quentin, Betclic Elite. Auteur d’une saison remarquable en première division française, avec une montée en puissance incroyable en playoffs face à l’ASVEL (25 points, 7 passes) et une performance remarquée en compétition de jeunes talents à Munich (45 points contre le FC Barcelone).
  • Maxime Raynaud (2.16m, 113kg, 21 ans) Stanford University, NCAA. Grand gabarit, ambidextre, bon passeur, avec des bons moves dos au panier, un bon shoot.
  • Bodian Massa (2.10m, 26 ans) JL Bourg, Betclic Elite. Intérieur massif, élément majeur d’une équipe de haut niveau qui a réussi un beau parcours cette saison, un renfort intéressant qui va se mesurer aux meilleurs défenseurs de la planète.

Des possibilités tactiques étendues

On sait que Wemby est titulaire d’office, mais pas nécessairement au poste de pivot. Son grand talent, en plus de sa taille et de sa mobilité, c’est sa polyvalence, sachant que Vincent Collet souhaite en faire un Yokic. Il risque donc de travailler en tête de raquette. On peut envisager des cinq classiques, mais également des renversements intéressants, voire des cinq totalement inédits, dans un même match, pour dérouter l’adversaire. Avec une réelle pléthore de talents, et surtout de grande taille, c’est un bonheur absolu de coach qui attend Vincent Collet, un régal… et l’embarras du choix !

La complémentarité Gobert-Wemby

Rudy Gobert est le pivot titulaire de l’Équipe de France, mais en cas de problème de fautes rapides, il doit pouvoir compter sur Vincent Poirier pour le suppléer. Et les deux jouent très bien ensemble, on peut utiliser une configuration à deux pivots sur certaines séquences pour imposer de la taille et de l’envergure, avec Wemby à l’aile ou au poste haut (ligne des lancers-francs) et deux ailiers ou arrières pour compléter le cinq. Une sacrée muraille, mais également des joueurs très fluides. Cela ouvre des perspectives alléchantes. Oui, techniquement, on peut avoir jusqu’à trois « pivots » sur le terrain en même temps avec Gobert, Poirier et Wembanyama (même si résumer Wemby au poste de pivot du fait de sa grande taille est évidemment réducteur). Imaginez la panique et les mismatches en face… Quand il monte la balle après un rebond, Wemby est extérieur et les deux autres grands ont toute latitude à l’intérieur.

Une triplette Gobert-Wemby-Batum ahurissante

Et non, Rudy Gobert et Victor Wembanyama ne sont pas concurrents pour un seul poste. Si Wemby est le plus grand du haut de ses 2.24m, la France n’a aucun intérêt à pénaliser l’un ou l’autre de ces géants en les opposant. Comme avec Karl-Anthony Towns à Minnesota, Rudy Gobert saura s’adapter à la présence d’un autre grand qu’il connait déjà très bien. Leur complémentarité posera des problèmes insolubles à leurs adversaires. Déjà, lors des JO de Tokyo, la paire Gobert-Batum avait réalisé des merveilles en défense (8 contres en demi-finale contre la Slovénie, 4 chacun). Ajoutez Victor Wembanyama et vous obtenez une frontline défensive hors du commun.

Les cinq de grande taille

  • Gobert-Wemby-Lessort-Batum-Fournier (XXL)
  • Gobert-Poirier-Wemby-Batum-Fournier (XXXL)
  • Gobert-Wemby-Yabusele-Batum-Coulibaly
  • Gobert-Wemby-Batum-Coulibaly-Ntilikina (config meneur)
  • Gobert-Lessort-Wemby-Coulibaly-Hifi (config meneur)
  • Wemby-Yabusele-Batum-Fournier-Coulibaly (3P)

Les cinq qui courent

  • Gobert-Yabusele-Batum-Cordinier-Albicy
  • Gobert-Lessort-Coulibaly-Fournier-Hifi
  • Gobert-Wemby-Batum-Coulibaly-Strazel

Si on devait en garder 12…

Nous ne sommes pas sélectionneurs, mais c’est le jeu.
Si nous devions absolument en garder 12, ce serait…

Titulaires : Gobert-Wembanyama-Batum-Fournier-Albicy
Remplaçants : Poirier-Yabusele-Lessort-Coulibaly-Okobo-Hifi ou Cordinier*
Wild card : Raynaud ou Massa*
*Selon forme et sélections.

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